Chapitre 6 - Révélation

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L'enterrement de ma mère se fit en très petit comité, à savoir Raphaël, Léna et moi. Les jours qui ont suivis sa mort ont étaient très difficiles, puisque je n'avais plus aucun repère. Il m'était encore impossible aujourd'hui de réaliser ce qui s'était passé, ce jour serait gravé à jamais dans ma mémoire je le savais. De plus, le mystère restera entier quant à la raison qui a amené ma mère dans mon quartier ... Peut-être souhaitait-elle parlait avec moi, pour s'excuser. Je ne le saurais jamais.

J'ai totalement perdu l'appétit, je n'ai plus goût à rien et je revis sans cesse la scène de sa mort. Quasiment toutes les nuits, je fais le même cauchemar, moi seule dans le noir incapable de parler ou de bouger mon corps. Sans oublier la mystérieuse photo que j'ai trouvée au grenier quelques jours plus tôt.

Heureusement, Raphaël et Léna sont là pour moi et grâce à eux, je me sens moins seule. Tous les soirs, ils viennent me voir et me font sortir de ma petite chambre. Nous sommes allés au cinéma, boire un verre, au musée. Je le sais, ils font tout leur possible pour me changer les idées mais je ne suis sûrement pas de très bonne compagnie.

Il à également fallu que je me frotte à l'administration. Je n'avais aucune idée des démarches nécessaires à accomplir après un décès et j'ai donc fais appel à une assistante sociale. Ma mère n'avait pas beaucoup d'argent, l'héritage serait donc très faible mais cela m'importait peu.

De plus, elle n'était pas propriétaire de l'appartement dans lequel j'ai grandi. Cependant, il faut quand même le vider de ses meubles et des tas de choses que l'on entasse inévitablement au fil des années. Le propriétaire a gracieusement accepté de me laisser un mois pour pouvoir y arriver.

Avec l'aide de mes amis, nous avons déjà fait le tri dans sa chambre et le salon lorsque nous nous nous attaquons à la cuisine. Aujourd'hui, ils n'ont pas pu se libérer et je ne leur en veux pas, cela reste une atmosphère très pesante. En regardant cette pièce, je soupire déjà à l'idée du dur labeur qui m'attends lorsque mes yeux se posent sur le meuble en bois.

Soudain, les bribes de mots que ma mère a prononcés resurgissent de ma mémoire, je les aient totalement occultés. D'après ma mère, le tiroir de la cuisine renferme une lettre. Était-ce vrai ? Ou son esprit lui avait-il joué des tours ?

Pour en avoir le cœur net, je me précipite vers le meuble et arrache littéralement le tiroir. Il contient des vieilles piles, des spatules, un tire-bouchon, des cure dents mais pas de lettre. Je soupire. Je ne sais pas pourquoi mais pendant quelques minutes j'ai cru que celle-ci pourrait m'apporter les réponses à mes questions.

Je reste là à contempler le tiroir vide d'un air désespéré lorsque je remarque que le tiroir possède un double fond. Ma mère n'était pas folle, il y a bien une lettre dans une enveloppe bleue. Je retiens mon souffle. Si ça se trouve, il n'y a rien d'important ... Mais dans ce cas, elle ne l'aurait pas si bien caché. Tout doucement, je l'a décachette et entreprends de la lire.

« Ma puce c'est maman,

Si un jour tu lis cette lettre, c'est que je n'aurais pas eu le courage de te dire la vérité. Avant tout, je voudrais que tu penses à tous les moments que l'on a vécus toute les deux et à quel point je t'aime. Tu peux ne pas comprendre mon choix mais je t'en prie ne m'en veux pas car ce fus très dur pour moi de vivre toutes ces années en te cachant ta véritable identité.

Il y a 22 ans, j'ai rencontré un homme. J'étais jeune, belle et en plus de mes études, je travaillais comme mannequin dans une maison de haute-couture de petite renommée. Lors de la Fashion Week de 1994 à Paris, j'avais été engagé pour défiler par la maison Cabelo. Ce soir-là, nous avons toutes été invitées à une soirée ou se trouvait tout le gratin du showbiz. Il y avait des stars de cinémas, des chanteurs, des stylistes, des journalistes du monde entier.

Un homme m'a abordé et je suis tombée immédiatement sous son charme. Il était grand, brun et très charismatique. Nous avons vécus une merveilleuse histoire d'amour qui dura quelques mois. Il était chanteur dans un groupe de rock très connu aux Etats-Unis et tournait dans toute la France.

Malheureusement, il a dû repartir et nous nous sommes quittés, en bon terme. Quelques semaines plus tard, j'ai fait un test de grossesse qui s'est révélait positif et je croyais que mon monde s'effondrait. J'allais élever ce bébé toute seule, il m'était impossible de ne pas le garder car au fond de moi j'avais toujours voulu être mère.

Je savais pertinemment qui était le père et j'étais désemparé. Finalement, je me suis décidé à en parler mon amie de l'époque, Mary Johnson qui était l'attachée de presse du groupe de cet homme. Dans une lettre, je lui laissais le choix de lui dire ou non car je m'en sentais personnellement incapable. Je ne sais donc pas s'il a su un jour que j'attendais un enfant de lui.

Anha Ly ma chérie, cet enfant tu t'en doutes c'est toi. Je préférais te dire que ton père était décédé pendant ma grossesse plutôt que tu saches la vérité et que tu sois déçue. De plus, j'avais peur que la presse l'apprenne et que tu vives ce tourbillon médiatique qui t'aurai détruite.

Pardonne-moi. Tu te demandes sûrement qui est cet homme...

Il s'agit de Mike Carter, le chanteur du groupe « Your Dark Shadow ».

Si un jour tu décides de le rencontrer, appelle à ce numéro ou écrit à cette adresse : Mary Johnson, 340 East 26th Street, New York. J'espère qu'elle n'aura pas changé de bureau entre temps. Elle te guidera vers Mike ...

Je t'aime mon ange, pardonne moi. »

Le numéro est le même que celui inscrit derrière la photo. J'ai un choc, l'homme sur la photo est donc mon père. 

Manhattanhenge (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant