Chapitre Huit.

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" Dieu, si tu existe, met fin à mon calvaire et tue moi. Achève moi je t'en prie. "

Je soupirais. J'étais dans la pire situation qui pouvait m'arriver. La cerise sur la gâteau. Le truc pourri qui clôture une journée pourrie en beauté.

Le shopping.

Oui oui, moi, Ana Mathews, je faisais du shopping. Enfin je regardais les autres faire du shopping. Les raisons ?

De 1: on m'avait forcée. Tout ça était une conspiration mondiale visant à me faire acheter des trucs inutiles. Comment aurais-je pus deviner que sous le regard pétillant d'Anaïs se cachait la joie de me voir ici en ce moment même ? Depuis lundi elle avait tout prévu: que je le veuille ou non, j'irais avec elle acheter une robe convenable pour samedi. Franchement, j'ai vu une lueur désespérée dans son regard, quand elle m'a demandé ce que je comptais mettre et que je lui avait désigné ma tenue actuelle. Qui aurait dit qu'Anaïs était une férue de mode ? Elle, Maëlys - qui au passage avait l'air aussi ravie que moi - et Aïsha avaient tout prévues depuis le début.

De 2: lorsque j'avais chercher le soutient de Charleen, elle m'avait limite jetée par la fenêtre. Sous prétexte que ça fait deux ans que je porte les mêmes converses, non mais oh. Apparemment ça lui déplaisait d'avoir un sac poubelle comme fille. Alors elle m'avait juste filé sa carte de crédit. Toutes les filles du monde auraient hurlées de joie, tandis que ma conscience hurlait de désespoir.

Une certaine Lina - une amie de Aïsha - s'était jointe à nous. C'était une fille tout ce qu'il y a de plus banale: brune, au visage couvert de tâches de rousseurs, de taille plutôt petite. Une timide de l'extrême: je ne l'avais pas entendue prononcer un seul mot depuis le début de la sortie, si ce n'était des chuchotements et des rires discrets.

Alice n'était pas là. Et personne ne savait ou elle était. Depuis lundi, elle n'était pas venue en cour. Malade ? Même atteinte d'une maladie grave et incurable, Alice n'aurait manqué cette journée entre filles pour rien au monde. La connaissant - parce que c'était une fille tellement transparente que tout le monde la connaissait en la côtoyant à peine une heure - elle aurait rampé jusqu'à ici même avec une jambe en moins.

Tout le monde semblait apprécier l'après-midi, hormis Maëlys qui levait les yeux au ciel, et moi qui lâchais de temps à autres des grognements mécontents.

Bref, pour la première fois depuis mon arrivée, je voyais enfin le centre ville de Shadows Hill. Et c'était... fascinant, je l'admet. Il n'y avait pas de centre commercial, mais les boutiques faisaient toutes plusieurs étages de profondeur, et je n'avais jamais vu ça. D'après Charleen, Shadows Hill était à l'origine une ville souterraine. C'était beau quand même, cette ville taillée dans la roche, coincée entre la mer, les falaises, les forêts, les montagnes qui séparaient Shadows Hill de BrovenHall, et même le désert qui la séparait de HellyBrook.

" Ana, vient voir ! "

Surprise dans mes rêvasseries, je sursautais sur place. La voix d'Anaïs venait de l'une des cabines d'essayage d'une des boutiques dans laquelle nous nous étions arrêtés. Devant la dite cabine, Lina et Aïsha me cherchaient du regard. Je me traînais jusqu'à elles.

" Oui ?

- On a besoin de tes conseils.

- J'ai besoin que quelqu'un de neutre me conseille Lina ! soupira Anaïs derrière le rideau.

- Elle ne veut pas comprendre que cette robe lui va à merveille sous prétexte qu'on le lui dit tout le temps. " souffla Aïsha. " C'est pas de ma faute si elle est taillée comme un mannequin. "

Je laissais échapper un rire, ce qui parut étonner les filles. " Depuis quand tu sais rire toi ? " fit ma voix intérieure.

Le rideau s'ouvrit brusquement, ce qui nous fit faire à toutes les troi un bond de trois mètres. Ça parait peut être vachement cliché, mais j'ouvris la bouche en grand.

Human - Somnum (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant