Human - Somnum (tome 1)

Chapitre Seize.

" Ana ? "

Dans le cadre de la fenêtre, l'ombre d'un jeune homme se découpa sur la pénombre de la nuit tombée. D'un air hésitant il entrouvrit la fenêtre, s'appuya sur l'arrête du toit, et sauta d'un pas silencieux à l'intérieur de la pièce. Il tituba, avant de s'appuyer contre la porte qui menait à la salle de bain, et son souffle sifflant parvint à mes oreilles.

Ce fus à ce moment que je sortis de l'ombre du renfoncement de la chambre et tentais d'assumer le nouveau venu avec un polochon. Polochon qui préféra me trahir en se déchirant dans une explosion de plumes. Le jeune homme me retint par les poignets, et constatant qu'il était plus fort que moi je voulu crier pour alerter Charleen mais d'une main il me bâillonna, et avec un bruit étouffé nous tombâmes sur le lit qui se trouvait derrière moi. Je me défendis à coup d'ongles et de genoux, mais l'inconnu me cloua au matelas. D'un geste du bras il alluma la lampe de chevet à nos côtés et je poussais un cri étouffé.

" Chut idiote, tu va ameuter tout le quartier.

- B-Brayan ?" soufflais-je à travers ses doigts.

Ce dernier voyant que j'étais trop surprise pour tenter quoi que ce soit se releva en posant un doigt sur ses lèvres. Encore à moitié endormie, la seule chose à laquelle je pu penser fut que j'étais à l'instant présent en short et en T-shirt Marvel et que Brayan était à moitié allongé sur moi, l'odeur de cannelle si caractéristique qu'il dégageait me chatouillant le nez. D'un coup de pied je l'envoyait à l'autre bout de la pièce. Il tomba à genoux, le souffle coupé, les mains autour de la gorge, comme suffocant, et me stoppa d'un signe de la main quand je me dirigeais vers lui. D'un coup d'œil je regardais le cadran de mon réveil: presque quatre heures du matin. Ce gars était complètement taré.

" Mais qu'est-ce que tu fous là bordel ? T'as pas l'heure chez toi ?! "

Il se releva et me lança un " chut " impératif, avant de s'immobiliser, aux aguets.

"J'ai absolument besoin de ton aide. souffla t-il.

- Pardon ? Pourquoi ?

- Ça je ne le sais pas encore. "

" Il est fou. " pensais-je en le dévisageant. Sous la faible lumière de ma lampe de chevet je voyais son regard paniqué, et sa poitrine qui se soulevait comme si son cœur cherchait à s'en échapper. Nerveusement je triturais la cordelette autour de mon cou et l'interrogeais du regard, ce à quoi il eu une réponse muette.

"Je m'habille. "

Ces mots m'avaient échappés: moi-même je ne compris par pourquoi j'étais prête à le suivre.

Je profitais du fait qu'il grimpa maladroitement de l'autre côté de la fenêtre pour enfiler un simple jean et mes converses. Sans prendre le temps de les nouer je m'attachais rapidement les cheveux, et saisissais mon portable.

" Si tu reçois ce message prévient quelqu'un qu'il m'est arrivé quelque chose. "

Un simple brouillon, laissé dans la messagerie d'Anaïs, qu'il me suffirait de valider pour envoyer. J'avais un mauvais pressentiment.

Je glissais l'appareil dans ma poche et enjambais à mon tour la bordure qui séparait ma chambre du dehors. Avec habitude je me laissais glisser le long du toit, m'agrippant aux tuiles, puis sautais jusqu'en bas le plus silencieusement possible. Brayan, qui paraissait m'attendre, me fit un signe de la main et nous longeâmes les trottoirs du quartier en courant.

Le ciel était tellement sombre qu'on pouvait sans peine voir toutes les lumières argentées qui scintillaient de là-haut. Le froid était mordant, et je frissonnais sous mon T-shirt. Brayan lui regardait droit devant lui, son bonnet vissé sur la tête, essoufflé. Malgré mes question il ne voulu pas répondre - ou ne put vu le rythme saccadé de sa respiration, continuant à courir de plus en plus vite devant les maisons vides de vie de notre quartier. Nous continuâmes à accélérer, dépassant bientôt un bosquet devant lequel Brayan s'arrêta. Il se pencha vers les buissons, en sortir d'un geste pressé un vélo, et me fit signe de grimper sur le porte-bagages. Je sautais sur l'engin, Brayan fit de même et je n'eus pas le temps de souffler qu'il commença à pédaler à toute vitesse.