Chapitre 22

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Louis POV:

Le temps s'écoule et pourtant ni ma mère ni moi ne bougeons. Je la sers toujours fortement contre moi même si ses sanglots se sont calmés. Je ne connais pas la cause de son chagrin, j'aimerais lui demander mais j'ai peur qu'elle recommence à pleurer. J'ai peur que l'état de mon père ait empiré, j'ai peur qu'il aille de plus en plus mal et que ni les médecins ni ma mère ne puissent faire quelque chose. Je ne sais pas si j'arriverais à supporter un nouveau drame...
Ma maternelle finit par se détacher de moi en essuyant ses yeux humides. Elle prend une grande inspiration avant de me dire sans que je lui pose une quelconque question:
- Ton père à refait une crise... Comme celle qu'il a fait quand tu es venu le voir la dernière fois... Sauf que cette fois-ci c'est avec moi... Il ne veut plus que j'entre dans sa chambre depuis plusieurs jours déjà...

Elle souffle pour tenter de garder son calme. Je reste bouche bée, je ne peux pas imaginer que mon père refuse catégoriquement de la voir et de lui parler. Elle reprend une autre inspiration et continue son récit alors que je le pensais terminé:
- Ce n'est pas tout... Il refuse aussi de prendre ses médicaments et les médecins n'arrivent plus à le contrôler. Il est devenu violent et... Et il agresse les infirmières...

Je laisse mes épaules s'affaisser et mes bras pendre mollement dans les airs contre mon corps. Sans que ma mère me le dise je comprends que l'état de mon paternel s'aggrave, que sa situation empire de jours en jours. Sa maladie est incurable, elle ronge chaque cellules de son cerveau et de son corps, il meurt à petit feu dans ce lit d'hôpital sans que personne puisse faire quelque chose. Ma mère est la seule personne qui garde encore espoir qu'un miracle se produit, elle est la seule à encore croire en une possible guérison. Les médecins et moi même savons que c'est bientôt la fin, qu'il va très prochainement s'éteindre. Seulement, je n'arrive pas à accepter cette réalitée, elle est beaucoup trop dure à encaisser. J'ai encore besoin de lui, je ne veux pas qu'il nous laisse seul ma mère et moi.

Je me ressaisit rapidement, je ne dois pas être faible devant ma mère. Je dois rester fort parce qu'elle a besoin de soutien et de réconfort. Je dois penser à elle avant de penser à moi.
Je prends une petite inspiration pour chasser la boule qui est logé dans ma gorge puis je tente de la rassurer:
- Tout va s'arranger maman ne t'inquiète pas. Papa est fort, il va aller mieux.

Elle me regarde septique avec des yeux emplit de larmes et les lèvres tremblotantes. Je rajoute donc pour la convaincre:
- Tout va rentrer dans l'ordre d'ici quelques jours, c'est seulement une mauvaise semaine pour lui, ne t'en fais pas.

J'accompagne mes paroles par un sourire sincère. Je m'en veux de lui mentir, de lui faire croire que j'ai encore espoir pour mon père mais je ne peux pas l'affaiblir encore plus en lui disant la vérité, je ne peux pas lui infliger cette souffrance.
Elle m'offre un léger rictus et un "merci" d'une petite voix cassé avant de m'annoncer qu'elle va se coucher. Je la prends une dernière fois dans mes bras puis je la laisse s'en aller.

Je reste un moment planter au milieu de la cuisine, sans rien faire. Je regarde fixement le mur devant moi, les poings serrés. J'étais heureux il y a encore quelques minutes d'avoir passé une soirée avec mon premier vrai ami. Tout mes soucis semblaient s'être envolés, je ne pensais plus à rien mais voilà que dès que je goute au bonheur un malheur s'abat sur moi et m'écrase de tout son poids.
Une seule et unique larme roule sur ma joue droite. Je la chasse rapidement puis monte dans ma chambre, sans boire. Je m'allonge dans mon lit après avoir ôté mes vêtements puis ferme les yeux en plaçant mes mains derrière ma tête. Je tente de trouver le sommeil mais mon esprit est trop encombré, je ne cesse de ressasser la nouvelle. Mon père va bientôt mourir et je ne peux rien y faire...

Je me réveille une nouvelle fois bien avant que le soleil apparaît. Mes yeux s'ouvrent automatiquement lorsque je réalise que toute la conversation que j'ai eu hier avec ma mère n'est pas un rêve, que tout ce malheur est belle et bien réel. Je me rappel ensuite que ce soir je vais au cinema avec Harry, se qui me tire un léger rictus pendant une fraction de seconde. Je suis content d'y aller avec lui, j'espère que ça va me changer les idées pendant quelques heures. J'ai néanmoins peur que Harry soit en retard une nouvelle fois, j'ai peur qu'il m'oubli et me laisse poiroter pendant plus d'une heure sans me donner aucune nouvelles, comme hier...

Lost hope - PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant