Freaky Birthday

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Je ne répondis pas à Joe. Trop absorbée par le reportage sur le Pingouin. Joe bougonna dans son coin, en quelque sorte. Il se plaignit encore qu'il était avec une gamine ennuyeuse et stupide. Après le reportage, je fis mon boulot de bonne élève. Je fis mes devoirs et révisai pour le prochain contrôle.   

Cela faisait plusieurs semaines que mon sommeil était perturbé... Entre la voix de Joe qui m'incitait à tuer le Joker et les mauvais rêves qui illustraient les manières avec lesquelles je pouvais procéder, j'étais quelque peu irritable. Et encore, j'essayai toujours de me contrôler. Mais parfois, je finissais dans ma chambre jusqu'au dîner... Ou je me retrouvais punie du reste de la journée ou de la semaine... Punie trois semaines pour être allée en week-end à Gotham, un mois et demi après avoir tout retrouvé, et me voilà encore punie. Demain, j'allais avoir seize ans et j'avais un très mauvais pressentiment. J'étais à bout de nerfs ces derniers jours, par le manque de sommeil et par l'agacement provoqués par Joe. J'étais si fatiguée, que je m'endormais en cours... Un soir, j'étais dans mon lit, à essayer de dormir malgré la moitié de somnifère, mais rien n'y faisait.

- Joe... tu essayes de me faire entrer à Arkham, grommelai-je.

- OH! s'exclama-t-il. Maintenant que tu le dis, c'est une bonne idée. Je vais continuer, se réjouit-il.

Je tentai de m'endormir tant bien que mal, mais c'était en vain... Je dormais sans réellement dormir. Le lendemain, je me réveillai, toujours avec autant de difficulté. Mes paupières étaient étirées. Je me rendis dans la cuisine et croisai ma mère en train de boire un café. Elle me demanda froidement si j'étais encore de mauvais poil. Je ne répondis même pas.

- Je ne vois pas pourquoi je pose la question, soupira-t-elle dans sa tasse avant de boire une gorgée.

Je ne réagis toujours pas et préparai mon bol de céréales puis m'assis à la table de la cuisine avec elle. Ma mère, malgré mon humeur et la froideur de l'ambiance à la maison, me souhaita un joyeux anniversaire. J'esquissai un petit sourire sur mon visage en la remerciant.

- Il me manquait celui-là, souffla-t-elle.

- Je... Je vais essayer de faire un effort, maman, annonçai-je. Mais je ne garantis rien...

Plus tard, j'aidai ma mère à préparer ma fête d'anniversaire. Je ne voulais pas que mon anniversaire soit une fête surprise. J'avais horreur de ça. Durant la semaine, j'avais donné des invitations aux élèves de ma classe.

Vers seize heures, tout était prêt. Les premiers invités arrivèrent tout juste après avoir mis une musique d'ambiance festive. Je m'occupai d'accueillir les gens pendant que ma mère préparait le repas du soir ainsi que mon gâteau d'anniversaire.

La journée allait me sembler longue. Elle ressemblait bien au cliché de fête d'anniversaire... jusqu'à cette banderole "Happy Birthday Lucy!"... Et je devais m'efforcer de sourire alors que la seule chose que je désirai au monde, en ce Samedi, c'était dormir. Juste essayer de récupérer mon sommeil. J'aurais très bien pu dire non à ma mère pour la fête, mais seize années ce n'était pas rien... Des années à supporter une voix qui ne faisait que me rabaisser, t'insulter...

- EH! Sans moi, tu vivrais encore dans le mensonge, protesta Joe.

... m'incitant à tuer quelqu'un, et pas n'importe qui... Des élèves discutaient avec moi, autour d'un verre. J'étais là sans être réellement là... J'allai de groupe en groupe. Je servis aussi les biscuits apéritifs pendant que mon père faisait la même avec les boissons.

Puis vint ce fameux moment où tout le monde chante. Je faisais encore plus semblant de sourire pendant qu'on posait le gâteau trois chocolats et le bavarois sur la table de la salle à manger. Je soufflai mes bougies et fus applaudie par tout le monde. Jayden applaudissait le plus et avait un grand sourire. Je remerciai hypocritement la venue de mes amis, je fis semblant d'être heureuse alors que ma tête était sur le point d'exploser.

Harley Quinn

J'aurais aimé être là à ses seize ans... Je regrettai mon absence. Mais j'étais heureuse d'avoir réussi à la cacher de son père pendant toutes ces années. Ces derniers temps avaient été durs, mais elle était en sécurité et c'était ce qui m'importait le plus. Mon poussin était toujours à la recherche de Lucy, mais au final, c'était une recherche vaine, et il avait d'autres chats à fouetter, et je ne parlais pas de Catwoman. Quoique... elle lui avait volé une babiole, il y a deux ou trois nuits de ça. La voilà débouler dans notre suite du Silver Laugh. Mon poussin tournait lentement autour d'elle, en sale état, après l'avoir jetée à terre.

- Je ne vais pas me répéter, chat de gouttière. Dis-moi où il est?!

Mon poussin avait récemment dérobé un diamant. Le plus convoité de tout Gotham, si ce n'était pas le monde entier. Il comptait s'en servir aujourd'hui pour acheter de nouveaux jouets et quelques munitions au Pingouin. Mais il avait fallu que la petite voleuse passe au Silver Laugh. Elle avait pas mal d'audace pour s'en prendre à lui. J'étais sûre qu'on l'avait payée.

- Pourquoi? Le Joker a des dettes, ricana-t-elle.

Il la gifla avec un coup de crosse. Elle se pencha vers l'avant, le sang coulant de sa bouche. Heureusement que le tapis était noir... Mon poussin continua d'interroger Catwoman.

- Batman sera si triste de savoir que son chaton est dans un sale état. Harley! m'appela-t-il après un silence.

Mon poussin savait qu'il y avait quelque chose entre le chat et la chauve-souris. Elle n'était pas l'un de ses larbins comme Robin ou Batgirl, ou bien encore Nightwing, elle était plus que ça. Je relevai la tête et regardai mon poussin. Il avait son sourire sadique, ses yeux étaient emplis de malice. Il avait quelque chose derrière la tête. Et je pensais savoir ce que c'était.

- Que dirais-tu qu'on fasse une petite vidéo et qu'on s'amuse à maltraiter le chat?

- ESPÈCE D'ORDURE, s'écria-t-elle en s'agitant.

Elle réussit à se libérer des liens qui emprisonnaient ses mains derrière le dos et s'attaqua à mon Monsieur J qui explosa de rire. J'allai chercher la caméra. Le chaton qui se débattait pour sauver sa vie était une chose à ne pas manquer. Même si ce n'était pas les seize ans de ma fille que je filmai, et qu'elle devait passer un bon moment d'une autre manière, cela restait un jour pour rire et s'amuser.

Lucy Quinzel

J'aurais voulu que cette fête se passe autrement. Un anniversaire où je souriais sincèrement, comme toutes les autres années. J'avais trop de choses en tête, la fatigue pesait sur moi. Je retirai les bougies des deux gâteaux, quand soudain, ce fut le noir complet. Des rires retentissaient derrière moi, de la fraîcheur et de la crème collaient à mon visage. Je relevai lentement la tête et sentis des morceaux tomber de ma face. J'ouvris les yeux et vis le bavarois écrasé, sans réelle forme.

Je compris alors ce qui s'était passé... Quelque chose montai en moi, un sentiment négatif et puissant. Je grognai alors que les autres riaient. Je frottai mon visage pour retirer un maximum les morceaux de bavarois de mon visage. Mes grognements étaient plus ou moins fort selon ma respiration, je me sentais de moins en moins moi-même. Je me retournai, la rage montant en moi. Je vis cet imbécile de Ryan, avec des morceaux de bavarois en main, rire à gorge déployée. Cet idiot avait plongé ma tête dans mon gâteau d'anniversaire!  

Je vis Ryan tomber en arrière et j'entendis des insultes prononcés avec colère et rage. Je vis ses lèvres bouger mais je n'entendais pas. Quelque chose avait envahi mon cœur face à cette scène. J'haletai, et pourtant, je ne sentis presque plus mon corps. Je vis du sang couler sur le visage de cet idiot de Ryan, puis des hématomes causés par des poings. Je sentis des mains sur mes épaules et mes bras, alors que je ne fis rien à part regarder le visage de Ryan arborant des hématomes et saignant à quelques endroits. Joe rit aux éclats dans ma tête, jouissant du spectacle. 

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant