Ma vie de médium

Chapitre 21

«-Mais qu'est-ce qu'ils font là ?, commençai-je en me penchant sur le côté.

En me voyant, mes frères firent rapidement demi-tour mais je les rattrapai en esquivant les personnes qui continuaient à décrire de grands cercles sur la glace.

-Oh ! Zack ! Tayron !, les interpellai-je sans me soucier de savoir si Bradley suivait.

Ils s'arrêtèrent alors et se retournèrent lentement pour me présenter des beaux sourires découvrant entièrement leurs dents.

-C'est bon on rentre..., conclurent-ils en chœur devant mon expression faciale.

Ils s'apprêtaient à partir quand je conclus :

-Attendez ! On vous a pas vu, vous nous avez pas vus, ça vous va ?

-Ok !, répondit Zack.

-Merci ! renchérit Tayron.

-Et, finis-je, on rentre tous ensemble, c'est clair ? Rendez-vous dans une heure grand maximum derrière la scène.

Ils hochèrent la tête et repartirent patiner.

Je n'avais pas voulu les laisser rentrer seuls au vu des évènements étranges qui me menaçaient moi et ma famille ; et le contraire ne m'aurait pas rassuré, je me rendis alors compte du temps que nous avions passé sans avoir reçu aucune visite de la part des Ames Noires. Me laissaient-elles vraiment faire mon deuil ?

Peu à peu, cette joie qui m'avait envahie me quitta.

Bradley se rattrapa de justesse sur mon épaule mais je ne bougeai pas.

-Eux aussi ils sont sortis en douce ?, plaisanta-t-il.

Je ne répondis rien.

-Ca va ?, s'enquit-il.

-Il va se produire un malheur, dis-je enfin en contemplant le vide.

-Mais tout allait bien il y a quelques minutes, qu'est-ce qui ne va pas ?, dit-il en se mettant en face de moi.

-On est heureux. A chaque fois que l'on est heureux, quelque chose de mal se produit après. Ce sera quoi cette fois ? Et si... Et si les Ames Noires s'en prenaient à mes frères ? Ou mes parents ? Ou même...

-Tu sais quoi ?, me coupa-t-il. Peut-être que tu as raison. Oui, peut-être qu'un malheur va se produire. Qui sait, et qui pourrait le prédire ? Le temps est infini, mais notre vie ne l'est pas ; alors profite des instants heureux de celle-ci.

-Oui, répondis-je pour ne pas l'inquiéter, tu as raison.

-J'adore la chanson qui passe, les Rolling Stones ! Tu viens ?

-Je... J'arrive, conclus-je. Va voir Zack et Tayron pour moi, tu veux bien ?

Il acquiesça puis s'en alla doucement.

A la lisière des arbres apparût la Cape Noire, et je n'en fus pas surprise.

Nous nous confrontâmes ainsi, immobiles, séparées par quelques mètres, comme si en étant sur la glace, j'étais en sécurité.

-Laisse-moi deviner, lançai-je. On se voit bientôt ?

Puis, sans me répondre, ni manifester aucune méchanceté, elle disparût.

Cette maudite mèche de cheveux vint une nouvelle fois s'échouer sur mon visage, je la remis en place, repris mes esprits et retournai voir Bradley et mes frères.

Peu avant vingt-trois heures, nous nous dirigeâmes derrière la scène et chacun remit ses chaussures, mes frères partirent devant pendant que je finissais de lacer mes patins entre eux.