J'étouffais un bâillement avec ma main, puis blottis ma tête entre mes bras, manquant de renverser les tubes en verre posés à mes côtés d'un coup de coude. À ma droite, Lucille, avec qui le prof de physique-chimie avait eu l'idée de me réunir pour travailler lâcha un soupir exagéré. Autant dire qu'avoir la copie de Laurie sous les yeux dès le matin ne me rendais pas si heureuse que ça.
Et pour compliquer les choses, encore une fois j'étais rentrée de ma sortie nocturne, non sans mal, à je ne sais quelle heure du matin, alors que la blessure à mon mollet faisait encore des siennes. Je n'avais pas dormis de la nuit.
Trop fatiguée pour réfléchir correctement, je passais le cour à examiner mes camarades de classe de derrière. Je m'étais tout de même rendue compte que cela faisait déjà plusieurs semaines que j'étais ici, et que je ne connaissais ni les noms ni les tronches d'au moins les deux tiers de la classe, plus par flemme de faire une démarche amicale vers qui que ce soit qu'autre chose.
Cela devait faire au moins une bonne dizaines de minutes que, perdue dans mes pensées, je fixais les filles. En face de moi se trouvaient Aïsha et ses éternels jeans très - trop - moulants, et Anaïs, ainsi qu'Alice et Maëlys.
Je savais de Lina qu'Alice et Maëlys avaient étés amies depuis la primaire, ce qui ne m'étonnait pas vu le fait que la plupart des familles vivants à Shadows Hill formaient une communauté coupée du monde depuis presque des siècles. Ce qui m'étonnait c'était le fait que la blonde et la brune était totalement opposées. Alice était considérée comme la chouchoute de l'établissement, de un car sa mère était la directrice, et de deux parce qu'elle avait sauté une classe. Avec sa tresse blonde, ses robes à fleurs pastels, sa manière de parler tout le temps et d'être gentille avec tout le monde, elle avait tout du bouc-émissaire. Ce qui la protégeais en quelque sorte - et ça ce fut Aïsha qui me le dit -, ce n'était pas le statut de directrice de sa mère qui s'en foutait sous prétexte d'être impartiale, mais bien la présence de Maëlys. Maëlys, ses cheveux bruns coupés à la garçonne, ses baskets et son air de je-m'en-fout-isste qui intimidait même les bandes de terminales.
Je fus tirée de mes pensées par Anaïs, qui m'adressa un sourire pétillant. Cela faisait un bout de temps que je n'avais vu aucunes des filles sourire; et pour cause, je passais désormais mon temps libre avec Brayan et Alexis, à essayer de me dépêtrer dans le bordel qu'était devenu ma vie. Un bordel qui induisait le fait que j'étais capable de faire des trucs pas très nets qui semblaient intéresser des gens tout aussi peu nets.
Je répondis au sourire de la rousse d'une moue gênée, et retournais à mon TP en soupirant, ce qui fit grogner ma voisine. Cette dernière me dévisageait d'un air désespéré. Étant donné que ni Sarah (ma partenaire habituelle de TP), ni Marie (la partenaire aux cheveux roses de Lucille) n'étaient là, nous deviens coopérer ensemble, bien qu'aucune de nous deux n'en ai ni l'envie ni la patience. " Plus qu'une heure à se supporter, allez ! " railla ma conscience.
Laissant glisser entre mes doigts la cordelette abîmée que je portais au cou, je jetais un regard discret à la blonde à mes côtés. Certes, avec ses longues boucles couleur miel, elle ressemblait traits pour traits à Laurie, mais sa peau était plus sombre, et ses joues plus pleines que celles de sa jumelle. Peut-être était-ce ce dernier détail qui la rendait moins populaire. Mais tout aussi aigrie.
Quelqu'un me bouscula, faisant trembler la table au grand désarroi de Lucille. Je me retournais vers le coupable; Tristan qui me lança un de ses sourires aux milles nuances de jaune. Je décidais d'éviter de me faire piéger par cette tentative d'approche, fis mine de rien et continuais à regarder Lucille faire la manipulation d'un air faussement intéressé.
" La solution de soude ? "
Je haussais un sourcil. Lucille renversa les quelques gouttes d'un des récipients dans un autre, et la solution vira au vert olive. Elle me tendit alors le tube en verre qu'elle venait de vider sans même me regarder.
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Human - Somnum (tome 1)
ParanormalAna Mathews est l'exemple typique d'une adolescente à problèmes : en famille d'accueil, elle enchaîne conneries sur conneries, et du haut de ses seize ans, elle a déjà un casier judiciaire bien rempli. Malgré cette vie un peu bordélique, Ana a cepen...