Chapitre Vingt-Sept.

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Un rayon de soleil se faufile entre les volets et se pose sur mes paupières. Je n'y prête d'abord pas attention mais la lumière semble soudainement envahir la pièce et je me recroqueville sur le côté. Un poids fait sursauter le lit, et je sens une main effleurer mon épaule.

" Debout grosse dormeuse... "

Je lance un grognement en direction de l'individu qui me caresse l'épaule, ce qui ne fait que le faire rire un peu plus.

" Allez réveille-toi, j'ai un truc à te montrer. "

En maugréant mon mécontentement, je balance mon bras vers l'arrière et agrippe son t-shirt. Je le fais alors basculer de l'autre côté du lit, et la seconde qui suit je sens son souffle effleurer mon front. J'ouvre les yeux et ne peux m'empêcher de sourire, bercée par son regard argent et par les bruits continus de la machine à mes côtés.


Un bruit retentit dans ma chambre, et j'ouvris les yeux en sursaut. Plongé dans la pénombre du soir arrivant, le piano qui trônait dans un des coins de la petite pièce projetait une ombre effrayante sur le mur qui me fait face. À la fenêtre, des branches d'arbres cognaient sur la vitre, sûrement la cause du bruit qui venait de me réveiller. Une odeur de banane flambée et les cris de joie que poussaient Elody et son ami de l'école me firent sourire, et me firent définitivement ouvrir les yeux.

Fatiguée malgré le fait que je venais de passer l'après-midi à sommeiller, je me levais de mon lit tant bien que mal, repoussais la couverture qui menaçait de me noyer d'un coup de jambe et saisissait mon portable qui traînait sur mon bureau. Un nouveau meuble bien sûr, que j'avais découvert en rentrant la veille. Charleen n'avait toujours pas évoqué cette histoire, et tant mieux.

L'écran de la chose qui me servait de portable daigna s'allumer. Il se faisait tard, et j'avais reçu une dizaine de messages, envoyés sans doutes par Anaïs, et auxquels je n'osait pas répondre depuis que j'étais rentrée hier. De toutes façons, qu'est-ce que j'aurais pu dire ? " Oui oui t'inquiète ça va, j'ai juste eu une de ces hallucinations que je me coltine depuis cinq ans, mais c'est pas grave, les médecins et toute leur clique m'ont dit que j'étais juste un peu atteinte. " ? Pour passer pour la fille qui perdait la tête, non merci.

Je décidais de laisser l'objet poiroter dans mon lit, et saisissais un gilet en laine, avant de sortir de la pièce. J'avançais dans le couloir sombre, tâtonnant les murs à la recherche d'un interrupteur. Finalement je descendis l'escalier dans l'obscurité, me guidant grâce à la lumière qui émanait du salon. Dos à moi, Elody et son ami se battaient sur un des angles du canapé, en imitant des personnages qui passaient à la télévision. Décidant de ne pas me faire remarquer je me dirigeais vers le coin cuisine et m'emparais d'un verre d'eau et d'un comprimé de doliprane. Une odeur sucrée s'échappait du four, et ce fut avec étonnement que j'y vis ce qui ressemblait à un gâteau. De ce que je savais, personne ne savais cuisiner ici, ou alors Charleen n'avait décidé de prouver le contraire que récemment.

Entendant les pas de cette dernière vers la terrasse dont la porte coulissante était entrouverte, je pris mon verre et remontais en haut discrètement. Arrivée devant la porte de mon antre, j'avalais le comprimé, pris une gorgée d'eau et appuyais sur la poignée.

Je faillis m'étouffer sur place. Brayan se tenait assis sur mon lit, ses mèches dorées ébouriffées sous son bonnet, les jambes croisées, la joue posée sur sa main, à regarder d'un air distrait une feuille qu'il tenait du bout des doigts. Me voyant hébétée sur le seuil de la porte, il fit un tour de la pièce du regard et lâcha:

" J'aime bien ta chambre. Mais c'est un peu triste ici quand même. "

La surprise passée, je me précipitais vers lui et lui arrachais la feuille des mains.

Human - Somnum (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant