Ma vie de médium

Chapitre 26

Il freina de justesse, en même temps que l'autre conducteur, mais tourna violemment à gauche, et la voiture finit, par chance, sa course contre un lampadaire à cause de la route verglacée.

Je sortis du véhicule, toujours aussi énervée :

« -Je t'avais dit de ralentir !

-Tu comptes aller où comme ça ?, héla-t-il en en sortant à son tour.

-Chez moi !, criai-je en tournant précautionneusement les talons en direction du trottoir d'en face depuis lequel les passants nous regardaient.

-A pied ?, continua-t-il. Madame Helena fuit une fois de plus !

-Dit-il alors qu'il fait la tête pendant un dîner de rétablissement pour son ami.

-J'espère que quelqu'un arrivera à trouver ta clé et tomber amoureux d'une pierre comme toi!, cria-t-il en référence à la porte blindée à laquelle il m'avait comparée.

-Il y arrivera mieux sans ça !, répliquai-je en me retournant et jetant les chaussures à talons qu'il m'avait offertes au pied de la voiture enfoncée contre le lampadaire. Si tu me connaissais vraiment, tu saurais que je déteste les chaussures à talons, presque autant que cette soirée !

Je fis demi-tour et marchai d'un pas énervé dans le sens contraire au sien.

-C'est ça, va t'en et continue à pleurer sans savoir te défendre, et finis bien ton deuil seule puisque Daryl va désormais sortir avec Sandra et que tu n'auras aucuns bras dans lesquels te réfugier ! Au fait, moi, je me suis tapé Alexina !

Je m'arrêtai brusquement au son de cette dernière révélation, sans faire attention au fait que mes pieds gelaient au contact de la neige au sol.

-Il y a des blessures intérieures qui saignent plus, qui ne se voient pas, mais qui sont parfois d'autant plus mortelles et douloureuses, commençai-je à murmurer, mais tu ne vaux même pas la peine de pleurer intérieurement, haussai-je le ton. Tu as raison, il s'est passé quelque chose à l'hôpital, on s'est embrassés, lâchai-je. Et je ne parle pas de toi et de moi. On est quittes, tu n'as rien à me reprocher.

-Sauf qu'à cette époque on n'était pas ensemble !, héla-t-il furieux.

-Et bien à partir de maintenant tu vas pouvoir recommencer à mettre des filles dans ton lit, conclus-je en me retournant enfin vers lui.

-Je n'attendais que ça, les filles coincées ce n'est pas pour moi !

Je me retournai, murmurai un juron, et remontai la rue en tentant d'ignorer les cris d'Isaac me demandant de revenir immédiatement.

Heureusement, je n'étais pas très loin de la maison, en moins de dix minutes, j'atteignis cette dernière.

Durant mon trajet, j'avais reçu un message de ma mère m'indiquant qu'elle devait rejoindre mon père pour un dîner de dernière minute, et que par conséquent, mes frères partaient la nuit même à New York chez ma famille sur place, et qu'ils ne rentreraient pas cette nuit.

Super.

J'ouvris la porte de la maison en trombe et la claquai aussitôt rentrée.

Je jetai mon manteau par terre, toujours aussi énervée.

Je ne sentais plus mes orteils mais cela ne m'importait pas, j'étais hors de moi.

Je donnai un coup dans la commode, et fis valser au sol tout le courrier posé dessus d'un geste violent du bras.

Je montai les escaliers telle une furie et fus stoppée dans le couloir par Bradley que je poussai hors de ma trajectoire.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?