Chapitre Vingt-et-Un.

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La nuit était déjà tombée depuis un petit moment. Le silence avait prit possession de l'atmosphère, tout du moins le silence humain, que j'aimais tant. En effet, j'entendais les feuilles mortes qui roulaient sur l'asphalte, poussées par le vent glacial, le bruit des oiseaux qui chahutaient dans les arbres, les rares voitures qui illuminaient les vitres des maisons voisines l'espace d'un instant... Attentive au moindre son, au moindre mouvement je m'avançais dans la rue, frissonnant sous plusieurs épaisseurs de pulls en laines. Brayan m'avait dit de mettre quelque chose d'assez léger, mais sous ce froid mordant impossible. C'est un peu étonnée que Charleen m'avait laissée quitter la maison, enterrée sous un tas de vêtements, à lui promettre que je rentrerais avant le couvre-feu quand j'aurais finis un travail avec des camarades de classe.

" Un travail pratique. " résonna dans ma tête la voix de Brayan a qui j'avais laissé mon numéro de portable et qui m'avait appelé en plein repas.

Et tout le long du trajet qui menait à chez mon voisin, je ne pouvais m'empêcher de cogiter sur la signification de ce " pratique " sur lequel il avait insisté. Alors quoi, j'allais apprendre à faire le même genre de truc impossible que m'avaient déjà montrés Lucie et Alexis ? J'essayais de paraître la plus calme possible mais mon excitation et mon appréhension furent à leur comble lorsque j'arrivais devant la maison des Walker. J'avais encore du mal à me persuader que tout cela était réel, et même lorsque Brayan franchit le pas de sa porte et s'avança vers moi, je ne bougeais pas d'un pas.

" Elle a la trouille. " ricana Alexis qui marchais à ses côtés.

" Et comment. " répondis-je sans desceller mes lèvres. J'étais complètement terrifiée. Nerveusement je triturais la cordelette autour de mon cou, tout en me mordant l'intérieur des joues.

D'un signe de la main, Brayan visa son bonnet sur sa tête et mena notre petit groupe derrière sa maison. Je le suivis, et ne remarquais que maintenant qu'il semblait y avoir un bois à l'arrière. Ou même plutôt une forêt, dont les arbres fins mais hauts et imposants couvraient le ciel sombre. Brayan s'y enfonça, Alexis le suivit à grand pas et un peu hésitante je me frayais un passage entre les troncs et les racines. Bientôt le chemin sous mes pieds s'effaça, et je ne pus m'empêcher de me demander avec étonnement comment Brayan se repérait. Même Alexis semblait peu sûr de lui, suivant au pas près son ami. En levant les yeux je pu apercevoir la lune, véritable perle de lumière, à travers les branches de plus en plus nombreuses qui me couvraient la tête. Hormis les craquements de nos pas - des miens surtout - je remarquais que personne ne soufflait mot.

Après quelques minutes de marche, je vis que l'on sortait des broussailles, et que Brayan s'était stoppé. Nous étions arrivés dans une clairière. Je quittais l'ombre étouffante de la forêt et me retrouvais en plein milieu d'une étendue d'herbes et de fleurs blanches, les rares à avoir survécus à la froideur hivernale. La lune éclairait l'endroit d'une lumière surréaliste, et je remarquais que je n'étais pas la seule à ne pas pouvoir la quitter des yeux. Celle-ci se reflétait à la perfection sur une étendue d'eau qui nous faisait face, dont je ne pu sonder la profondeur du regard tant l'eau était trouble.

" Bienvenue au QG ! " lança Brayan en levant les bras au ciel.

J'approuvais du regard, cependant qu'Alexis se frotta les mains, de froid ou d'impatience.

" Alors c'est ici que vous vous entraîner à faire... vos trucs ? demandais-je en contemplant l'étendue d'herbes et de forêt qui m'entourait, ce qui fit grogner Alexis.

- Dit pas ça comme ça c'est chelou.

- Moi et Alexis oui. Lucie ne le peut pas ici. " le coupa Brayan.

Human - Somnum (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant