Chapitre 36

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Harry's POV:

Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus quoi dire... Je suis totalement perdu, le regard absent, les pieds balançant dans le vide. Je suis assis sur la barrière en fer de ce petit pont miteux, à la sortie de la ville, depuis un long moment déjà. L'eau qui se déverse à quelques mètres sous mes pieds est sombre, il m'est impossible de voir à travers tant l'obscurité nous enveloppe. La nuit est tombée depuis de nombreuses heures et pourtant je ne suis toujours pas rentré chez moi, je n'ai d'ailleurs pas bougé depuis que je suis sorti du centre-commercial. J'ai l'impression d'avoir reçu un énorme coup sur la tête, de m'être fait passé à tabac par une bande de boxeurs professionnels. Je n'arrive pas à croire que mon meilleur ami connaisse Louis, je n'arrive pas à croire qu'il vient de prendre sa défense en se liguant contre moi. Ses mots crus et durs tournent encore dans mon esprit, me donnant mal à la tête. Liam est la personne qui me connais le mieux, c'est mon plus vieil et fidèle ami, il m'a toujours soutenu sans jamais douter de moi. Il ne m'avait même jamais insulté ou rabaissé avant aujourd'hui. Je le revois encore se métamorphoser lorsque je lui ai annoncé que Louis est mon ancienne cible, je revois encore ses yeux me regarder avec rage et dégout lorsqu'il m'hurlait dessus...

Je passe mes mains sur mon visage en repensant à Louis et à se que je lui ai fait subir. Une personne normale ressentirait du regret, de la honte, de la tristesse mais moi je ressens seulement de la colère envers lui. Je suis en colère qu'il ne m'ait pas parlé de ses problèmes lorsqu'il en avait l'occasion. Il aurait pu stopper mon pari, j'aurais tout arrêté avant qu'il ne soit trop tard si il m'aurait tout avoué. Il avait la décision entre ses mains, il avait le pouvoir de décider de son avenir mais il a préféré laisser filer son unique chance d'éviter les conséquences de ce pari.

Je lève quelques instants mes yeux vers les étoiles qui parsèment le ciel dépourvu de nuages. Je prends une grande inspiration puis j'expire longuement pour essayer de calmer mon esprit embué.

Le clapotis de l'eau devient vite insupportable, je ressens soudainement le besoin de partir loin de ce pont et de cette rivière qui joue avec mes nerfs. Seulement, je n'ai pas envie de rentrer chez moi, je n'ai pas envie de croiser ma "parfaite" famille qui me rappelle sans cesse que je suis l'intrus. Une idée me vient alors spontanément en tête. Je saute de la barrière pour retrouver la terre ferme puis je me dirige vers ma voiture, garée sur le côté de la route. Je monte à l'intérieur et allume le contact sans attendre. Je fais demi-tour puis roule à toute vitesse sur la chaussée déserte. Pas un bruit ne résonne dans l'habitacle hormis le ronronnement du moteur. Je traverse toute la ville à la vitesse maximum en grillant quelques feux tricolores. Je m'engage ensuite dans un petit chemin de campagne et fini par m'arrêter devant une grille à la peinture noire écaillée. Je coupe alors le moteur, supprimant par la même occasion toute lumière.

Mes yeux sont fixés sur le portail entre-ouvert, mes mains sont encore crispées sur le volant, je suis soudainement pris de doutes. Je ne sais plus si je dois y aller ou non, ça fait tellement longtemps que je ne lui ai pas rendu visite...

Je fini par souffler un grand coup pour rassembler tout mon courage puis je sors de ma voiture. Je me frotte plusieurs fois les bras pour faire face à la fraicheur que dégage la petite forêt qui m'entoure puis je pousse la grille qui s'ouvre dans un grincement. Je m'aventure dans l'immense parc avec pour seuls bruits mes pieds frottant la terre humide et le hululement d'une chouette. Je connais parfaitement le chemin, je pourrais le parcourir les yeux fermés malgré mes nombreux mois d'absence.

Après quelques minutes de marche silencieuse, je parviens sans encombre à atteindre mon but. Je prends donc une nouvelle grande inspiration puis je fais un dernier pas pour m'approcher au plus près. Je m'accroupie, les jambes tremblantes et je garde mes yeux rivés sur le nom inscrit devant moi. Mes yeux deviennent rapidement humides, c'est toujours aussi difficile de se retrouver là, même après de nombreuses années...

Lost hope - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant