Chapitre 1 : C'est qui cette fille ?

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Jim

Ce vendredi était une journée magnifique. Le soleil qui brillait et la chaleur qui se dégageait en cette fin d'après midi rappelaient les chaudes journées d'été alors que nous n'étions qu'à la veille des vacances de Pâques. « Les vacances s'annoncent bien ! » me dis-je en démarrant ma 400 Bandit blanche pour rattraper mon cousin qui avait déjà de l'avance sur notre pote et moi.

Il arriva bien évidemment le premier au square du village, d'autant plus qu'il avait pris l'initiative de faire la course sans nous préciser où serait l'arrivée. L'endroit, agréablement ombragé et orné de bancs d'où l'on pouvait contempler des skateurs sur leurs rampes, était accueillant. Lorsque nous débarquâmes, il était déjà assis sur le dossier d'un banc, les coudes sur les jambes et la tête reposant dans l'une de ses mains, sa 103 rouge garée à côté de lui. Dans cette posture, je le reconnaissais bien mon cousin... L'air digne et sûr de lui, une moue nonchalante plaquée sur un visage inexpressif. Comme moi les filles l'aimaient bien... Comme moi, elles craquaient toutes pour sa peau mâte et ses cheveux châtains foncés coupés courts. Et même s'il était bien plus petit que moi, cela ne pêchait en rien sur ses « talents » de séduction. Heureusement pour lui, les nanas ont toujours affectionné se donner comme objectif de bichonner les mecs de sa corpulence, pensant qu'ils étaient plus fragiles que les autres. En tout cas, je ne pouvais nier qu'il dégageait un charme naturel qui lui conférait une aisance envoûtante. Comme il faisait assez doux pour la saison, malgré la fraîcheur du soir naissant, il ne portait qu'un tee-shirt rouge ainsi qu'un jean large noir.

Laurent, notre pote et moi descendîmes de nos deux roues. Laurent avait une mobylette 103 SP à peu près identique à celle de mon cousin Dany. D'humeur joviale, il mit sa brelle sur la béquille avant de retirer son chips, laissant apparaître un visage très brun, relevé par des yeux noir corbeau. Des cheveux de la même couleur que ses iris, coiffés en bataille, encadraient ce visage typé. À l'opposé de Dan, il était grand et longiligne. D'une démarche dansante, il s'approcha de lui en souriant :

— Tu te barres sans nous dire où tu vas et tu estimes avoir gagné ?

— Franchement Laurent, où voulais-tu que j'aille ? Répliqua Dan ironique, tu sais bien que le vendredi à cette heure, nous venons toujours ici attendre les autres !

Pour ma part, je ne disais rien. De toute façon j'en avais rien à foutre. À vrai dire, je me foutais un peu de tout. Je restais assis sur ma Suzuki, enlevant juste mon intégrale que j'accrochai à mon guidon avant de sortir, en adaptant une moue blasée, une cigarette du paquet qui se trouvait dans la poche de mon blouson en cuir.

— Et, Jim ! Me lança Dan, suffisant, je t'ai fichu une sacrée raclée, hein ?

— Pff ! Soufflai-je juste la clope encore éteinte entre les lèvres.

— Tu penses... Ton cousin est d'accord avec moi ! Intervint Laurent légèrement offensé, tu crois pouvoir faire la course avec un Bandit quand t'as une bouse comme la tienne ? Franchement ? En plus tu pars dix minutes avant nous sans nous dire où tu vas ! Sur le coup, tu ne prenais pas trop de risques ! Termina-t-il en s'asseyant à son tour sur le banc aux côtés de son ami.

— Vous êtes des mauvais perdants, conclut Dan inébranlable dans sa position de vainqueur.

En fait, j'étais avec eux juste pour les vacances. Je ne faisais pas partie de leur bande et n'étais pas originaire de ce village. Moi, j'étais un citadin, un vrai de vrai, un Lyonnais. Et pour tout dire, en regardant plus attentivement autour de moi, j'ai un peu peur de me barber cette semaine dans cette cambrousse ! Enfin, je n'avais pas vraiment eu le choix ! Que pouvais-je faire d'autre ? Mon oncle et ma tante voulaient que je reste avec Dan afin de le « surveiller » pendant leur absence. J'avais donc accepté, pensant pouvoir en profiter un peu pour prendre du bon temps avec mon petit-cousin préféré. Il m'admirait tellement que j'en étais flatté ! Et puis, nous étions si semblables tous les deux : à mon image, il affectionnait de profiter de sa jeunesse, prenant toutes les situations qui se présentaient à lui avec une légèreté légendaire.

Son sourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant