Chapitre 21 : Piège (partie 1)

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« Ashley, je ne comprends pas ce que le prof a voulu dire là. C'est une expression c'est ça ? »

La pauvre, elle est très patiente avec moi. Elle tente de m'expliquer clairement et simplement, comme à un enfant. Cependant, lorsque malgré ses éclaircissements je n'assimile vraiment pas, je demande à Mike de m'expliquer en français. Pour le moment, les cours se passent très bien et je suis passionnée par le cours de sociologie culturelle. Cela n'a vraiment rien à voir avec la France, qui paraît un peu vieux jeu face au pentagone. Ici, je trouve que les gens osent tout sans que les autres ne les jugent. 

Néanmoins, il y a certaines choses qu'il m'est impossible de concevoir par rapport à ma culture française mais qui pour les américains apparaît comme un droit fondamental. De plus, ils ne conçoivent pas l'attachement à leur pays de la même façon, ni même la relation avec leur passé historique. Toute ma vie, j'ai entendu dire que les français étaient très chauvins et pourtant ce n'est rien comparé aux Etats-Unis. C'est réellement une culture totalement différente bien que nous soyons des pays occidentalisés, l'un comme l'autre.

Ce soir-là, après les cours, Adriel m'attendait devant mon amphithéâtre. Je l'avais presque oublié celui-là, comment a-t-il su que j'avais cours ici ?

« Salut, beauté. »

Mon dieu quelle lourdeur. Cependant, je dois le reconnaître, il est bien trop beau dans son pantalon chino et sa chemise bleu marine à motifs discrets.

« Bonjour Adriel. Pourrais-tu à l'avenir, m'appeler juste Anha.

- Eh bien, j'en connais une qui est de mauvaise humeur !

- Pas du tout. C'est juste que je n'apprécie pas vraiment tes manières. Tout le monde ne tombe pas sous ton charme Adriel et cela n'a pas l'air de t'effleurer l'esprit.

- Ça ma chère, c'est ce qu'on verra ... », rétorque-t-il d'un air énigmatique et son sourire en coin.

Je suis extrêmement méfiante vis-à-vis de lui. D'ordinaire, j'ai énormément de mal à faire confiance au gens et c'est encore plus vrai lorsque la personne déborde de confiance en soi.

« Je t'emmène au Café latin, ça ne va pas trop de dépayser comme ça ! Ce n'est pas très loin, on peut y aller à pied si tu le souhaites. »

J'acquiesce, marcher me fera du bien. Moi qui avais l'habitude d'esquiver le plus possible les transports en commun à Paris, ici je n'ai pas d'autre choix que de prendre la voiture pour éviter tout problème. Pour une fois, je pouvais faire exception. De plus, il faisait beau malgré le froid du début d'un mois de décembre. Les arbres avaient perdu leurs feuilles et l'esprit de Noël commençait déjà à se répandre dans les vitrines. D'ici deux mois, je devrais prendre une décision : partir ou rester.

Le café me rappelait beaucoup ceux de Paris et particulièrement celui où j'ai rencontré Mike pour a première fois. Le plafond était très haut, orné de moulures et les sièges en cuirs rouges étaient compartimentés.

« Alors, raconte-moi ton histoire Anha. Je sais que je peux paraître snob et c'est vrai les trois quarts du temps, mais je m'intéresse aussi aux autres. Comment as-tu su que Mike était ton père ? »

Une petite voix dans ma tête me disait de ne rien lui dévoiler mais d'un autre côté il avait réellement l'air sincère. Je décide alors de lui raconter tout dans les grandes lignes, en épargnant certains détails.

« Mon dieu, ça a dû être une période horrible, je suis sincèrement désolé pour le décès de ta mère. Je comprends que tu ais souhaité connaître ton père. « Nos origines sont le reflet de notre âme », mon père répète souvent cette phrase. Elle est tout à fait juste je trouve. Tu sais, pour moi aussi c'est très important. Mon père est un descendant de Gaagii, du peuple Navajos et ma mère d'Isha de la tribu des Hopis. Ce que j'aime particulièrement, ce sont les légendes racontées et vécues par ces peuples, je trouve cela fascinant. D'ailleurs, j'aurais aimé basé des recherches sur toutes ces tribus amérindiennes mais mes parents me voyaient plutôt en médecine. Tu vois, Anha, même dans mon milieu on ne fait pas ce que l'on veut. »

Les confidences d'Adriel adoucissent le jugement que j'ai de lui. Je m'aventure alors à lui en raconter un peu plus sur moi, en évoquant Léna et Raphaël ainsi que l'alcoolisme de ma mère. Vers dix-neuf heures, nous quittons le café. Je dois l'avouer, je me sens plus proche de lui après tout ce que nous nous sommes dit. Je l'ai peut-être désapprouvé trop vite, avant de le connaître. Je m'en veux de mon étroitesse d'esprit, moi qui pensais que c'était son milieu riche et célèbre qui ne savait pas ouvrir les yeux.

A table, tous les regards sont posés sur moi attendant que je leur raconte mon entrevue avec Adriel. Après avoir brièvement dépeint la situation, Ella prend la parole :

« Un conseil Anha, méfie-toi vraiment de cette famille. Je sais qu'Adriel à un charme fou mais crois-moi, on ne peut pas leur faire confiance.

- Je sais ce qu'il t'a fait Emily et je trouve cela ignoble. Mais je vous jure qu'il paraissait sincère ...

- Dans ce cas, si tu en es si sûr tant mieux. »

A vrai dire, j'essaye plus de me convaincre qu'autre chose.

*****

Ce chapitre est plus court car je l'ai scindé en deux, sinon cela aurait été trop long. N'hésitez pas à venir parler avec moi, ou si vous avez des remarques à faire, des fautes à corriger etc. Merci d'avance :)

Manhattanhenge (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant