4ème Fragment

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Hayat est déjà en train de courir, heureusement que le feu est rouge ! Je m'élance derrière elle. Les filles nous voient arriver et elles n'ont plus l'air très sûres d'elles. Il faut dire, c'est Hayat.

"Vous dégagez direct ou je vous défonce" gronde Hayat le menton en avant. Vanessa se tourne vers elle en fronçant les sourcils.

"Ça te regarde pas. On est juste en train de discuter."

Marion a les yeux rivés au sol. Elles ne l'ont pas frappée ou quoi que ce soit, mais il faudrait être stupide pour s'imaginer que seuls les coups peuvent blesser. Je fais un pas en avant, car je n'ai pas l'habitude de me cacher derrière Hayat, malgré ce que les gens pensent probablement.

"Oh, et vous allez faire quoi toutes les deux ?" gazouille Emilie. Elle, c'est le bras-droit de Vanessa dans leur sale petite clique. Aussi vicieuse qu'elle, et même plus, en fait, car de son côté elle a toujours été comme ça, elle n'a pas "changé" sur le tard.

Hayat tourne la tête vers elle, et le sourire de la vipère se fige un peu. Vanessa a l'air ennuyée de tout ça.

"Bon, Emilie, ca y est tu t'es amusée ? On s'en va maintenant. Arrête de nous faire perdre notre temps."

Oh, le regard qu'Emilie jette à Vanessa fait froid dans le dos. Mais la "reine" se contente de la regarder et, matée, Emilie baisse la tête, poings serrés, et s'en va vers le lycée. Alors c'est Emilie qui a voulu venir agresser Marion ?

Vanessa nous regarde toutes les deux, puis relève doucement du pied le sac de Marion avant de s'éloigner, suivie du reste de la bande.

Elle pourrait au moins s'excuser du comportement d'Emilie ! Bon, ça serait sans doute vu comme une faiblesse mais... Je donne un coup de pied dans le mur. Pourquoi c'est si important d'être la chef d'une bande de garces pareilles ? Comment on peut vivre comme ca ? Non, sérieusement, elle ne vaut pas mieux qu'elles.

Hayat pose les mains sur les épaules de Marion.

"Ca va ? Elles t'ont rien fait, ces cinglées ?"

"N...non..." Elle ravale un sanglot et se frotte les yeux. "Merci, les filles." Elle fait un sourire vacillant et ramasse son sac. "Heureusement que la semaine est bientôt finie, hein ?"

D'un coup, comme ça, Marion essaye de passer à autre chose. Je tourne la tête : Hayat me rend mon regard. Elle est inquiète aussi, mais quand Marion ne veut pas parler, c'est impossible de la forcer. Elle ne le sait pas, mais on est au courant que ses parents lui payent un psychologue pour ados... J'espère que ça l'aide et qu'elle lui parle plus qu'à nous.

"Oui" je réponds finalement, "Oui, j'ai vraiment envie d'une grasse mat."

Hayat hoche la tête. "Bon les filles, on évite d'être en retard ce matin ?"

Marion a reprit des couleurs. Ses cheveux châtains en queue de cheval, elle porte ses chaussures plates habituelles, une jupe jusqu'aux genoux, et le chemisier bleu qu'elle aime bien : c'est simple et ça lui correspond. Quel dommage qu'elle ne soit pas plus à l'aise dans la vie, car elle n'essaye pas d'être autre chose qu'elle-même, et c'est une sacré qualité.

Je lui frotte le bras et elle me sourit. Hayat est devant nous quand nous repartons vers le lycée.

Aucune d'entre nous ne remarque l'ombre qui, l'espace d'un instant, apparaît sur la surface d'une vitrine avant de se dissiper à nouveau.

ÉchosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant