Chapitre 19

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Le garçon me dévisagea, et je balbutiai alors :

« -P... Pardon. Je vous ai pris pour quelqu'un d'autre.

-Il n'y a pas de quoi.

Je rebroussai chemin, mais m'arrêtai soudainement et fis marche arrière pour retourner parler au garçon. J'oubliai ma timidité et tentai le tout pour le tout.

-Ex... Excusez-moi. Est-ce que vous auriez vu quelqu'un, un... Un jeune homme châtain, les yeux bleus, assez grand ? Il portait un sweat bleu marine, je crois.

-Euh oui, je pense, si nous parlons de la même personne, il m'a demandé le chemin pour aller au cimetière.

Au cimetière ?

Etait-ce vraiment Bradley ?

Je n'en savais rien, mais après tout, le pire aurait été de ne pas chercher.

Je continuai donc mon chemin de vingt minutes jusqu'au cimetière.

L'endroit n'était éclairé que par de faibles lampadaires à l'entrée.

Je passai les grilles et avançai en chuchotant aussi fort que je le pouvais :

-Bradley ! Bradley !

Rien.

En avançant, je vis une silhouette postée devant une tombe au loin.

Je plissai les yeux pour tenter d'y voir plus clair, mais dans cette part reculée du cimetière, il n'y avait pas de lumière.

Je n'avais pas fait attention au chemin que j'avais suivi, mais je remarquai aux tombes vieillies par le temps que c'était l'endroit le plus ancien.

Je reconnus alors Bradley dans la silhouette que j'avais aperçue, et lui dit en me mettant à côté de lui et le regardant :

-J'ai eu peur.

Il ne répondit rien.

-Les Ames Noires ont laissé un mot quand je suis rentrée, comme quoi il fallait que je te retrouve et que le temps était compté. C'est elles qui t'ont forcé à venir ici ?

Il ne prononça aucun mot, et je tournai la tête pour regarder la tombe qu'il fixait.

« Violine Johnson

18 Août 1968- 30 Novembre 1972

Un ange parti trop tôt. »

Je m'étais faite avoir par les Ames Noires, Bradley n'avait nullement été forcé à venir ici mais y était venu de son plein gré.

-Elle est partie d'un coup, dit-il enfin. D'habitude, on vient enterrer un pot ensemble, mais elle n'est pas là, partie, d'un coup.

Il se pencha et déposa une gerbe de fleurs, des violettes, au bas de la tombe recouverte de mousse.

-Je ne savais pas..., tentai-je.

-Tu ferais mieux d'arrêter de dire ça à mon sujet car il y a trop de choses que tu ne sais pas sur moi Helena.

Je me raidis. Il avait entièrement raison.

-Pourquoi tu es venu ici si tôt ?, demandai-je.

-Pour déposer ces fleurs, avant qu'il n'y ait d'autres personnes qui viennent.

-Tu sais, parfois, je me demande ce que l'on est vraiment, nous deux.

-Deux inconnus qui ont étés réunis pour une période de la vie de l'un d'eux.

-Ouais, répondis-je simplement en me reculant.

-Qu'est-ce que tu fais?, demanda-t-il à ma grande surprise.

Ma vie de médiumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant