Pretty Daughter

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Harley Quinn

Tout avait marché comme prévu. Mon poussin m'avait jetée dehors après la dispute que j'avais provoqué. Il était si simple de le contrarier avec un rien. C'était l'occasion pour moi de voir comment se portait ma fille. Mon petit bébé est bientôt âgée de seize ans. Je n'avais pas vu le temps passer, même si je l'avais vu grandir au loin.

Une fois dans son quartier, je cherchais après la maison de ma sœur. J'y arrivai enfin et me cachai derrière un buisson situé en face de chez elle. Je sortis mes petites jumelles et cherchai la fenêtre du salon. C'était le meilleur endroit pour voir ma fille. Je la vis aller vers la cuisine pour ranger la bidon de lait qu'elle tint dans une main et de l'autre, elle jeta l'emballage de la dizaine de barres de céréales chocolatées à la poubelle. Les choses ne changeaient pas, elle était toujours aussi gloutonne que moi. Voir cela me donna le sourire. Puis je la vis retourner dans le hall, sûrement. Elle en revint avec son sac et se dirigea vers la table dans le séjour.

En la regardant, je m'aperçus qu'elle me ressemblait énormément. C'était le même blond, la même pâleur, le même visage que moi quand j'étais adolescente. J'avais l'impression de me voir à son âge. Mais quand elle écrivait, se concentrait sur ce qu'elle lisait, c'était le portrait craché de son père. Je me rendis compte que les larmes me montèrent aux yeux. Je savais exactement pour quoi j'étais sur le point de pleurer. J'étais heureuse de voir ma fille vivre normalement. Je crois que je n'avais pas pu faire meilleur choix que celui-là pour elle. Je ne peux être que fière de moi et de ce que devient ma petite Lucy.

Je me souviendrais toujours du dessin qu'elle m'avait fait quand je l'ai vu lorsqu'elle avait quatre ans. Elle m'avait dessiné avec elle, Margot et Aaron. J'avais toujours ce dessin, même si je le cachai de la vue de Monsieur J. Le temps avait légèrement jauni la feuille, mais aucun des traits maladroits du dessin simple des bonhommes en bâton n'avaient été effacé... Ni les noms, tracés avec force, suspendus au-dessus de nos têtes n'avaient cédé aux aiguilles aiguisées du temps. Les lignes, pas très droites, de la maison devant laquelle nous nous tenions tous ensemble n'avaient pas cédé sous le poids du temps. Elle tenait toujours debout.

Je vis ensuite quelque chose d'anormal chez ma fille. Elle avait l'air de parler à quelqu'un mais elle était seule dans la maison. Et je vis encore ses lèvres bouger pendant qu'elle écrivait. Et ce n'était pas pour faire un calcul ou autre. Quand on réfléchit, on regarde souvent vers le haut... mais là elle n'avait pas levé son nez, on aurait dit plutôt qu'elle se s'était tournée vers un camarade pour lui souffler une réponse ou une information sans se faire repérer par le professeur.

Je savais qu'elle avait des voix dans sa tête... enfin une. Cela se voyait dans la manière de se comporter alors qu'elle était seule. Je n'aimais pas ça, cette voix pouvait lui dire tout et n'importe quoi... mais elle n'y échappera pas, voire jamais... Et même avec des traitements, elle ne pourra jamais se débarrasser de cette voix... Arkham n'a jamais su débarrasser celles de mon poussin, ni les miennes. J'espérai qu'elle ne voit plus cet ami imaginaire nommé Joe... Une fois, vers ses six ans, je lui ai demandé de me dessiner à quoi ressemblait cet ami invisible et pour moi, il n'y avait pas de surprise... c'était le Joker tout craché. Elle m'avait assuré que c'était lui qui s'était décrit pour qu'elle puisse le dessiner. C'était fort probable, mais le dessin, aussi simple et aussi enfantin soit-il, était bien trop précis...

Ce sourire rouge allant jusqu'aux joues, ces cheveux verts ébouriffés, ce sourire bien dessiné d'un trait épais rouge, semble être empli de malice et de sadisme

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Ce sourire rouge allant jusqu'aux joues, ces cheveux verts ébouriffés, ce sourire bien dessiné d'un trait épais rouge, semble être empli de malice et de sadisme. Ce sourire donnait un ton malsain au dessin... Un frisson me parcourut le corps en repensant à ce croquis enfantin.

Je la vis lever la tête soudainement, en regardant dans ma direction. Mince! Elle m'a vu! Je pus voir juste ses yeux clairs avant de cacher mon visage derrière le buisson. J'attendis deux petites minutes pour vérifier si la voie était libre. Elle avait reprit ses devoirs. Je soupirai de soulagement et décidai qu'il était temps pour moi de retourner à Gotham. Une fois sur ma moto, je démarrai pour retourner au Silver Laugh.

Arrivée là-bas, je me mêlai à la foule. Criminels et bandits buvaient et fumaient en vantant leurs derniers exploits ou en élaborant leurs plans. Je me faufilai entre chaque individus pour rejoindre mon poussin et risquer encore de me prendre une claque. J'aurais pu être heureuse et ailleurs qu'à Gotham, si seulement le Joker n'avait pas massacré tous mes amis à Coney Island... Ma gorge se serra lorsque je repensai à Mason... Je le voyais encore en train de baigner dans son sang, juste devant un mur sur lequel était écrit "retourne à la maison" avec une petite photo de ma rouquine battue et assommée sur une photo. Mais quand je suis retournée à Gotham, j'avais appris que ma petite Pamy avait donné sa vie pour sauver la ville avec Batman. Ce n'était pas mon poussin qui l'avait tuée, mais cette fichue chauve-pourrie! Tuer ce pseudo chevalier noir était la seule chose qui me motivait à rester avec Monsieur J. Mais très souvent, le Joker me faisait bien comprendre que c'était à lui seul de le tuer. Alors, je me suis résignée à être la complice du Prince du Crime... là où j'avais toujours eu ma place... Dans tout ça, mon seul réconfort était de voir ma fille auprès de sa famille adoptive... Grâce à ça, ma solitude était plus supportable. Mais je ne pouvais la voir que très peu... cela m'arrachait mon pauvre cœur, déjà bien abîmé... Sans réel choix, il était difficile de faire autrement.

J'entrai dans notre chambre et vis qu'il n'y avait personne. Alors, je posai mes fesses sur le lit. Je ne pus m'empêcher de pleurer en repensant à tout ça... mais il fallait que je me ressaisisse au plus vite avant que le Joker revienne. J'allais alors dans la salle de bain et me refis une petite beauté en retouchant mon maquillage. Je retournai dans la chambre et jouai tranquillement à des jeux sur mon téléphone. Je n'avais pas grand chose à faire.

BAM! Je sursautai en lâchant mon téléphone, qui tomba sur le lit. Je me levai et allai ouvrir timidement la porte de la chambre. Je le vis grogner, tourner en rond, bougonner, maudire Batman. Il finit par s'arrêter devant la baie vitrée donnant une vue sur la rue. Je m'approchai tout doucement du Joker et essayai de le calmer avec une voix douce. En prononçant des mots censés l'apaiser, je lui caressai le torse, les épaules et les bras. Mais il me fit virevolter, je me retrouvai à terre. J'avais l'habitude, depuis des années c'était ainsi... et les choses n'avaient fait qu'empirer depuis que son visage a été arraché... Même si sa peau a cicatrisé depuis un moment grâce à un mélange chimique avec le puits de Lazare et qu'il n'a plus besoin de ce masque abîmé et morbide de son ancien visage. Et puis, il était plus beau et séduisant ainsi. Il me hurla dessus, comme d'habitude. Je le laissai faire, si ça permettait de le calmer, alors je ne chercherai pas à lutter, à me défendre.

Je me fichai bien de ce qu'il pouvait me faire aujourd'hui... et les prochains jours ou les semaines suivantes et années à venir. Car je voyais ma fille avoir une belle vie avec sa famille, une vie normale, avec un père et une mère unis par les liens du mariage et non par les liens du carnage.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant