Chapitre 19

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À peine la voiture eut disparue de leur vue que Livaï se fit assaillir par Hanji qui explosa de colère :


— Bordel mais Livaï !! Qu'est-ce que tu lui as fait !! Beugla Hanji.

 
Livaï sursauta presque en voyant la tête d'Hanji changer ainsi d'expression. Mais il se reprit rapidement.


— Ça ne te regarde pas. Dit-il fermement.
— Arrête de dire ça quand on te pose la question ! S'emporta Hanji. Tu as bien vu qu'elle n'allait pas bien et tout le monde sait que tu n'y es pas pour rien !

 
Erwin, Petra et Auruo qui étaient présents regardèrent cette soudaine crise d'Hanji avec curiosité.

 
— Arrêtez de me répéter ça. Coupa Livaï d'un ton encore plus sec que d'habitude. Je sais ce que j'ai à faire.

 
Il profita de la mine déconcertée d'Hanji pour partir de la cour. Mais la scientifique lui cria tout de même une dernière remarque:


— FUIR NE T'APPORTERA RIEN !

 
En entendant cela, un souvenir revint à Livaï. La dernière fois où on lui avait dit de ne pas fuir...

C'est bien ce que je dis, t'as peur. Lança Lylla.
Non. Ferma la.
—  Si. Tu as peur de tomber à nouveau. De tout perdre à nouveau parce que tu devras à nouveau te relever. Tu as peur de l'espoir et de la joie parce que tu sais qu'ils sont que temporaires.
-—Tch. Bien sûr miss-je-sais-tous. Cracha-t-il avec mépris.
Le bonheur n'est que temporaire mais selon moi il vaut la peine qu'on souffre pour l'obtenir.
Tais toi.
Car en fin de compte ce qu'il nous apporte c'est aussi ce pour quoi l'humanité se bat : le bonheur d'être libre. Tu as juste peur ce n'est...
TAIS TOI ! Je n'ai pas besoin de pitié ! Cria Livaï.
Lylla s'arrêta de parler et regarda Livaï dans les yeux. Il était perdu. Mais il tentait de le cacher à nouveau derrière son regard impassible qui, malgré tout, était en cet instant, chancelant.
Je n'ai absolument pas pitié de toi. Repondit Lylla. Je comprend ce que tu ressens. Perdre des êtres chers, je sais ce que c'est maintenant.
—  Tu ne sais rien de moi alors ferme la. Recommença Livaï.
C'est vrai mais je n'ai pas besoin de te connaître par coeur pour voir à quel point tu es perdu.
Leur regard ne se lâchait plus d'une semelle. Ils s'affrontaient du regard avec acharnement.
Tais-toi un peu. Je ne suis pas perdu. Je n'ai besoin de personne. Je ne sais pas ce que tu vas d'imaginer mais... Commença Livaï.
Tu te mens à toi même. Arrête de fuir. La solitude ne t'apportera rien. Coupa Lylla
Arrête de croire tout savoir. Répondit Livaï avec fermeté.
Lylla savait qu'elle avait raison sur ce coup là. Alors elle s'avança vers Livaï qui ne bougeait pas et vint se blottir dans ses bras. Elle l'entoura fermement avec ses bras et mis sa tête au creux de son épaule.
La solitude ne t'apporte rien. Arrête de vouloir rester seul. Murmura-t-elle.

Livaï se remémora la scène comme un coup de fouet dans la nuque. Il en était sûr maintenant : c'est à la seconde où Lylla est venue se blottir contre lui qu'il s'est passé quelque chose d'anormal. C'est à cause de ces quelques secondes qu'il se retrouvait dans son état actuel.
Mais pourquoi diable cela avait-il déclenché un tel feu en lui ?
Il pensait connaître la réponse mais elle lui paraissait vraiment ridicule ... La raison était simple : c'était la première fois de toute sa vie qu'on avait aussi bien comprit ce qu'il ressentait. Lylla avait eu raison de A à Z ce soir là. Ça l'avait d'abord énervé de se sentir ainsi prit en pitié. Mais il avait aussi réalisé que ce n'était pas de la pitié mais de la compassion, tout simplement. Jamais on n'avait fait preuve d'empathie avec lui et ça l'avait retourné de voir ça. Jamais on ne l'avait compris. Jamais on avait été si familier avec lui depuis Isabel et Furlan. Jamais on ne l'avait regardé comme elle l'avait fait.
Elle avait juste voulu l'aider à se sortir de cette mauvaise passe. Et, il ne voudrait jamais le dire, mais il avait aimé qu'elle la comprenne pendant quelques instants. C'est ce qui lui plaisait chez elle, elle le comprenait.
Pourtant autrefois, il s'était promis de ne plus s'attacher à des camardes mais elle avait fait voler en éclat ses résolutions ce qui l'avait mis dans une panique complète.

***

Livaï alla directement s'enfermer dans son bureau. Il en avait assez entendu pour aujourd'hui.
De toute façon, il ne pouvait plus revenir en arrière : Lylla était partie et il ne la reverrait plus que dans trois mois. Voir plus jamais si elle choisissait de ne plus revenir après tout ces qu'il lui avait fait.
Il se dégoûtait lui-même.
Bien sûr qu'il avait vu qu'elle était mal et triste. Mais il avait choisi de s'éloigner d'elle.
Cependant la contrepartie était plus que virulente : Livaï se sentait au fond du trou.
Il l'avait perdu.
Cela l'écorchait de réaliser cela. Mais en fin de compte s'était ce qu'il avait voulu obtenir. Il pensait que cela le soulagerait de ne plus porter le risque de la perdre sur les épaules mais le résultat était pire que ce manque.
Bien pire.
Il se sentait stupide maintenant. Cela lui faisait une belle jambe de souffrir encore plus que quand elle n'était pas là. Plus rien ne pourrait y changer : il ressentait un énorme vide. Encore plus maintenant puisque plus jamais elle ne voudrait de lui après ce qu'il lui avait fait cette semaine.

Il n'avait pas fait le bon choix.

C'était une fatalité de se rendre compte de cela bien trop tard pour pouvoir intervenir. Les dés étaient jetés : Lylla était avec Harry maintenant.
Il n'aurait pas dû fuir comme il l'avait fait. Il aurait fallu qu'il l'affronte pour lui dire la vérité.
La vérité touchait fortement son honneur ce qui avait contribué à sa retenue. Il ne voulait pas risquer de se rabaisser devant elle.
Cependant c'était inévitable : il avait peur.
Peur de revivre la perte d'êtres chers comme cela s'était produit avec Isabel et Furlan. Plus jamais il ne voulait vivre un tel cauchemar. Malheureusement pour lui, il était trop tard ; il ne pouvait plus reculer et fuir ce qu'il ressentait. Ça avait été une erreur de penser qu'il serait capable d'oublier son attachement à Lylla.
Une grave erreur.
Cela n'avait fait qu'empirer tout au long de la semaine. Et ça ne s'arrangeait pas non plus avec le temps. Il le savait désormais.
Fuir ne lui avait rien apporté et il regrettait sincèrement de ne pas avoir avoué la vérité à Lylla.

***

Dehors, la pluie commençait à tomber drue. L'eau martelait les carreaux des vitres et le ciel était sombre malgré l'heure qui approchait maintenant midi. L'ennui avait gagné le bataillon d'exploration et chacun tentaient de tuer le temps à sa façon. Hanji était dans son laboratoire, Erwin lisait, et les autres s'étaient regroupés dans les chambres pour discuter afin de moins s'ennuyer.
Livaï, lui, ne faisait que regarder le paysage devenir de plus en plus humide. Les regrets l'assaillant de toutes parts, il n'arrivait pas à chasser Lylla de son esprit.
Puis Livaï vit un cavalier solitaire se dessiner au loin sur la route pavée. C'était d'abord une ombre floue, mais à mesure que la silhouette se rapprochait, Livaï pût clairement distinguer un cavalier qui galopait a toute vitesse dans la direction du quartier général.
Livaï préféra attendre que le cavalier en cape noire arrive complètement trempé dans la cour du château pour quitter sa fenêtre et aller prévenir Erwin.
Il toqua à la porte du major et entra une fois qu'il ait eu obtenu l'autorisation.

 
— Un cavalier trempé de la tête au pied vient d'arriver dans la cour. Annonça Livaï.

 
Erwin referma calmement son livre et se leva de son fauteuil de bureau pour rejoindre Livaï dans le couloir.

 
— Qui est-il ? Demanda Erwin.
— Aucune idée. Je l'ai juste vu arriver alors je suis venu t'avertir. Répondit Livaï en suivant Erwin jusqu'à la porte d'entrée.


En effet cette dernière était martelée de coups de poings. Livaï ouvrit alors la grande porte imposante pour découvrir le messager.
Il était sur le seuil de la porte et il pleuvait encore sur sa capuche noire mais Livaï ne voulait pas le faire entrer sans savoir la raison de sa venue.
C'était un homme d'une quarantaine d'années, vêtu de l'uniforme des patrouilles plus que mouillé. Il redressa sa capuche pour laisser découvrir son visage et se présenta en faisant le salut de l'armée


— Je suis Ronald Trinker, 6 ème brigade de patrouille. J'ai une nouvelle pour Erwin Smith de la part d'un de mes supérieurs. Annonça l'homme.
— Entrez. C'est moi-même . Dit Erwin en incitant le dénommé Ronald à rentrer.
— Essuyez-vous les pompes avant de rentrer et restez sur le tapis. Gronda Livaï avant que Ronald ait le temps de bouger. Je n'ai pas envie que vous salopiez de boue tout le hall.

 
Ronald s'exécuta et pû enfin rentrer à l'abri de la pluie épaisse. Là, il enleva complètement sa capuche mais resta sur le palier afin de ne pas risquer de salir le sol parfaitement nettoyé par les bons soins de Livaï.


— Alors ? Lança Livaï pour forcer Ronald à annoncer plus rapidement son message.
— Nous avons retrouvé la voiture de Lylla Larbos dans le fleuve. Dit le soldat.

Freedom - Tome 2 ( Livaï x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant