Quinn'zels

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Mon psychiatre attendait une réponse de ma part, et ce n'était pas pour autant qu'il lâcherait l'affaire. Il était aussi têtu que moi quand j'étais psychiatre. Il me signala qu'il avait toute la journée devant lui. Souvent, j'éludai en parlant de tout autre chose, sans réel rapport avec la séance. Il sortit de la salle numéro 3 plusieurs heures plus tard, n'ayant rien eu de plus, comme depuis quelques séances. Je le fatiguai, ça se ressentait. J'étais désormais sûre que c'était un homme qui souhaitait être psychiatre pour une autre raison que la fascination pour l'esprit criminel. C'était un psychiatre pour aider, pas pour écouter et satisfaire sa fascination. Contrairement à moi, ce boulot n'était pas un prétexte pour entendre des histoires.

Les gardes me prirent par les bras et me ramenèrent à ma cellule. Je demandai si je pouvais passer un coup de fil, juste quelques minutes. Mes boulets ne répondirent pas et se contentèrent de m'amener à l'étage de ma cellule. Une fois devant celle-ci, l'un des deux retira ma camisole et l'autre, qui me retenait, me jeta dedans. Je pestai contre cet idiot qui venait de me balancer comme une sous-merde. Il ferma la porte de verre juste avant que je ne puisse lui sauter dessus. Je lui hurlai que ce n'était pas ainsi qu'on traitait des patients.

- Non! C'est ainsi qu'on traite la copine tordue du Joker, dit le gardien qui a retiré ma camisole.

- Et puis, ne te plains pas. Le clown dégénéré te fait la même chose, ajouta l'autre.

Ils éclatèrent de rire tous les deux. Ces bouffons allaient me le payer. Dès que je sortirais de ma cellule, je les étriperais et après ça, je m'évaderais. Je les insultai ainsi que leurs mères! Je m'époumonai jusqu'à ce qu'ils quittent ce couloir de l'aile Ouest d'Arkham.

Lucy Quinzel

Je rentrai des cours, complètement exténuée. J'avais hâte d'être en vacances, je n'en pouvais plus. A peine arrivée à la maison, je m'affalai sur le canapé. Je n'avais pas la foi d'aller vers le frigo et les placards de la cuisine pour me goinfrer et boire. Mais dix minutes plus tard, je me retrouvais dans le canapé à engloutir des barres de céréales et de boire plusieurs gorgées de lait devant un téléfilm. Ma mère rentra à la maison en soupirant, la journée semblane pas avoiré té bonne pour elle. Elle se dirigea dans la cuisine se préparer un café après avoir embrassé le sommet de mon crâne.

- J'ai l'impression d'être à Gotham avec ce temps.

- Tu y a été longtemps, demandai-je étonnée.

- Oh! Pas plus longtemps qu'un week-end, répondit-elle.

- C'est comment là-bas?

- Euh... Eh bien... Gotham est une ville plutôt jolie, il y a plein de chose là-bas. C'est vraiment idéal pour les jeunes, raconta-t-elle. Mais malheureusement, les malfrats y sèment la terreur, ajouta-t-elle dubitative.

- Tu penses que tante Harleen a peur quand elle est chez elle?

Ma mère était étonnée que je sache ça. Elle me demandait comment j'avais su qu'elle y était. Je répondis tout simplement que c'était mon père et précisai que je lui avais demandé. Ma mère prit son cappuccino et s'installa à côté de moi. Elle me demanda de ne plus poser de questions sur Gotham et tante Harleen. Je fronçai les sourcils et lui fis part de mon incompréhension.

- C'est mieux ainsi, ma puce, me répondit-elle.

C'est vraiment trop facile. Joe m'encouragea encore à approfondir. Pas besoin qu'il me le disent deux fois. Même si je ne donnais pas plus d'importance à cette histoire d'Harley Quinn, que je ne croyais pas, je m'intéresse à ma famille. Même si je l'avais très peu vu dans ma vie, je l'aimais, et je voulais savoir pourquoi elle était absente.

- Maman... je veux savoir, insistai-je.

Elle se leva après avoir soupiré. Elle se tourna vers moi, tenant sa tasse entre les deux mains. Elle inspira bien à fond avant de me répondre.

- Ma puce, il y a des choses que l'on ne peut pas t'expliquer. La règle est "pas de Brooklyn News", et ta seule famille c'est moi et ton père. Arrête de poser des questions sur les absents! Préoccupe-toi de ceux et celles qui t'entourent, conseilla-t-elle. Car du jour au lendemain, ils ou elles peuvent disparaître.

Elle posa sa tasse sur la table basse et s'agenouilla devant moi et prit mes mains.

- Ma puce, je ne veux que ton bien et le bien de nous trois. Ne te préoccupe pas de ta tante.

- Mais maman, c'est un membre de notre famille. C'est une Quinzel, c'est ta sœur. Et tu m'as toujours dit qu'on ne devait jamais laisser tomber sa famille, peu importe ce qu'il fait ou ce qu'il ne fait pas.

Je vis dans les yeux de ma mère des larmes. Je voyais qu'elle ne voulait pas les lâcher. Elle se mordit les lèvres et caressa ma joue. Je plissai les yeux. Il y avait quelques chose. Joe rit dans ma tête, depuis que j'avais insisté sur les liens de la famille. Il se réjouit de ce qui se passait.

- Ma chérie... Ce que tu ne comprends pas, c'est que Harleen nous a laissé tomber quand on avait besoin d'elle... Elle n'est même pas venue à l'enterrement de ton grand-père, sanglota-t-elle. Elle a fait énormément de mal à notre famille par le passé.

- Alors pourquoi tu l'as accueillie à la maison, répondis-je. Ça n'a aucun sens!

- Elle voulait te voir... Elle était si heureuse d'avoir une nièce...

- Elle te ment, signala Joe.

Je retirais brutalement mes mains des siennes. Je n'avais pas besoin d'avoir l'avis de Joe pour savoir qu'elle me cachait quelque chose. Je lui dis que j'allais faire mes devoirs, j'en avais assez entendu comme ça. Joe rit toujours dans mon esprit. Je me dirigeai lentement vers la table du séjour pour faire mes devoirs. J'avais du mal à me concentrer sur mes devoirs avec le fou rire dont était victime la voix dans mon crâne. Je fis toc-toc sur ma tête pour signaler à Joe que je devais me concentrer.

- A quoi ça te sert de te concentrer?! Tu es devant la sortie du cirque qu'est ta vie!

Les devoirs terminés, je filais dans ma chambre et m'écroulai sur mon lit, face contre l'oreiller. Je serrai ce dernier contre mon visage et hurlai comme une hystérique.

- J'en ai ras-le-bol des cachotteries, hurlai-je la gorge serrée.

- Tu es la fille d'une criminelle. Et personne n'aime ce genre de monstre!

- Stop Joe! Ça suffit! Je ne veux plus rien entendre, pleurai-je.

Quinze années, potentiellement basée sur le mensonge. Tout ça n'avait aucun sens... tout ça n'était pas réel. C'était bien trop gros... Je pleurai dans mon oreiller tant j'étais fatiguée et agacée par la situation. Et Joe ne me consola pas, il sembla préférer se délecter de mes sanglots.

- Tu aurais dû me faire confiance! Tu ne serais pas là, à pleurer comme une malheureuse petite fille.

- ARRÊTE, JOE, m'égosillai-je en sortant mon visage de l'oreiller.

- Allons, Lucy! tu ne fais que remplir, à merveille, ta part de marché, se réjouit-il.

Ma mère déboula dans ma chambre. J'avais eu l'imprudence d'hurler après Joe sans étouffer le son de ma bouche. Elle s'assit au bord de mon lit, au niveau de mes côtes. Elle mit ses mains sur mes épaules et me tourna vers elle avant de me prendre dans ses bras.

- Qu'est-ce qui se passe, ma chérie, s'inquièta-t-elle.

- Je... je me sens perdue, sanglotai-je dans ses bras. Et ni toi, ni papa vous me guidez, reprochai-je avant de repartir en larmes.

Il ne fallait surtout pas que je reparle de Joe. Avoir crié son nom était déjà trop.

- Ma puce... nous ne faisons pas ça avec joie. On nous a conseillé de faire ça pour ton bien. Fais-nous confiance, bouton d'or.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant