Why?

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Prête pour aller en cours, j'attendis le véhicule jaune qui devait m'emmener en cours. Une fois le bus devant l'arrêt, je montai à l'intérieur et me traînai pour rejoindre le fond avec de la musique dans les oreilles. Des adolescents lourds s'installèrent à côté de moi. Ils parlaient fort, je dus mettre ma musique à fond pour ne plus les entendre. Je descendis du bus, entrai dans le hall du lycée et rejoignis mes amis de l'année.

Ma journée ressembla à celle de la veille. Il n'y avait pas grands changements. Des cours ennuyeux et une ambiance conviviale à la cantine. Aujourd'hui, je ne voyais pas Jayden, pas avant demain. Je rentrai chez moi et fit mes devoirs. Toujours des maths, de l'anglais, du français et de la science. Je m'avançai sur mes autres devoirs une fois les autres matières révisées et exercées.

- Tu es vraiment insupportable... Sur les milliards de Terriens que nous sommes, il a fallu que je tombe sur toi, râla-t-il.

- Je pourrais te dire la même chose, encore.

Je terminai mes devoirs et allai sur le canapé, devant la télé avec un paquet de pop corn. Je regardai des épisodes de séries, j'étais pas mal en retard. Entre temps, Jayden me téléphona. On parla de tout et de rien. Il me proposa de boire un verre demain, après les cours et la danse. J'acceptai volontiers. Cela pouvait me faire une petite sortie, m'aérer l'esprit. Nous discutâmes encore quelques instants puis nous raccrochâmes un peu plus tard.

- Sérieusement? Un rencard? Toi? dit la voix dans ma tête avec dégoût. Il doit vraiment être désespéré pour vouloir traîner avec toi.

- Boire avec quelqu'un ne veut rien dire, Joe, contrai-je.

- Tss... Comment il fait pour danser avec toi.

La porte se déverrouilla et la voix enjouée de ma mère résonna dans le hall. J'étais frustrée de ne pas avoir pu répondre à Joe! Mais je ne montrai rien de tout ça à ma mère.

- Bonsoir maman, saluai-je

- Gna gna maman, singea Joe.

Je demandai à ma mère comment s'était passée sa journée. Elle me disait qu'elle a eu des clientes insupportables. Je plaignis ma mère pour avoir des clientes parfois difficiles. Elle m'avoua que, parfois, elle avait envie d'être sincère et sans délicatesse. Puis à mon tour, je lui parlai de ma journée, pas vraiment trépidante. J'en profitai pour prévenir ma mère que demain j'allais sortir avec Jayden. Elle se réjouit de voir que j'allais sortir avec un ami. Je ne sortais pas souvent comme la plupart des adolescents le faisaient. Pourquoi? Je ne saurais trop dire... peut-être que ça ne m'avait jamais vraiment attiré. Ma mère prépara le dîner, je me décidai à l'aider. Ce soir, c'était italien: pâtes à la carbonara. Elle et moi mangeâmes tranquillement. L'heure des informations arriva et la mère éteignit la télé, comme d'habitude. Je soupirai, je sentis son regard sur moi. Elle me demanda si j'allais bien. Je lâchai la fourchette et la regardai dans les yeux.

- Pourquoi tu coupes la télévision quand ils passent les informations, demandai-je.

- Je te l'ai déjà dit, Lucy, soupira ma mère. La télévision nous retourne le cerveau.

- Dans ce cas, pourquoi en avoir une? Si ce n'est que pour regarder des DVD ou des vidéos à la demande. Tout ça pourrait aussi me monter à la tête! ajoutai-je. Et puis de quoi j'ai l'air à l'école à être aussi ignorante? 

- Tu n'apprécies pas les moqueries? Tu as tort, ricana Joe.

- Je sais que ce n'est pas évident pour toi, répondit ma mère. Mais ce sont les règles de la maison.

- Tss... Margot n'est vraiment pas créative.

- Crois-moi, c'est pour ton bien.

- Blah blah-blah blah-blah, souffla la voix dans ma tête.

- J'ai du mal à te croire. Pour mon bien, je dois subir des moqueries à l'école? Surtout de la part de cet abruti de Ryan Paterson.

Ma mère soupira, n'ayant pas d'autres arguments assez pertinents pour justifier ce "bien". Je n'avais pas envie de retomber dans une discussions de sourds, et d'entendre encore une fois la même chose. Tout cela me coupa l'appétit. Alors, je me levai et restai quelques instants debout. Je regardai ma mère qui soutint mon regard avec inquiétude.

- Tu ne pourras pas me protéger éternellement, lui dis-je.

Je quittai calmement la table, sans rien dire d'autre. J'allai dans ma chambre m'isoler. Je ne voulais plus voir ma mère. Je m'assis sur le bord de mon lit et pris mon PC portable. J'allai sur le site de la chaîne Brooklyn News et regardai les infos après avoir branché mes écouteurs. Ma mère ne vint pas de la soirée, sûrement parce qu'elle n'osait pas me contrarier davantage. J'entendis mon père rentrer mais je n'allai pas l'accueillir, je n'avais pas envie de voir mes parents de la soirée. Mon père vint me voir, mais je l'envoyai balader, gentiment. Il insista tout de même.

- Je sais qu'il y a des règles dans cette maison, soupirai-je. Mais comment je peux la respecter si je ne les comprends pas.

- Lucy... Tu es trop jeune encore pour qu'on puisse te l'expliquer.

Trop jeune, trop jeune... j'étais toujours trop jeune! C'était toujours la même chose, toujours la même excuse. C'était injuste! Je demandai à mon père de sortir de ma chambre, je ne voulais plus parler à personne. Mon père soupira et se dirigea vers la porte puis se tourna vers moi en soupirant.

- Petite parole niaise dans trois... deux... 

- Lucy... Maman et moi t'aimons très fort... nous voulons te protéger.

- Dis bonne nuit à maman de ma part, demandai-je en ignorant ses mots.

- ... Si tu as faim dans la soirée, ton assiette est dans le frigo...

Je restai quelques temps sur internet après le départ de mon père. Je mis mon réveil pour six heures vingt et m'endormis à vingt-trois heures trente. J'avais du mal à trouvé le sommeil, j'avais peur de revoir Joe dans ma chambre et je ne cessai de penser.

Le réveil était encore une fois difficile. Je me levai péniblement pour me rafraîchir dans la salle de bain. Je pris mon petit-déjeuner par la suite et m'habillais. Le temps était maussade dehors, et il avait l'air de faire frais. Je mis un t-shirt simple et unicolore avec de longues manches et je mis par dessus un hoodie avec un pentacle dessus. J'enfilai un jeans bleu foncé. Je finis de me pouponner et embarquai mon sac pour filer dans le bus. Et c'était parti pour une autre journée banale et pourrie.

- Et avec tout ça, tu restes la bonne élève dont tout le monde se moque... Ridicule... Pathétique... 

- La ferme, Joe, l'interrompis-je à mi-voix.

Je me dirigeai vers mes amis avec un large sourire. Durant les cours, je n'avais qu'une hâte: être à quinze heures pour sortir d'ici et aller à la danse. Je verrais au moins Jayden et j'oublierais cette maudite voix qui n'avait cessé de jacasser toute la matinée. J'avais eu du mal à me concentrer sur mes cours à cause de Joe.

Le bus arriva à quinze heures dix-huit. Je n'en pouvais plus de cette journée. La danse se passa bien, Jayden m'avait redonné le sourire avec sa bonne humeur et son propre sourire. Il me fit virevolter durant nos danses bien rythmées par la musique rock'n'roll. J'étais heureuse d'être Vendredi. Le cours se termina, il était temps de rentrer à la maison. J'étais chez moi à dix-sept heure cinquante. Je me goinfrai encore une fois devant un téléfilm pourri, puis je fis un zapping quand j'en avais marre. Soudain, le jingle des informations se fit entendre. C'était un flash spécial. Pour une fois, je pouvais voir ce qui se passait dans le monde sans mettre d'écouteur et en cachette sur mon ordinateur portable. Je laissai la chaîne et la regardai. Hors de question de rater une telle occasion! 

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant