No Lobotomy

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Harley Quinn

J'entendis les cris de ma fille. On était en train de lui griller les méninges. Ses hurlements m'arrachèrent le cœur. En deux décharges, je percevai faiblement ses pleurs. J'aimerais tellement pouvoir la sortir de là. J'aurais dû prévoir les possibilités, j'aurais dû prévoir ce que Joe allait dire ou faire pour inciter ma fille à se comporter ainsi à Arkham. Je n'avais été qu'une idiote! Je me blottis contre le mur au fond de ma cellule, je m'en voulais terriblement de l'avoir amené ici. Les larmes commencèrent à couler sur mes joues tandis que mon cœur se serra de plus en plus.

- Harley, ne te laisse pas abattre, m'encouragea Harleen.

- Qu'est-ce que tu veux? demandai-je bougon.

- Arrête de te rabaisser, cela n'aidera pas Lucy. Réfléchis à un moyen de la sortir de là avant qu'ils ne la lobotomisent.

La psychiatre dans mon crâne avait raison. Malgré les pleurs et les hurlements de ma fille, je devais réfléchir à un plan d'évasion. Il m'était difficile de prendre du recul et imaginer quoi que ce soit avec la détresse de ma fille, mais je ne devais pas la laisser tomber. Margot l'avait déjà fait en acceptant qu'elle se fasse torturer. C'était à moi d'agir et réparer mon erreur.

- Souviens-toi de Roland, Harley, souffla l'ancienne moi. Je suis sûre que tu as moyen d'obtenir quelque chose de lui.

Elle avait raison, et sa petite suggestion provoqua un sourire malicieux sur mon visage. Cet énième hurlement de détresse et de souffrance me le fit perdre. La malice avait laissé place à la colère et à la détermination.

Lucy Quinzel

Le médecin déclara que c'était assez pour aujourd'hui, et qu'il continuerait le lendemain. Chaque jour, c'était ainsi et il n'y avait aucune amélioration. Soit Joe restait encore dans ma tête, soit il était pire. J'étais si fatiguée par les épreuves, que j'ignoraism ma mère quand elle voulait me parler depuis sa cellule. Je restai sagement assise à terre, à m'appuyer contre un mur. Quant à Joe, il était très bavard. Mais j'étais si fatiguée par l'électrisation, que je ne pus répondre... À la place, je me laissai m'écrouler par terre, regardant un point fixe et invisible sous mon lit.

Les jours suivants, constatant rien de changé, les médecins prévoyaient une lobotomie pour moi. Ils m'en informaient après l'avoir fait avec mes parents. Il me restait trois jours avant que les médecins s'exécutent. Entre temps, j'eus la visite de mes parents. C'était étrange, j'avais l'impression que ça faisait longtemps que je ne les avais pas vu. Mon père avait du mal à me parler. Quant à ma "mère", elle se contentait de pleurer et dire qu'elle était désolée. Face à elle, je restai silencieuse, je regardai dans le vide. J'étais lessivée par les électrochocs que j'avais subis.

- Désolée? Elle est désolée? Elle te torture et elle te condamne, avec ça elle est désolée, s'insurgea Joe.

Je me mis à rire en même temps que Joe. Nous rîmes au nez de cette ironie comme à mes parents. Je vis la peur mêlée à de la surprise sur le visage de ma mère adoptive. Son expression faciale traduisit sa pensée... elle devait sûrement se dire qu'elle ne me reconnaissait plus. J'arrêtai de rire de manière malsaine et regardai Margot droit dans les yeux.

- Je ne savais pas que les bourreaux avaient des regrets, rétorquai-je.

- Eh bien! Quel changement! s'étonna Joe, très satisfait. C'est électrochocs ont fait un très bon boulot!

Je me levai et me dirigeai vers le garde qui m'avait accompagnée. Je marchai lentement, comme si j'errai, comme si je laissai mon corps aller où il voulait. Je ne me retournai même pas pour voir tante Margot, avant que je devienne juste un organisme vide.

Harley Quinn

Ma fille revint dans sa cellule. Je lui demandai comment s'était passé la visite avec Margot. Elle me dit que c'était des larmes, comme la veille.

Ces trois derniers jours, j'avais eu le temps de cogiter et de préparer mon évasion. Roland avait accepté de m'aider. Il était facile de le manipuler avec sa fille. Elle était tout de qui lui restait depuis que sa femme était morte d'un arrêt cardiaque. Un petit peu de larmes, quelques phrases à faire pitié, et une toute petite menace de rien du tout avaient suffit. S'il ne fermait pas la porte de ma cellule et celle de Lucy sans la verrouiller, et qu'il ne faisait pas exprès de perdre sa carte, je m'occuperai moi-même de la lobotomie de sa fille, dans sa propre chambre. Et n'ayant jamais pratiqué ça, je risquerai de la tuer, cela aurait été dommage.

Ce soir, c'était le grand soir. J'avais eu le temps de trouver une solution pour abriter ma fille. Ivy m'a dit, un jour, que si elle venait à disparaître, je pouvais la retrouver sous une autre forme, dans la maison où elle vivait. Aujourd'hui, son nid douillet devait être envahi de lierres et autres plantes grimpantes et de mousses végétales. Elle avait sous-entendu que je serais la bienvenue chez elle, même après son départ.

Comme prévu, Roland n'avait pas verrouillé la porte de ma cellule et celle de ma fille. Il avait aussi fait tomber sa carte d'accès juste devant ma porte. Ces derniers jours, avant l'évasion, je m'étais comportée sagement, je n'avais plus besoin de ma camisole. Je sortis de ma cellule en prenant soin de prendre la carte d'accès. Je la cachais dans le seul sous-vêtement qui me restait, même si ce n'était pas agréable: dans ma petite culotte, juste au-dessus des fesses. Le haut de ma tenue cachait la carte. Je vis les caméras de surveillance désactivée. Roland, que ce soit en tant que garde ou en tant que complice, il ne faisait pas les choses à moitié.

J'ouvris la cellule de ma fille, qui avait cette maudite camisole. Je la lui retirai et la portai sur mon dos. Elle était épuisée de tout ça. Je lui demandai de s'accrocher à moi de toutes les forces qu'elle avait malgré les différents médicaments dans son sang, servant à la faire comater. J'allai au sous-sol du centre médical pour récupérer mes affaires et mes quelques gadgets. Le short et le corset enfilés, chaussures à mes pieds, je repris ma fille et la portai sur mon dos. Je quittai le centre médical et rasai les murs des bâtiments, jusqu'à arriver vers la petite séparation entre l'aile Est et l'aile Sud où se trouvait le potager de l'asile, qui était interdit aux détenus à cause des murs entourant l'asile qui ont été détruits il y a trois semaine... un coup des hommes de Double-Face pour le faire évader. Les réparations étaient en cours, j'avais l'occasion de me glisser dans le trou causé par la bombe et tirai ma fille de là.  

Je transportai Lucy jusqu'à ce qu'on arrive à Gotham. Cela faisait des heures que j'avais marché avec elle sur mon dos. Je n'en pouvais plus. Il me fallait une voiture. J'errai encore quelques kilomètres et mon fut exaucé. Une voiture, dont la musique résonnait dans l'habitacle était en approche. Je déposai ma fille au pied d'un arbre et allai réquisitionner la voiture. Cette dernière s'était arrêté dans un coin pour admirer la vue sur la mer. À tous les coups, là-dedans, c'était un couple de jeune. Ah... ce cliché. Trêve de suspicion, on passe à l'action. Je me mis devant la voiture et regardai les deux adolescents à l'intérieur. La fille hurla de peur quand elle m'aperçut. Je ris et m'approchai de la voiture. Je me plaçai du côté conducteur et ouvris la portière. J'extirpai le type et le jetai dans l'herbe. Je braquai mon arme sur la demoiselle et lui demandai de sortir, en chargeant mon flingue. Elle s'en alla comme une gentille fille. Je montai dans la voiture et la démarrai. Évidemment, je n'oubliai pas de les remercier de leur coopération.  

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant