Chapitre 17 : Un nouveau monde

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Avant d'arriver à New-York, je pensais que les films et les séries nous mentaient. La vie ne pouvait pas être ainsi, si différente de la France. Et pourtant, non, ce n'est pas un mythe.

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19h30. L'avion atterrit enfin, après un voyage de huit heures qui m'a paru interminable. C'est la toute première fois que je prenais ce transport et je n'étais pas du tout rassurée. Qui plus est, j'étais assise à côté d'un homme costaud qui ne me laissait guère de place sur mon siège. Je n'avais ni réussi à dormir, ni à lire ou quoi que ce soit car j'étais trop excitée et effrayée à la fois.

Ma valise à la main, je me fonds à la foule. J'ai l'impression qu'ici, les gens sont moins pressés qu'à Paris et ont l'air détendus. Le brouhaha général de l'aéroport et l'accent très prononcé des américains me donnent le tournis. En cinq minutes, j'ai dû entendre une quarantaine de fois l'expression « Oh my god ! », si caractéristique et propre à ce pays. Je cherche des yeux une pancarte avec mon nom écrit dessus, lorsque je vois une foule compacte se dirigeait vers un seul et même point. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Des flashs sortis de nulle part m'aveuglent et c'est alors que je crois comprendre. Mike Carter vient d'entrer dans l'aéroport avec toute sa belle famille blanche américaine. 

A les voir au loin, mon cœur se serre et un mauvais pressentiment m'envahi. Je ne pourrais jamais être des leurs. Nos vies ne peuvent se confondre puisqu'elles sont si antagoniques. Je reste un moment plantée là avec ma valise, ne sachant que faire. Avancer ou me retourner et me sauver ? Une petite voix dans ma tête me dit que toute ma vie je me suis demandé qui était mon père et je ne peux pas renoncer maintenant. Peu importe qui il est, je dois l'accepter car son sang coule dans mes veines, au même titre que ses autres enfants. Moi aussi, j'ai droit à ma chance.

Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage que je le vois s'approcher de moi avec un grand sourire, les paparazzis sur son dos.

« Ah ! Ma fille. Bienvenue en Amérique, le pays de tous les possibles ». Il me prend dans ses bras chaleureusement et me chuchote à l'oreille :

« Ne fais surtout pas attention à ces crétins et ne leur parle pas. » Avec cette phrase, je commence à prendre conscience de la réalité de sa vie. Et de la mienne maintenant. Une vie faite de paillettes et de belles robes, mais sans aucune intimité.

Sans que j'aie le temps de comprendre, un homme gigantesque en costume à la Men in Black et lunettes noires se saisit de ma valise et me prend par le bras. Un autre fait barrage entre moi et les photographes pour nous frayer un chemin.

« Mademoiselle, Mademoiselle ! Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ? Êtes-vous une chanteuse ? Une mannequin ? Une actrice ? Êtes-vous une fille illégitime de Mike Carter ? ».

J'entends tellement de journalistes parlaient que je ne comprends plus rien.

Après des secondes qui me paraissent interminables, nous arrivons enfin à la voiture, une limousine noire aux vitres teintées. Je me faufile à l'intérieur, Mike sur les talons. Lorsque le garde du corps referme la porte, je soupire de soulagement. Si rien que ça c'est une épreuve, comment vais-je faire pour vivre normalement ?

Mike hèle son chauffeur, Earl un homme afro-américain de la cinquantaine, pour lui dire de démarrer. Je reprends peu à peu conscience d'où je suis. Six personnes me regardent avec attention et je rougis inévitablement. C'est Elizabeth, la benjamine qui prend la parole en premier :

« Whouah ! Tu ressembles à Lucy Liu ! »

Amusée, je prends ça pour un compliment et la remercie.

« Mais non, Beth, Anha Ly est d'origine vietnamienne alors que Lucy Liu est chinoise. », lui rétorque sa grande sœur Emily.

Mike me présente alors toute sa famille et cela me touche beaucoup qu'ils soient tous présents pour mon arrivée. Chloé est magnifique dans sa robe rose pastel à paillettes, ses cheveux blonds lui tombant en cascade sur les épaules. Son frère est vêtu d'une chemise blanche avec une cravate et d'un pantalon de smoking. Ses yeux verts pétillent d'une lueur malicieuse et j'en déduis que ce doit être le rigolo de la famille. Aidan avec son allure de mannequin était tout simplement beau comme un dieu. Ses cheveux mi- longs sont noirs ébènes et ses yeux assortis lui donnent un air profond et mystérieux. Sa barbe de trois jours lui confère un aspect encore plus viril. 

L'avant-dernière de la fratrie Emily, ressemble beaucoup à sa mère, la troisième et dernière femme de Mike. Elle est brune et porte les cheveux courts qui font ressortir son magnifique port de tête. Elle est vêtue d'un short en jean taille haute déchiré et d'un crop top gris vieilli avec des boots noires. Enfin, Elizabeth la plus jeune a les cheveux châtains, les yeux noisette. Elle a le même nez que son père que je reconnais comme étant le mien également.

« Je suis ravie de t'avoir avec nous Anha Ly. Peut-on t'appeler Anha ? », me demande Ella, la femme de Mike.

Je lui réponds par un hochement de tête, subjuguée par sa beauté. Je pense qu'elle doit avoir à peu près quarante ans. Elle paraît très grande et svelte, avec des beaux cheveux bruns bouclés et un visage quasiment parfait. Plus jeune, elle a dû être mannequin.

Pendant que je les observe, un à un, je me dis que cela ne devrait pas si mal se passer. Sauf erreur de ma part, j'ai réellement le sentiment qu'ils sont heureux que je sois des leurs.

« Très bien, Ahna alors. Bienvenue parmi nous ! Tu fais désormais partie de la merveilleuse famille Carter », me dit en souriant Joey.

- Merci à tous de m'accueillir ainsi. Je sais que ça ne doit pas être facile mais je vous jure que je ne suis pas là pour vous nuire. Mais juste pour vous connaître. » Je certifie timidement.

Environ vingt minutes après avoir quittés l'aéroport, la voiture s'arrête. Mike m'apprend qu'ils vivent dans l'Upper East Side, le quartier le plus cossu de New-York au nord-est de Manhattan, non loin de Central Park. A cause de vitres teintées, je ne peux pas m'imprégner du paysage renversant des buildings mais rien qu'avec le bruit, je ressens ce que l'on peut voir dans les films. Un des gardes vient m'ouvrir la porte et je descends, presque apeurée d'ouvrir les yeux sur ce nouveau monde qui m'entoure. L'immeuble me paraît immense. Il est façonné en pierre blanche, dans un style art déco avec des fenêtres en arc de cercle. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'un jour, je franchirais la porte d'une habitation comme celle-ci.

« On habite au dernier étage, je t'en prie, entre Anha », me propose Mike.

Un homme en costume vient m'ouvrir la grande porte en fer forgé.

La porte de ma nouvelle vie.

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Manhattanhenge (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant