"C'est dingue, ca pèse vraiment rien !" dis-je en secouant ce que j'ai dans la main.
Il s'agit de la table de jardin en fonte. Brandie comme ca d'une main à bout de bras, l'effet est comique, on dirait que j'agite une réplique en polystyrène.
"Mate ça !" m'annonce Hayat, et elle soulève la tondeuse à gazon sans effort au-dessus de sa tête. "Je sais que je suis balèze, mais là quand même c'est un peu abusé !"
"J'arrive pas à croire que c'est vrai tout ça" dis-je en reposant la table sur les pavés de la terrasse avec un tintement de métal tout à fait authentique, au cas où il y aurait un doute.
"Ouais ben, évite de te donner une gifle pour te réveiller" remarque Hayat en revenant. "Avec ta force tu risquerais de te décrocher la tête !"
"Bon. Force hallucinante, check." dis-je. "Quoi d'autre ?"
Les yeux d'Hayat brillent soudain. "Frappe-moi."
"De quoi ?"
"Cogne-moi, allez ! Fait pas ta chochotte !"
"Mais t'as vu la force qu'on a ? Je vais t'envoyer à l'hosto !"
"Et puis quoi encore, sois logique ! Si on est forte, ca me semblerait stupide qu'on soit pas résistantes aussi."
"T'as une logique dangereuse qui se base sur rien."
"Arrête de couiner, ou on fait le test dans l'autre sens." Elle ramène son poing en arrière et agite les sourcils de manière espiègle. "Alors ?"
"Tu crains, Hayat, tu le sais ça ?"
Mais j'arrête d'argumenter. Je prends une grande inspiration et je la frappe. Il y a comme un déplacement d'air autour de mon poing quand il frappe son avant-bras, qu'elle a déplacé pour contrer mon coup. Elle laisse deux traces de talon dans la pelouse : je l'ai repoussée d'une trentaine de centimètres.
"Pas maaaal, méga-D !" S'extasie-t-elle. "A moi !"
"Hein ? Non !! T'avais dit qu-" Son poing fuse et je croise les bras devant moi avec un petit cri. Je sens son coup m'atteindre et je trébuche en arrière ; j'en tombe sur les fesses. Rien de tout ça ne m'a fait le moindre mal, à part blesser ma dignité : j'ai ressentis l'impact (et la chute sur mon postérieur) comme à travers d'épais coussins.
"Ca déchire ! Quoi d'autre ? Quoi d'autre ?"
Elle est comme une gamine avec un nouveau jouet, et son enthousiasme commence à me contaminer.
"Piou piou piou !" crie-t-elle, et je la vois faire la mitraillette avec les mains. Elle essaye d'envoyer des boules de feu ou bien ? N'importe quoi, comme si- Haaaa !
Je saute brusquement pour éviter une boule d'énergie rouge qui vient de sortir de ses paumes et qui fonce droit vers moi. Je heurte le grillage du jardin et reçois plein de feuilles sur la tête.
"Ca va pas ? C'est pas drôle Hayat, t'es complètement folle ma parole !"
Mais elle n'est pas en train de se moquer de moi comme je m'y attendais. En fait elle me regarde avec des yeux grands comme des soucoupes et je me rends alors compte que j'étais plutôt loin des limites du jardin quand j'ai bondi pour éviter son tir. Trop loin pour me retrouver dans le grillage comme ça en tout cas. Mon saut m'a fait parcourir sept ou huit mètres !
Hayat l'a bien compris, elle lève la tête vers le grand arbre du jardin et essaye de sauter : je la vois atteindre les branches sans souci et atterrir dans le feuillage.
"T'es givrée ! Les voisins vont te voir !"
"Arrête de flipper et viens ! C'est trop chouette, on rêvait de faire ça quand on étaient petites, tu te souviens ?"
Elle a raison, on passait notre temps à regarder l'arbre en imaginant ce que ca ferait d'y construire une cabane comme à la télé. Je soupire et je la rejoins d'un bond.
"Bon donc, on vole pas mais on fait de sacrés sauts." Dis-je. "On arrête les expériences un peu ? Ca commence à faire beaucoup pour moi."
Hayat hoche la tête et m'enlace les épaules en regardant les toits.
"On n'a pas une si belle vue que ça" remarque-t-elle. "On aurait été déçues si on avait eut la cabane."
Elle a l'air pensive.
"Qu'est-ce qui te tracasse ? Pas cette histoire de cabane quand même ?"
"Non, c'est par rapport à Marion. Tu crois qu'on devrait lui dire ?"
C'est une sacrément bonne question. Pour Hayat j'ai pas eu le choix, mais Marion a encore sa vie normale.
"Il n'est même pas encore quatre heures. On peut aller la voir de toute façon, et on en discute en route."
Arrivées chez Marion, C'est la déception. Sur le chemin, nous avons décidé de lui présenter Reflet et de tout lui dire, mais une fois devant le miroir, elle ne la voit pas. J'essaye discrètement de lui transmettre du pouvoir mais rien n'y fait. Est-ce que je suis trop fatiguée ?
"Non, elle n'est tout simplement pas réceptive" nous informe Reflet dans la chambre de Marion, pendant que notre amie est allée chercher quelque chose. "Toi Diane, tu as été choisie pour posséder le Talisman, et Hayat... tu as un puissant esprit créatif, tu es plus ouverte que la moyenne à l'énergie magique. Marion...Tout ça n'est pas pour elle, en fin de compte."
"Ben alors, c'est quoi ces têtes d'enterrement ?" demande Marion en revenant.
Je ravale ma déception et je souris faiblement à celle qui ne pourra pas nous accompagner dans nos aventures.
"Rien, on a juste... pensé à quelque chose de nul."
On l'étreint toutes les deux, et Marion, après un petit moment de surprise, nous serre contre elle.
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Échos
FantasyLes choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être. Diane, une lycéenne comme les autres, découvre un jour la face cachée de son petit monde. Maintenant la question est : que compte-t-elle faire à ce sujet ?