Manhattanhenge (Terminée)

Chapitre 18 : Coucher de soleil sur Manhattan (partie 1)

L'appartement était encore plus beau que dans mes rêves les plus fous. Le séjour était immense et entouré de baies vitrées qui donnaient sur une vue renversante de Manhattan. La décoration était d'un style épurée mais tellement chic. Sur la droite, il y avait une cuisine ouverte à l'américaine très moderne en rouge et gris, avec tout l'électroménager dernier cri. Tant de luxe me brûlaient les yeux, je ne savais plus où regarder.

« Viens Anha, je vais te montrer ta chambre ! Elle est à côté de la mienne », me confie Elizabeth.

Le couloir, long de plusieurs mètres, donnaient sur toutes les chambres. Il y en avait six au total. La mienne se trouvait tout au fond, sur la gauche. Les bras m'en tombaient. Cette chambre faisait au moins le triple de ma chambre de bonne à Paris. Je n'avais jamais vu de lit aussi grand et confortable. Les murs étaient peints en mauve pastel et les coussins ainsi que les tableaux choisis avec goût, conféraient à la chambre un côté cocon. Une des images au mur attira particulièrement mon attention.

« C'est la seule photo que j'ai de ta mère. Elle a été prise lors de cette fameuse soirée où l'on s'est rencontrés », m'avoue Mike.

On y voit ma mère, majestueuse dans une robe de soirée haute couture, souriante, ses cheveux lisses noirs de jais retombant en cascade jusqu'au milieu de son dos.

« Elle est belle ta maman, je trouve que tu lui ressembles beaucoup », rétorque Elizabeth. Je pense que c'est le plus beau compliment que l'on peut me faire. Je la gratifie d'un sourire sincère, les larmes aux yeux. Je me retiens de pleurer et détourne le regard. Sur le mur opposé, une porte est entrouverte.

« Et ça, qu'est-ce que c'est ?

- Ah, c'est une surprise rien que pour toi, ouvre. »

Il s'agit en fait d'une salle de bains privative ainsi que d'un dressing immense à la Carrie Bradshaw. Je n'aurais jamais assez de vêtements dans toute une vie pour le remplir, ce n'est pas possible. Et pourtant, lorsqu'Emily m'emmène dans sa chambre pour me montrer le sien, je comprends que c'est tout à fait réalisable. Il y a tellement de couleurs que j'en perds la tête.

« Je crois qu'on doit faire à peu près la même taille, si tu veux m'emprunter des fringues, tu fais comme chez toi ! D'ailleurs en parlant de ça ... », dit-elle avec un sourire malicieux. « Qu'est-ce que tu dirais d'aller faire du shopping demain ? On pourrait te relooker ? ».

La remarque ne me fait pas forcément plaisir mais je vois qu'elle est sincère et ne l'a pas dit avec méchanceté, ce qui me rassure.

Après avoir visité l'ensemble de la maison, nous passons à table. La cuisinière est excellente, elle s'appelle Maria et s'occupe également du ménage de l'appartement, la pauvre. Moi qui ne suis pas habitué à avoir une domestique, je n'ai pas pu m'empêcher de l'aider à débarrasser, jusqu'à ce qu'elle me fusille du regard en me disant avec un fort accent mexicain « Non laissez Mademoiselle, c'est à moi de le faire ». J'obtempère et retourne à table. Le diner se passe dans la bonne humeur, chacun essayant d'apprivoiser l'autre en faisant connaissance. J'apprends que Chloé est fiancée à un riche magnat de l'immobilier et Joey à une jeune peintre en vogue à New-York. Mike me met également en garde contre les côtés néfastes de la notoriété ainsi que toutes ces petites choses quotidiennes que je ne peux désormais plus faire.

« Malheureusement, il faut peser chacun de nos faits et gestes. Avec les médias et les réseaux sociaux, tomber en disgrâce est quelque chose de très facile. N'importe qui peut s'improvisait paparazzis du moment qu'il possède un téléphone. Parmi les choses à éviter, il y a bien sûr les soirées trop arrosées par exemple.

- Je me suis fait avoir une fois, à la sortie d'une boîte de nuit où j'avais un peu trop bu. Cela m'a fait de la mauvaise pub et je n'ai pas eu de proposition pendant un mois, le temps que les esprits se calment », me prévient Aidan. « Depuis, je fais ça plus discrètement », ajoute-t-il en riant.

Je me rends compte petit à petit de la pression médiatique qui pèse sur chacun des membres de la famille et maintenant sur moi aussi. Bien qu'Emily soit dans une université accessible surtout pour les personnes aisés, elle a déjà était victime de remarques désobligeantes. Autant de la part des élèves que des professeurs.

Toute cette discussion me force à réfléchir. Est-ce vraiment de cette vie que je veux ? Avec l'accord de Mike, je décide de reprendre les cours la semaine prochaine. Je vais être à l'Université de NY, comme Emily, mais dans un département différent.

Je me couche et je m'endors très vite, à la fois extenuée par le voyage et enivrée par tout ce luxe. Qui n'y prendrait pas goût ?

Je me réveille le lendemain en me demandant où je suis. Les draps de satin et le matelas moelleux me retiennent dans le lit. C'est Ella qui frappe à porte la première, me prévenant que le petit déjeuner est prêt.

Après avoir pris une douche brulante, Emily m'invite à des essayages. Elle me guide en regardant ma silhouette et en balançant des vêtements partout en répétant « Ça oui, ça non trop grand. » Au bout d'une heure, j'opte avec son accord, pour une jolie robe couleur crème un peu moulante avec une veste en jean et des baskets à la mode.

« Magnifique ! Regarde-toi ! Tu vas en faire des envieuses. Oh ! Je vois déjà Rebecca Stinson s'en mordre les doigts.

- Oui c'est pas mal. Qui est cette fille ?

- Elle habite un peu plus haut dans la rue. Nous avons fait toute notre scolarité ensemble et nous avons toujours été en compétition. Son père dirige un label de musique très connu et sa mère est une des plus grandes cuisinières étoilées de toute la ville. Tu l'as reconnaîtras bien assez vite, crois-moi. »

Elle me tend un magazine people avec une jeune fille blonde et bimbo à la une.

« Bingo ! C'est elle. Avec son petit ami, un des chanteurs du groupe NYC. »

Beurk, le genre de fille qui m'horripile au plus haut point.