Chapitre 2 - Trouvaille

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Quelques jours après cet épisode, Léna m'invite à venir à une soirée organisée par le bureau des étudiants. Seul bémol, c'est une soirée déguisée ce dont j'ai horreur. Années 20, qu'est-ce que je peux bien me mettre ? Je me souviens que ma mère garde des vieux vêtements au grenier, je prends donc le RER en direction de la banlieue. En même temps, je vais voir si elle va mieux et si elle a tenu parole car son état m'inquiète beaucoup. A peine entré dans l'appartement, je  comprend que mes espoirs étaient vains. Elle regarde la télé avec un verre de vin rouge, l'air absent.

« Oh, ma chérie, je ne m'attendais pas à te voir ! s'écrie-t-elle en essayant de dissimuler son verre.

- Laisse tomber je l'ai vu maman. Tu as pris rendez-vous avec un professionnel ? Tu sais, je m'inquiète beaucoup pour toi et je ne sais pas comment t'aider.

Elle hoche la tête, visiblement agacée et ne me répond pas.

- Ok super maintenant tu as perdu ta langue. Je ne vais pas t'embêter plus longtemps, je viens pour trouver un costume au grenier.

- Ah c'est bien chérie...

Cette fois elle ne m'écoute pas du tout et semble complètement absente. Je suis exaspérée. Je monte donc au grenier, un endroit où je ne suis quasiment jamais allé. Je ne sais même plus à quoi il ressemble et ce qu'il y a dedans. Quand j'ouvre la porte, une odeur de poussière et de vieilleries me monte au nez, quelle horreur. C'est un véritable capharnaüm, je ne sais pas où chercher et ma mère n'a pas pris la peine d'écrire ce qu'il y avait dans les cartons, il fallait donc que je fouille au hasard. Le premier carton était composé de vieux livres aux pages jaunis et aux reliures abîmées. Au bout de dix minutes je n'ai toujours rien trouvé, mis à part des peluches, des bibelots de toutes sortes, de la vaisselle, des jouets.

Je continue à chercher et ouvre un carton contenant des albums photos. Tiens, c'est étrange, me dis-je. Je ne les aient jamais vus. Dans le premier, il y avait des photographies de ma mère lorsqu'elle vivait encore au Vietnam. C'est la première fois que je voyais ma mère jeune et même bébé. Elle était magnifique, comme d'habitude. Sur une photo, elle devait avoir quatre ou cinq ans et jouait dans un parc. Derrière elle se tenait sa mère, qui lui ressemblait beaucoup aujourd'hui. Elle souriait au photographe qui devait probablement être mon grand-père. Plus je tourne les pages, plus je suis émue de voir cette famille, ma famille du bout du monde que je ne connaissais pas. Visiblement, ils avaient tout pour être heureux. 

Dans un autre album, c'était essentiellement des clichés de moi étant petite et je me rappelle les avoir déjà vu, il y quelques années. J'adore regarder en images cette partie de ma vie, qui fut heureuse bien que chargée de mystères. Tout au fond du carton, il y avait un cadre retourné. Ma mère, souriante, posait aux côtés d'un homme que je n'avais jamais vu de ma vie. Ils étaient beaux et visiblement comblés de bonheur. Ma mère avait détaché ses longs cheveux noirs et portait une robe rouge magnifique qui lui allait à merveille. L'homme était grand, les cheveux châtains, de grands yeux bleus et portait un costume gris qui le rendait très élégant. Il tenait ma mère par la taille et tous deux regardait avec intensité l'objectif, tels des mannequins. Cette photographie avait dû être prise lors d'une réception, néanmoins elle m'intrigue fortement et je me demande qui pouvait bien être cet homme.

Je décide de retirer la photo du cadre, il y avait quelque chose d'inscrit au dos. « Pardonne moi, je t'aime », suivi de chiffres qui ressemblaient à un numéro de téléphone étranger. Je reste là, sans bouger pendant cinq bonnes minutes, complètement déboussolée. Je ne savais pas quoi faire, devais-je en parler à ma mère ? Ou le prendrait-elle mal ? Cependant, j'en suis persuadée, il faut que je sache qui est cet homme. Je prends le parti de mettre le cliché dans ma poche et de rien dire pour le moment. De toute façon, ma mère n'est pas dans une bonne période et ressasser le passé ne me paraît pas une bonne idée. Oubliant complètement ce que je suis venue chercher, je redescends, dis au revoir à ma mère et sors de l'appartement. 


Manhattanhenge (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant