Chapitre Vingt-Quatre.

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Cela devait faire une dizaine de minutes que je marchais, sans aucune possibilité de savoir ou l'on m'emmenait. Tout ce que je savais, c'est qu'il y avait au moins deux personnes avec nous; l'une d'entre elles me poussait vers l'avant, et me tordait les bras derrière le dos à chaque fois que je faisais mine de protester, l'autre devait traîner le corps - ou le cadavre, éventualité terriblement effrayante - d'Alexis. Quelqu'un avait mis un bandeau autour de mes yeux, et complètement aveugle et impuissante, je me concentrais sur les bruits de nos pas foulant le béton jonché de morceaux de verres. J'essayais tant bien que mal de garder mon calme, mais mon cœur battait à un rythme effréné, et je sentais que l'angoisse m'empêchais de plus en plus de respirer.

Un éclat de voix se fit entendre; la cadence accéléra. Au moment ou je me sentis trébucher, une poigne de fer me souleva par la taille et me posa sur ses épaules, ce qui me fis lâcher un juron.

" Jayden qu'est-ce que tu fabriques ? "

La personne qui me portait s'arrêta. Malgré le bruit assourdissant de mon cœur qui battait contre mes tempes, j'essayais de tendre l'oreille pour reconnaître les voix qui perçaient le silence de la nuit.

" T'es capable de foutre la raclée à un mec comme moi avec une pichenette, t'imagine contre une simple fille comme elle ?

- Ce n'est pas une simple fille, tu le sais. Magnes-toi, faudrait pas que ton père nous attrape. "

Un rire grave se fit entendre, puis le fameux " Jayden " qui me portait accéléra de nouveau. Un mal de tête que je ne connaissais que trop bien commença à naître dans un coin de mon crâne, pulsant dans ma tête au rythme de mon cœur.

" D-descendre... " lâchais-je.

Le convoi s'arrêta, celui qui me portait se figea et je sentis des pas se rapprocher de moi.

" Quoi ? " fit une troisième voix, féminine cette fois.

D'un coup j'eus l'impression de mourir de soif. Et ce satané mal de crâne qui me faisait vibrer le cerveau ! La gorge sèche, je passais ma langue sur mes lèvres, éclaircissais ma voix et tentais de nouveau:

" Je dois... descendre... "

Le silence se fit. Puis une porte claqua pas loin de nous, et une voix fusa:

" Merde, elle est en train de tomber dans les pommes ? "

Celui qui me portait me souleva de nouveau par les hanches et me posa sur la terre ferme. Déboussolée j'évitais de justesse de me casser la figure lorsque sa main m'attrapa par la taille.

" Un instant s'il-te plaît, on arrive. Pauline ! "

Un soupir énervé se fit entendre, puis j'entendis une porte en métal grincer et une vague de chaleur me fouetta le visage. À peine eus-je posé un pied devant moi que je su tout de suite ou je me trouvais. Quelqu'un retira le bandeau qui me couvrait la vue et une lumière m'aveugla.

L'endroit avait beau être plongé dans le noir, tout devint clair l'espace d'une seconde, grâce à la vingtaine de lumières colorées qui pulsaient dans la salle à un rythme épileptique. Même si je hurlais ici personne ne m'entendrais: la musique était tellement forte qu'elle faisait trembler le sol. L'homme qui m'avait portée me poussa vers l'avant, et je fus soudainement avalée par une foule excitée et bourrée. Je ne sais combien de personne dansaient, se déhanchant les uns contre les autres dans un mouvement qui me donna le tournis. À ma gauche j'aperçus une dizaines de tables et de fauteuils, couverts de verres et de personnes qui avaient trop bus. On me tira vers ma droite, et j'eus le temps de voir qu'il y avait un énorme bar avant que quelqu'un ne m'attire par une porte qui se fondait dans le décor.

Human - Somnum (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant