Lil Murders

247 30 9
                                    

- Petite, je ne vais pas te faire de mal, répéta Gino. Je veux juste qu'on appelle les urgences.

- Vas-y! Tue-le!

- NAN, hurlai-je en secouant la tête. Je ne veux pas le tuer!

- Je te dis de l'achever!! Tu l'as déjà fait! Recommence!

- Nan! Je ne le tuerai pas, refusai-je en larmes.

- A qui tu parles, petite, s'interloqua Gino.

- Fais pas ta mauviette! Tu t'es bien débrouillée avec le premier!

Je regardai au sol le cadavre de Franz. Mon cœur se souleva encore à la vue de cette marre de sang aux pieds de Gino. Je secouai encore une fois la tête et regardais en l'air.

- LA FERME! hurlai-je  en larmes.

Gino se rapprochai de moi, la main toujours tendue vers moi. Mon regard se baissa et je pointai l'arme contre lui. L'homme leva sa main et me demanda de ne pas lui coller une balle. Mes mains, tenant le neuf millimètre, ne cessèrent de trembler. Je me sentis mal, j'étais perdue... Je n'arrivai pas à tirer ou à baisser mon arme. Je ne savais pas quoi faire. Et la voix de Joe qui m'était insupportable. Toujours à me dire de tuer Gino, qui était en train de se vider de son sang. Le malfrat me demanda d'appeler les urgences en me disant de regarder sa blessure.

Harley Quinn

Je vis la porte défoncée. Des "oh non" sortirent de ma bouche dans un murmure. Je laissai tomber les provisions devant la maison et sortis mon flingue du holster d'épaule, sous ma veste. Je la chargeai et pointai le canon en l'air. Je rentrai discrètement dans la maison d'Ivy et vis le bazar de la maison. J'entendis ma fille au fond du couloir, elle pleurait et avait l'air de parler à quelqu'un. Je m'approchai tout doucement de la salle de bain et vis ma fille dans la baignoire, debout et apeurée. Je vis au sol le corps de Franz, baignant dans son sang. Et je reconnus Gino, tentant de raisonner Lucy pour qu'elle baisse son arme. Mais rien n'y faisait.

Je collai le canon de mon flingue en haut de sa nuque. Je demandai d'une voix grave d'arrêter de parler à ma fille, ou ce serait moi qui lui collerais une balle. Gino me jura qu'il n'allait rien faire à Lucy.

- Baisse ton arme, ma chérie, demandai-je.

Ma fille garda son arme pointée sur l'homme du Joker. Je réitérai ma demande, mais elle ne m'obéit toujours pas. Elle me dit qu'elle ne le pouvait pas, que Joe exigeait qu'elle tire une balle dans la tête de Gino. J'encourageai Lucy à baisser son arme d'une voix douce et en lui donnant quelques conseils. Ma fille finit par baisser son arme, tout doucement. Maintenant, je revins à l'intrusion de Gino, et de Franz, même si ce dernier n'était plus en état de répondre. J'interrogeai donc l'homme de Monsieur J.

- Qu'est-ce que tu fais là?

- Le patron nous a demandé de fouiller la ville pour chercher la gamine.

- Lucy, rectifiai-je avec hostilité.

- Pour chercher Lucy, corrigea-t-il. Et lui ramener.

- Et je suppose que tu ne sais pas ce qu'il compte faire d'elle, dis-je d'un ton las.

Lucy Quinzel

- Tu sais bien que le Joker est parfois discret sur ses plans perso avant qu'il ne les exécute, dit Gino avec un sourire. Puis il m'a demandé de te passer un message.

Je le vis prendre quelque chose sous sa veste et commencer à retirer sa main. J'eus le réflexe de pointer mon arme sur lui et de lui tirer une balle dans la poitrine. Le sang de Gino éclaboussa ma mère, sous le choc.

- LUCY! Qu'est-ce que tu as fait?! hurla-t-elle.

Le corps de Gino s'affala sur ma mère, qui le soutint par-dessous les aisselles. Elle se baissa tout doucement pour qu'il tombe lentement sur le sol.

- Je... J'ai vu sa main prendre quelque chose et la sortir de sa veste... je...

