Tic... Toc... Tic... Toc...

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La peur me tétanisa, je n'osai plus bouger. Pour Joe, je lui avais obéis, mais pour le Joker, c'était un affront, un manque de respect. Il m'ordonna une seconde fois de retirer ma capuche, ou il le ferait lui même. Je ne savais pas comment, mais je réussis à lever ma main et à l'approcher du bord de ma capuche. J'étais sur le point de la retirer, tandis que le Joker tournait autour de moi, à quelques mètres. Mais Joe insista pour que je garde la capuche et m'ordonna de coller une balle dans les yeux du Joker. Je baissai ma main. Je ne savais pas lequel des deux écouter.

- Je... je ne peux pas, bégayai-je.

Soudain, ma capuche se retira de mon crâne, montrant alors mon visage et ma chevelure blonde sous la lumières des lampadaires. Le Joker revint devant moi et me fit face. Il se pencha en avant, les mains derrière le dos, et me regarda.

- Tu vois, ce n'était pas compliqué, dit-il d'une voix douce.

- Remets cette capuche! Red Lucy!

- Alors, que fais-tu ici à une heure pareille, petite, demanda-t-il. Tu ne m'as pas assez admiré la dernière fois?

Il fit les cents pas devant moi, la jambe bien droite, pointant bien le pied en l'air avant qu'il ne touche le sol pour faire un pas, puis l'autre pied fit la même chose. Il me précisa que ce n'était pas prudent de traîner encore une fois dans ce quartier de la ville à une heure pareille.

- Je... je me suis perdue, mentis-je d'une voix tremblante.

Son visage s'approcha vivement du mien. Je sentis son souffle s'évanouir sur ma face. Ses iris noirs transpercèrent mon âme.

- Tu t'es encore perdue, reprit-il. HA! C'est la meilleure celle-là, s'écria-t-il en se mettant droit. Et tu peux me dire comment tu fais pour te perdre au même endroit, m'interrogea-t-il en plaçant ses poings sur sa taille.

- Je... euh...

- Qu'est-ce que tu dis, demanda-t-il en tendant l'oreille.

Pour exagérer le fait qu'il n'ait pas entendu les mots que j'avais à peine prononcer, il plaça l'espace entre son index et son pouce sous le lobe de l'oreille qu'il me tendit. Les mots me manquèrent, et Joe n'arrangea pas les choses. Il me demanda de pointer mon neuf millimètres vers le Joker. Je ne voulais pas, je refusai d'obéir. Il me dit que c'était le soir où jamais de se débarrasser de lui, et de libérer Harley de l'emprise du Joker. Nous serions toutes les deux libres... L'homme aux cheveux verts se mit droit et baissa son bras. Son regard était interrogateur. Il plaça son pouce et son index sur son menton.

- Tu n'es pas aussi bavarde que ta mère, commenta le Joker.

Ses mots venaient de me donner comme une gifle. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Je fronçai les sourcils et secouais la tête. Il se mit à rire à gorge déployée et frappa la paume de sa mains sur son front.

- Vas-y! Tue-le, m'ordonna Joe. Allez! BANG, imita-t-il.

- Comme si je n'étais pas au courant de ton existence, sourit-il.

- J-Je ne comprends pas, bafouillai-je.

- Je sais que tu as une voix dans ta tête, Lucy.

C-Comment connaissait-il mon prénom? Et pour la voix? J'étais perplexe et bouche-bée. Le Joker rit de plus belle, sur le point de s'écrouler à terre. Son rire sinistre me donna la chair de poule et m'agaça. Je voulais des réponses et tout de suite. Sans m'en rendre compte, je braquai mon arme sur lui et la chargeai. Il s'arrêta de rire au cliquetis de mon neuf millimètres. Il se releva et leva son poing avant de pointer l'index vers le ciel noir de Gotham.

- Ts, ts, ts, fit-il en balançant son index de gauche à droite. Allons, ma chérie, tu n'oserai pas tirer sur ton papa, ricana-t-il en plaçant ses mains derrière le dos.

- Vous... Vous n'êtes pas mon père, niai-je.

- HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA! A qui veux-tu faire croire ça, demanda-t-il en tournant autour de moi. Tu as mon sourire, et t'as le même air idiot que ta mère, lista-t-il. Tu es même son portrait crachée lorsqu'elle n'était qu'une psychiatre de pacotille et naïve. Et je sais que Joe a ma voix.

Comment pouvait-il me parler de mon sourire? Je n'ai jamais souri ou ri devant lui. Je secouai la tête, pour essayer de mettre les choses en place dans mon esprit. Et pour Joe? Comment le savait-il?

- Tu ne t'es pas dit que c'était bizarre de visualiser Joe dans tes rêves? De voir réellement ton ami imaginaire seulement la nuit?

Il s'arrêta devant moi, arborant son célèbre sourire de clown machiavélique. Ses mains étaient toujours derrière le dos.

- A-Alors vous...

- Je sais qui tu es, et depuis bien longtemps. C'est moi qui t'ait inculqué Joe en tête, je suis venue te voir plusieurs nuits, avoua-t-il. Je t'ai effrayé, je t'ai fait pleuré, ricana-t-il. Je t'ai vu rire pleurer, peu importe où tu étais. 

Les larmes me montèrent aux yeux. Je secouai la tête et niais dans un éclat de voix que c'était faux, que ce n'était qu'un mensonge! Et le silence de Joe ne m'aida pas à savoir si les propos du Joker était vrais ou faux. Avait-il été là depuis le début, depuis que j'étais là?

- Ma pauvre chérie, ta vie a été basée sur le mensonge, maintenant tu es perdue, dit-il avec un sourire sadique. Tu ne sais plus qui ment, qui dit la vérité, en qui tu peux avoir confiance. C'est tellement triste.

J'essayai de stopper les tremblements de mes mains tenant le neuf millimètres, mais rien n'y faisait. La peur et la colère se disputaient dans mon esprit. Le Joker me dit que je ne serais pas capable de lui tirer dessus. Il me disait que je n'étais pas encore prête. Mais prête pour quoi?

- Quand tu veux, Red Lucy, s'impatienta Joe.

- Alors pourquoi Joe voudrait vous tuer, rétorquai-je en essayant de stabiliser mon arme.

- Joe? Me tuer? HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA! Pauvre idiote!! Joe n'est que ma voix, après, ce n'est que toi qui l'anime.

Non... C'est impossible. Comment pouvais-je avoir ce genre de pensée? Comment aurais-je pu... Je secouai la tête, je ne voulais pas croire ses mots. Les larmes coulèrent sur mes joues. Il avait manipulé ma mère, mais il ne me manipulera pas. Je visai l'espace entre les deux yeux du Joker, déterminée à appuyer sur la gâchette.

- LUCY! hurla une voix féminine.

Je me retournai et vis ma mère courir vers moi. Le Joker se réjouit de l'arrivée d'Harley. Je fus à la fois soulagée et inquiète de la voir. Je ne sus comment réagir. Elle se mit devant moi après avoir baissé mon arme. Je ne vis plus rien à part ses omoplates vêtu d'une veste teddy arborant les couleurs rouge et noir.

- Qu'est-ce que tu lui a dis, cracha-t-elle.

Je me penchai sur le côté, cachée derrière ma mère, pour avoir le Joker en vue. Il ricana, en se frottant les yeux avec son pouce et son index.

- Rien. Juste la vérité sur sa misérable existence, répondit-il en haussant les épaules. D'ailleurs, je vais te la dire, sucre d'orge, annonça-t-il en faisant les cents pas devant nous. Parce que, contrairement à toi, ma puce, je ne cache rien. Du moins, j'arrive à préserver mon jardin secret, ajouta-t-il plus bas.

Le silence domina la rue, je sentis son poids sur mes épaules. J'avais peur que les choses tournent mal. En prenant la main de ma mère, je lui demandas à ce qu'on retourne chez Ivy. Le Joker se moqua de moi et de ma mère.

- Allons! Pourquoi avoir peur, sourit-il. Je ne vais rien faire, prétendit-il en levant ses mains. Je ne vais tout de même pas gâcher cette petite réunion de famille, ricana-t-il.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant