Familying

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Le verre d'eau m'apaisa tout doucement... mais Joe ne voulait pas se taire. Je n'en pouvais plus de ses dires. Je continuai à l'ignorer, même si j'entendais son monologue. Mais ma patience avait des limites, il fallait que ça s'arrête.

- C'est bon? Tu as fini, demandai-je après le silence de Joe.

- Ah si tu veux, je peux encore me répéter et te parler d'Harley Quinn.

- Et si je m'en fichais, demandai-je.

- Oh oh, rit-il. Pas à moi, petite Lucy. Dis... avec tout ça, tu ne voudrais pas connaître ton père, provoqua-t-il.

- ARRÊTE JOE! hurlai-je en jetant le verre d'eau contre un mur de la cuisine.

Le verre se fracassa en mille morceaux contre le mur. Je n'arrivai plus à l'ignorer, il m'était insupportable de l'entendre. Je ramenai mes mains sur mes tempes. Je voulais qu'il sorte de ma tête. Je le supportais depuis beaucoup trop longtemps! À chaque fois, il l'ouvrait c'était pour me faire du mal avec ses mots! À chaque fois qu'il parlait, c'était pour en rajouter une couche, me rabaisser, dès que l'occasion se présentait.

- Ferme-là! Ferme-là! Ferme-là, répétai-je.

- Je veux l'autre expression. Arrête de faire la fifille modèle à sa maman bien élevée! Du sang criminel coule dans tes veines!

- FOUS-MOI LA PAIX, hurlai-je automatiquement en montrant mon visage au ciel.

- Oh! Les nerfs qui lâchent... parfait! se réjouit-il

J'éclatai en sanglot, je tombai sur mes rotules, mon visage fit face au sol, mes mains toujours sur chaque côté de ma tête. Je voulais qu'il parte, je ne voulais plus l'entendre... je voulais juste la paix... Joe exprima toute sa satisfaction et me prévint qu'il me laissait tranquille pour la soirée. J'attendis de me calmer avant de réparer ma bêtise avec le verre d'eau...

Je pris le ramasse poussière dans le placard sous l'évier, je devais absolument tout nettoyer avant que ma mère arrive. Elle n'allait pas me gronder ni quoi que ce soit, mais elle allait me poser des questions et je ne voulais pas subir d'interrogatoire de sa part... Je n'avais pas envie de lui mentir, ni de lui parler de Joe... Je ramassai les morceaux de verre et les jetai les morceaux dans la poubelle. Je fouillai dans le placard du haut, à côté du frigo, pour prendre du pain de mie. Je posai la tranche à l'endroit où le verre brisé était tombé. Cette astuce est très pratique pour ramasser les tout petits morceaux. Je jetai le morceau de pain à la poubelle et allai chercher une serpillière. J'épongeais l'eau et essorai la serpillière dans l'évier avant de la remettre à sa place.

J'avais beaucoup pleuré... mon visage était encore chaud à cause de mes larmes, je devais être rouge comme une écrevisse. J'entendis la voiture de ma mère arriver. Je filai au plus vite dans la salle de bain et fis couler l'eau pour simuler que je prenais ma douche, même si c'était ce que j'allais faire pour me calmer et ne rien paraître. Je retirai mes vêtements et entrai dans les vapeurs d'eau une fois qu'elles commencèrent à apparaître.

- Chérie, je suis rentrée, signala ma mère.

- Bonsoir maman, hurlai-je avec un faux sourire.

Je me rinçai le visage avant de me laver les cheveux. L'eau était assez bouillante pour faire rougir ma peau afin de camoufler les rougeurs causées par les larmes que je n'arrivai plus à retenir. Toutes les fois où je n'avais pas pu répondre à Joe, toutes les fois où je faisais comme si ses propos ne m'atteignaient pas, toutes ces accumulations sont plus ou moins parties dans les larmes que j'avais déversé ce soir. Je me shampouinai les cheveux, les rinçai puis me savonnai avant de rincer mon corps. J'entendis trois "toc" à la porte.

- Ma puce, ce soir, ça te dit hamburger et hot-dog, demanda ma mère.

Cette proposition était une très bonne nouvelle pour moi. J'adorai par dessus tout les hamburgers et les hot-dogs! On ne me demandait jamais deux fois quand on m'en proposait.

- Je ne vois même pas pourquoi tu demandes, ris-je.

- Ne traîne pas trop sous la douche, alors, me prévint-elle.

J'avais pu entendre son sourire à travers sa voix. Alors, mes lèvres se mirent à faire la même chose que les siennes.

- En moins de deux, je sors de là, promis-je.

Je coupai l'eau, pris une serviette sans sortir de la baignoire et l'enroulai autour de moi. Cette douche m'avait fait un bien fou, je ne sentis même plus la trace séchée de mes larmes sur mes pommettes. Je sortis de la baignoire, pris une autre serviette et l'enroula autour de mes cheveux. Mes yeux étaient encore rouge, mais je pouvais toujours prétexter le shampoing qui dans les yeux.

- Tout ça est tellement faux, murmura Joe.

- Tu ne m'avais pas dit que tu me ficherais la paix de la soirée, lui rappelai-je en chuchotant.

- J'ai dit que je te ficherai la paix, pas que je ne plus parler de la soirée.

- Joe... s'il te plaît, priai-je.

- Tu rêves, ricana-t-il légèrement sadique.

Je soupirai... en même temps, quelle idiote de croire une voix qui était la cause de mes tourments. Surtout une voix se comportant comme Joe... Il n'était vraiment pas facile à vivre et à supporter. Je me mis en pyjama après m'être séchée. Je retirai la serviette sur mon crâne et la posai sur le bord de la baignoire après l'avoir plié. Je me coiffai, puis me séchai les cheveux avant de les lisser. Je sortis de la salle de bain et me dirigeai vers la cuisine pour saluer ma mère. Elle prépara déjà les steaks pendant que les saucisses chauffaient au micro-onde. J'embrassai sa joue et lui disais bonsoir.

- Ma puce! T'as les yeux rouge, remarqua ma mère. Ça va?

- Shampoing dans les yeux, mentis-je avec le sourire.

Je m'asseis devant la table où le pain pour les burgers et les hot-dogs étaient disposés. Il y avait aussi de la salade, des tranches de tomates, du fromage pour les burgers, la mayonnaise, la moutarde et du ketchup. Il y avait aussi des oignons et du bacon, mais c'était plutôt pour mon père, qui ne devrait pas tarder à rentrer. Cette douche m'avait fait du bien, et ce repas allait plus que me réjouir. Ma mère posa le steak saignant sur l'assiette vide se trouvant entre celles de tomate et celle de salade. Je mis d'abord une tranche de l'une, puis une feuille de l'autre, je mis beaucoup de mayonnaise sur la salade. Je pris la fourchette se trouvant au bord de l'assiette avec le steak et la planta dans la viande saignante. Je l'amenai à moi et la posai sur la salade. Je refis a même chose par dessus mon steak: mayonnaise, salade, tomate et l'autre moitié du pain. Les saucisses étaient prêtes, ma mère me demanda de les sortir. Je lui obéis et déposai l'assiette de saucisse sur la table. Mon père entra et complimenta l'odeur de cuisine après l'avoir bruyamment humée.

- Tss... je déteste vraiment ce tableau de famille heureuse, bougonna Joe. Vous êtes tous à vomir, ici.

Je dégustai mon burger avant de me faire un hot-dog avec plein de mayonnaise sans faire attention à Joe qui jacassa continuellement. Il pouvait dire ce qu'il voulait, cela ne m'empêcherait pas de profiter de ma famille et de mon repas. J'aimais mes parents, et jamais il n'y changerait quoi que ce soit. J'étais et suis encore une fille heureuse, bien entourée, et je ne souffrait pas de mon adolescence. Peu de gens me cherchaient les noises, je m'entendais bien avec la plupart des gens, la pluie de moquerie tombait sur le parapluie de mon indifférence, j'avais une bonne relation avec mes parents, bien qu'ils soient surprotecteurs, j'ai un ami d'enfance avec qui je danse chaque Mercredi et Vendredi après-midi. Joe le dit méchamment, mais il avait raison. J'étais bien dans mon quotidien ennuyeux, et s'il n'était pas content, il pouvait toujours sortir de ma tête, je ne le retiendrais même pas.  

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant