Chapitre 8 - Sentiments

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Nous décidons de marcher le long des quais, afin de continuer notre conversation et de profiter du silence de la nuit. Là, naturellement au moment où je m'y attends le moins, Raphaël me prend la main. Elle est chaude et extrêmement douce. Sa chaleur m'envahit entièrement, telle une énergie invisible, je frissonne.

« Tu as froid ? » me demande-t-il.

Je sens mes joues viraient au rouge et réponds non de la tête, gênée. Je tourne mon visage de l'autre côté pour essayer de me reprendre, tout en regardant les quais de Seine. Paris est décidément une ville magnifique, je ne m'en lasserai jamais. Juste devant nous, un couple rit aux éclats et s'enlace amoureusement et j'ai le sentiment que cela pourrait être nous. 

Que vais-je faire si je dois partir ? Je ne peux choisir entre ma quête d'identité et un amour naissant, je veux avoir les deux même si je sais que c'est impossible. Il faut d'abord que je démêle le premier nœud, ce que je ferais demain.

Soudain, Raphaël stoppe net son allure. Je lui demande pourquoi et se contente de me tourner vers lui, sans me répondre. Il se rapproche de moi et je sens son souffle chaud sur mon visage. Il me regarde sans un mot et je rougis une nouvelle fois, je n'ose soutenir son regard.

« Pourquoi tu ne veux pas me regarder ? Serais-tu intimidé par mon irrésistible charme ? me demande-t-il en riant.

- Tu m'as démasqué, je ne peux pas lutter devant tant de perspicacité !

- Assez parlé jolie Anha... »

Du bout des doigts, il relève délicatement la mèche qui tombe devant mes yeux et lève mon visage vers le sien. Cette fois, je plonge tête la première dans son regard qui m'attire comme un aimant. Lentement, il penche son corps longiligne vers moi et m'embrasse prudemment. 

Prise d'une indomptable envie, je lui rends son baiser avec ardeur. Il paraît surpris de cette audace mais ne s'arrête pas pour autant. J'ai l'impression que ce moment dure de longues minutes et finalement, nous nous détachons lorsque nous avons le souffle coupé.

« Et bien. Je ne pensais pas que tu embrassais comme ça, timide Ahna » ajoute-t-il avec un clin d'œil significatif.

Nous rentrons à notre immeuble, main dans la main. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ce baiser et des tonnes d'images se bousculent dans ma tête, dont certaines ne sont pas très catholiques. Je tourne mon visage vers lui, pense-t-il la même chose ? En tout cas, il a l'air tout aussi perdu et regarde droit devant lui, s'en prêter attention au fait que je le dévisage. Cependant, j'aperçois un sourire qui s'étire sur son beau minois. Je voudrais tellement connaître ses pensées.

Nous ne parlons plus jusqu'à notre arrivée et montons les escaliers en silence. Cette fois ci, c'est à moi de briser notre mutisme :

« La nuit porte conseil Raphaël. Je t'avoue qu'à cet instant, tout est confus mais demain j'appelle ce fameux numéro pour en avoir le cœur net. Je te retiens au courant, évidemment.

- Oui, je pense que c'est la meilleure chose à faire, ne nous précipitons pas. Bien que l'envie ne manque pas » ajoute-t-il à voix basse.

Je l'embrasse une dernière fois avant de rentrer dans ma chambre de bonne. Je referme ma porte et me laisse aller à une danse de la joie avant de tomber dans un sommeil profond. 

Manhattanhenge (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant