Axelle -
Pourquoi ? Pourquoi je me faisais tant souffrir... Pourquoi je n'arrivai pas à me décoincer ? Comme l'imbécile que j'étais, je restais là, adossée contre la porte d'entrée, avec l'envie de sortir pour le rattraper. Mais quelque chose m'en empêcha et lorsque j'entendis repartir sa moto, je sus que je venais de laisser passer ma chance... Mais quelle conne ! J'aurais tellement voulu pouvoir faire comme toutes mes autres amies, en m'abandonnant dans les bras d'un garçon sans me poser de questions... J'aurai voulu être moi-même avec lui, car en dépit de tout, je savais au fond de moi que malgré la résistance que je m'efforçais d'opposer, Jim était tout à fait le style de mec à me taper dans l'œil. Il était beau, attachant, aimable et doux. Seulement sa réputation pêchait pour lui ! J'étais d'une jalousie maladive et je ne pensais pas supporter de sortir avec un garçon aillant eut autant de conquêtes avant moi. De toute façon, vu la façon dont je venais de le foutre dehors, je me doutais qu'il ne risquerait plus de se hasarder par ici. Une grosse larme de regret et de douleur coula, résignée, sur ma joue. Mais pourquoi étais-je aussi imprévisible ?
Plus la soirée avançait, plus le dégoût de moi-même se faisait ressentir. Pourquoi pour une fois je ne pouvais m'autoriser à vivre pleinement mes émotions ? Pourquoi me bridais-je dans un rôle qui n'était pas le mien ? Seul dans ma chambre, je repassais tous les moments forts que j'avais déjà vécus en sa présence. Son visage, sa voix, son odeur, tout me faisait tourner la tête, même si d'ordinaire j'avais horreur des dragueurs comme lui. En fait, je n'arrivais pas à croire qu'il puisse sincèrement s'intéresser à moi qui n'avais aucune expérience... C'est vrai, il devait être tellement rôdé avec les filles qu'il y avait un énorme décalage entre lui et moi... J'allai être ridicule si je lui cédais... C'était couru d'avance ! Moi qui n'avais pas même tenu la main à un garçon alors que lui enchaînait les conquêtes. Cette pensée me donna l'impression d'être pitoyable, une véritable gourde.
J'étais en train de me sécher les cheveux quand ma mère m'appela. J'étais demandée au téléphone par Coralie. Lâchant mon sèche-cheveux sur la moquette, je me hâtai pour descendre en trombe l'escalier et pris le combiné :
— Coralie ? Dis-je essouffler.
— Oui, Axelle. Alors... Comment ça s'est passé ? Demanda-t-elle curieuse.
— Bien, pourquoi ? Ils ont mangé et je les ai câlinés, enfin comme d'hab quoi.
— Pff... Fit Coralie qui aurait voulu entendre autre chose, je ne parle pas des chevaux !
— Je sais... Rien, il ne s'est rien passé. Enfin... Si, je me suis pétée la figure à cause du « super » cousin de Dany et de sa moto de malheur.
— Jim ? Me corrigea-t-elle pour me bousculer.
— Oui Jim.
— Et...
— Et il m'a raccompagnée vu que je me suis foulée la cheville. Ça ne va pas être génial pour le spectacle de demain !
— Et...
— Et rien. C'est déjà pas mal ! Bon si... Il m'a joué son petit numéro... Il m'a prise pour une de ses groupies, mais tu me connais...
— Ouais... Le pauvre, rit-elle nerveusement, il n'avait aucune chance avec toi. Au fait, merci pour Laurent. Tu te rends compte, cette fois on est enfin ensemble, dit-elle toute excitée.
— C'est super, tu as de la chance, fis-je songeuse.
— Moi ? De la chance ! Reprit Coralie agacée, après ce qui vient de t'arriver à toi ? T'as vu comment il est canon Jim !
— Oui, il est mignon. Mais Laura a un œil dessus et franchement ce serait mieux pour lui qu'il s'intéresse à elle plutôt qu'à moi, raisonnai-je à haute voix.
— Quoi ? Mais tu t'en tapes de Laura ! Enfin, Axelle... Et puis de toute façon, lui, il en a rien à foutre d'elle, ça, je peux te l'assurer. Pense un peu à toi pour une fois ! Je crois que là il va falloir que tu te lances ma belle, parce qu'il risque de se lasser si tu le refoules trop, me conseilla Coralie, en plus il ne doit pas avoir l'habitude de se faire rejeter alors...
— Justement, la coupai-je vivement, honnêtement Cora... Tu me vois avec lui ?
— Bah oui, pourquoi pas ?
— Et après ? Que va-t-il se passer ? Tu sais aussi bien que moi qu'il a l'habitude d'aller jusqu'au bout avec les nanas alors que moi je ne sais même pas comment on doit s'y prendre pour embrasser un garçon. Nous ne jouons pas dans la même coure ! Alors mieux vaut que rien ne démarre. Au moins je m'épargnerais de la souffrance inutile. Maintenant je ne veux plus en parler.
— Mais Axelle, que s'est-il passé, raconte ! Insista Coralie presque inquiète.
— Allez, bonne nuit, j'ai sommeil et demain j'ai répète le matin, la coupai-je sèchement, mal à l'aise par cette discussion.
— À demain, je serai là pour t'applaudir ma petite Axelle, souffla-t-elle avant de raccrocher.
Jim -
Quand j'arrivai à la maison, Dan était devant la télé, un paquet de chips sur les genoux et un sandwich à la main. En entrant dans le séjour, je vis qu'il voulait me parler, mais je n'avais pas franchement envie de me confier sur mon échec, alors je montai directement dans la salle de bains, sans un mot. Une fois sous la douche, je repensais à elle. Pourquoi avait-elle autant peur de moi ? Vraiment je ne comprenais pas et j'aurais eu besoin de réponses. Si seulement elle ne me plaisait pas autant ! Un instant, je me demandai si Dan ne pouvait pas m'aider sur ce coup-là ? En y réfléchissant mieux, j'en conclus que j'en doutais... Où alors peut-être Coralie. Elle était sa meilleure amie mais elle semblait également ignorer ce qui poussait Axelle à se retrancher dans sa solitude.
Quand je sortis de la salle d'eau, je descendis tout de même rejoindre mon cousin dans le salon et m'affalai à côté de lui dans le canapé, en poussant un long soupir. Je ne pouvais tout de même pas l'éviter toute la semaine... Alors, comme je ne disais toujours rien, c'est lui qui rompit le silence après m'avoir jeté un bref coup d'œil :
— Ça va Jim ?
— Ben oui.
— Alors ? Qu'est-ce qui s'est passé ? S'inquiéta-t-il en lâchant deux secondes l'écran afin de mieux apprécier mes réactions.
— À ton avis, répondis-je en le regardant dans les yeux.
— Tu veux mon avis ? Et ben, vu ta tête et la connaissant, elle t'a refoulé ! Dit-il en reportant à nouveau son attention sur l'écran alors qu'il zappait les chaînes une à une.
— On dirait que ça te fait plaisir.
— Pas spécialement mais je t'avais prévenu. En fait, il n'y avait pas beaucoup de suspense ! Tu sais, on n'a rien contre elle, mais on la connaît et elle est comme ça Axelle. T'as faim ? Me demanda-t-il en me tendant son paquet de chips.
— Pas vraiment, non, répondis-je avant de revenir à la charge : et tu sais pourquoi elle réagit comme ça ?
— Nan... Je n'en sais rien. Je suppose que c'est parce qu'elle n'a pas confiance en elle et comme elle ne fait rien avec les mecs, personne ne veut sortir avec elle. Une parfaite petite sainte ! Ironisa-il, et puis tu sais, les râteaux ce n'est pas très agréable. Alors on joue le jeu et on lui fiche la paix.
— Seulement moi elle me touche... Me confiai-je sans même m'en rendre compte, franchement... Je n'ai pas envie de laisser tomber.
— J'ai cru comprendre, susurra-t-il en enfournant une poignée de chips dans sa bouche, mais honnêtement, pour t'éclater, je te conseille une autre fille.
— Et si je n'avais pas envie de m'éclater ? Si j'avais envie d'une vraie histoire...
— Tu déconnes ? Toi ? T'es tombé sur la tête ! Avec Axelle en plus... Pouffa-t-il ironique.
— Je retournerai la voir demain, décrétai-je, résigné.
— Si t'as du temps à perdre ! Écoute Jim, me prévint-il sèchement en plongeant son regard noir dans le mien, je peux te lire l'avenir : tu vas te planter et elle ne sortira pas avec toi !
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Son sourire
RomanceComment accepter le bonheur quand on ne s'accepte pas ? Comment s'aimer quand on a une piètre image de soi-même ? Lorsqu'il nous semble que tous les défauts de la terre se soient donnés rendez-vous dans son être ? Une enfance de souffrance, une adol...