Dans son dernier souffle, Gino sortit de son vêtement une carte avec un Joker dessus. Harley prit la carte et jeta un œil au dos. Elle rangea la carte dans la poche arrière de son short rouge et noir et se retira du cadavre après avoir lu le mot. Je lui demandai ce qu'il y était écrit. Elle éluda ma question en me demandant de l'aider à embarquer les corps à l'extérieur de la maison. Elle dit qu'une petite sépulture s'imposait. Nous emmenâmes, un à un, les deux cadavres dans le jardin à l'arrière de la maison de Poison Ivy. Harley me chargea d'aller chercher une pelle dans le cabanon. Je m'y dirigeai et trouvai une pelle après avoir allumé la lumière. J'éteignis cette dernière avant de refermer la porte. Je donnai la pelle à ma mère et elle creusa.

Elle bougonna que je n'aurais pas dû achever Gino, que j'avais donné une raison au Joker de la tuer après moi. Elle râla avec ironie qu'un homme mort ne suffisait pas, il en fallait un deuxième. Je ne cessai de m'excuser, toujours en larmes. Je me tins les bras et tentai de me réchauffer du froid de la ville ainsi que celui de la culpabilité et du regret. Joe était resté silencieux depuis que ma mère m'avait ordonné de baisser mon arme. Mais je savais qu'il n'était pas parti pour autant. J'aidai ma mère à enterrer le premier cadavre. Elle me demanda de recouvrir le corps de Gino. Je lui obéis tandis qu'elle alla chercher une seconde pelle pour enterrer le second corps à côté de celui de Franz. Avec le peu de force et de volonté que j'avais, je réussis tout de même à donner des coups de pelle dans le tas de terre et recouvrir le cadavre.

Une fois l'enterrement terminé et les pelles rangées, je rentrai au chaud chez Ivy avec ma mère. Cette dernière alla chercher les provisions qu'elle avait laissées tomber à la porte d'entrée. Elle ferma celle-ci après avoir repris la nourriture et la bloqua avec un fauteuil. Je l'entendis chuchoter des excuse à Poison Ivy. Comme si elle pouvait l'entendre... Ma mère fit chauffer le repas du soir au micro-onde. C'était des nouilles pour le dîner. Nous mangeâmes en silence et face-à-face, jusqu'à ce qu'elle me demande de lui raconter ce qui s'était passé, ainsi que mon ressenti. Je lui fis part que je me sentais très mal et que je ne savais pas comment j'avais fait pour tirer sur les deux hommes... Je lui dis que je regrettai mon geste.

- Tu es pathétique, me rabaissa Joe.

- Pourquoi tu t'es procurée un flingue, me demanda-t-elle.

- Je... je... C'est...

- Je suppose que c'est Joe qui t'a demandé d'aller chercher ton neuf millimètres, devina-t-elle.

Je hochai la tête pour confirmer les propos de ma mère. Je lui avouai que Joe voulait absolument que je tue le Joker. Je lui dis à quel point il me faisait culpabiliser, je le citai, répétai ses mots. Ma mère était choquée des propos de Joe que je lui avais transmis. La colère s'en alla de son visage, laissant place à la tristesse.

Une fois le repas terminé, nous allâmes dans la chambre. On s'allongea toutes les deux dans le lit et elle me prit dans ses bras. Elle savait que j'avais besoin de réconfort après ce que je venais de traverser. Elle me dit qu'il était inutile d'être en colère contre moi et de me faire la morale, car tout ça n'était pas de ma faute. Elle me confia qu'elle aurait dû mieux réfléchir, penser un peu plus aux conséquences de ma naissance. Je lui répondis qu'elle n'avait pas à porter la faute sur elle, car ma vie était quand même belle et je l'aimais comme elle était, et ce, malgré les tournures que ça avait pris et Joe... Elle me serra fort contre elle, mes mots l'avaient sûrement touchée. Elle s'excusa encore de me faire vivre ces horribles choses, de ne pas être là pour moi. Je me contentai d'enfouir mon visage dans son cou et humer l'odeur de barbe-à-papa sur sa peau. Elle embrassa mon front et me conseilla de me reposer, elle déclara que j'en avais assez vu pour aujourd'hui.

- Y avait longtemps que je n'avais pas eu envie de vomir, grommela Joe.

The Joke's On LucyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant