Manhattanhenge (Terminée)

Chapitre 4 - Verdict

« Anha ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-il surpris.

- Ma mère a fait une crise cardiaque, je réponds avec difficulté, les mots m'écorchant la bouche.

- Ah ! Voici le jeune homme qui a sauvé votre mère Mademoiselle. »

J'en reste bouche bée. Cela prenait une tournure étrange, une coïncidence, le hasard ? Je ne sais pas. Prise d'une bouffée de gratitude envers Raphaël, je le prend dans mes bras en le remerciant.

« J'étais sur la route du travail, lorsque j'ai croisé cette femme, je ne savais pas que c'était ta mère c'est fou. Je suis en pause et mon boulot n'est pas loin alors je suis venu voir si son état s'était amélioré. » Je lui répète donc ce que m'a appris le médecin.

« Je suis vraiment désolé Anha, je suis sûr qu'elle va s'en remettre, m'assura-t-il. Je vais te laisser avec elle, je peux venir te voir ce soir ? »

J'acquiesce d'un signe de tête, voir une figure qui me paraît désormais familière me ferait le plus grand bien.

« Allons-y Mademoiselle, s'il vous plaît », déclare le docteur Simain.

A peine entrée dans la chambre la boule qui me foudroyé le ventre devient encore plus douloureuse. Jamais je n'aurais pu affirmer que c'était bien ma mère, je ne l'a reconnais pas. Son teint est pâle comme la mort et des fils courent le long de son corps jusqu'à des machines.

« Bon...Bonjour maman. » Je sanglote mais j'essaie de retenir mes larmes car je ne veux pas que ma mère me voit complétement abattue. C'est à moi d'être positive.

« Elle a dû mal à parler, ce qui est normal. Il ne faut pas qu'elle force trop, affirma le docteur. »

Son regard est vide, comme si elle ne me voyait pas. J'ai chaud, mon cœur s'accélère et j'ai les mains moites. C'est trop pour moi, jamais je n'avais imaginé qu'un jour je verrais ma mère dans un tel état. Le médecin quitte la chambre et je me retrouve seule avec ma mère. J'ai envie de lui dire que je l'aime, que je suis désolée d'avoir réagis ainsi la dernière fois, mais rien ne sors de ma bouche. C'est elle qui brise le silence :

« Ma ... chérie, dit-elle avec difficulté. Ne t'en fais pas, je vais bientôt sortir. Je m'en veux terriblement, je ne t'ai pas écouté alors que tu essayais juste de m'aider. »

Je lui prend la main et la serre fort en lui disant que je lui pardonne. Nous sommes restées un moment à nous regarder les yeux dans les yeux, comme si nous communiquions. Je lisais dans son regard qu'elle ne se sentait pas assez forte pour s'en sortir. Puis, sans m'en rendre compte, les larmes se sont mises à couler le long de mes joues.

« Je ne veux pas te laisser seule, mon Anha Ly, ma vie, mon tout, mon enfant. » Elle a de plus en plus de mal à articuler et sa voix n'est plus qu'un murmure. Je met ma tête près de sa bouche pour mieux l'entendre. Elle ne parle plus que par mots.

« Si ... jamais ... tiroir, cuisine ... lettre. ». Je ne comprends absolument rien à ce qu'elle veux dire, quand soudain le moniteur s'emballe, ses yeux se révulsent. Prise de panique, je me met à hurler et dans un branle-bas de combat, six personnes se ruent à l'intérieur de la chambre.

« Sortez Mademoiselle, sortez ! » Exhorte le docteur.

Cela m'est impossible. Je ne peux plus bouger, toutes ces personnes s'affairent autour du lit où repose ma mère. J'ai l'impression d'être totalement spectatrice de la scène, comme si je regardais une série hospitalière à la télévision. Un homme m'agrippe par le bras et me pousse de force dans le couloir. Mais bon sang, que se passe-t-il ! J'ai envie de crier, de taper contre un mur, tout cela est tellement injuste ! Sans elle, je ne suis plus rien, je deviens orpheline pour la deuxième fois de ma vie. Je me demande pourquoi la vie s'acharne-t-elle sur moi, qu'ai-je fais de mal ?

J'entends des voix provenant de la chambre, des bribes de phrases qui ne présagent rien de bon. Après de longues minutes qui me paraissent une éternité, les voix se taisent. Le docteur Simain sort en premier et se dirige vers moi, l'air grave. J'ai un pressentiment horrible, je ne veux pas entendre ce qu'il à à me dire. Il prononce les mots qui m'effrayent et ma tête se mit à tourner. J'ai le sentiment que mon cœur s'arrête, comme celui de ma mère. Définitivement.