Prologue

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-1septembre 1991-

Ne vous êtes-vous jamais senti seul à un moment donner de votre vie?
Ne vous êtes-vous jamais demander à quoi rimait cette solitude perpétuelle, à quoi rimait votre tristesse, ce manque de joie qui fait que, vous n'allez pas bien ?
Pourquoi certaines personnes sont-elles plus acceptées que d'autre ?
Je suis dans ce genre de cas là. Je suis ce gamin seul, et rejeté du lot, ce gars sans amis, ce gars froid et sombre.
Mais faisons tout de même les présentations. Rex. Rex Keesly. J'avoue je n'ai pas été gâté niveau prénom.
Aujourd'hui, étant mon premier jour dans le lycée d'Édimbourg, j'ai décidé de me lever extrêmement tôt.

-06:00-
Mon réveil émit encore cette effroyable sonnerie, me rappelant que la nouvelle année scolaire commençait.
Je me vêtis rapidement et descendais les quelques marches qui mènent à ma chambre pour me diriger vers la cuisine ou ma mère encore saoule de la veille dormait avachie sur la table. Agacé par son comportement puéril de divorcée en crise, je me dirigeai à l'entrée, sans prendre le temps de petit déjeuner. J'enfile mes Docs et sors de la maison en claquant violemment la porte de l'entrée. Je laissai mes pas traîner sur le bitume, marchant sans conviction aucune vers mon arrêt de bus où j'apercevais d'autres élèves déjà en train d'attendre leur transport. Mais malheureusement pour moi, le seul bus pouvant me ramener en cours eut la bonne idée d'arriver avant moi, et je dus me résoudre à faire le chemin à pieds.
M'approchant du lycée, les grilles closes de l'établissement, froides, grises et intimidantes me fermaient l'entrée. J'avais une demi-heure de retard. C'est un peu à bout de souffle que je laissai glisser mon doigt sur le bouton au voyant lumineux bleu et sonnai, attendant une réponse de la loge. La voix stricte d'une femme se fit entendre dans l'appareil.

-C'est pour? dit sèchement la femme dans son micro.
-Hem bonjour, je m'appelle Rex et je suis nouvel élève au lycée. J'ai raté mon bus et je n'ai pas pu arr-
- J'ouvre tout de suite et en entrant allez à la loge directement à droite après les grandes portes de fer, me coupa-t-elle.
-Oui.

Les grandes portes s'ouvrirent et je me dirigeai vers l'endroit où la femme m'avait ordonnée de me rendre.
Derrière une lourde porte bleue, se trouvait un comptoir et des alignements de tables où des tonnes de papiers étaient empilés.
Une femme arriva.
Elle ne souriait pas. Le regard sévère et son chignon serré, elle me désigna une pile de paperasse et me fit remplir un billet pour justifier mon absence, et c'est seulement après ça que je pus, gagner ma classe.
Une surveillante un peu plus souriante m'accompagna et me fit prendre tout un tas de couloirs dont je ne me souviendrai jamais puis nous arrivâmes à devant la fameuse salle 225. Elle frappa. Elle entra. Je suivis.

Cela ne faisait que vingt cinq minutes que les "cours" avaient commencé et la salle dégageait déjà cette horrible odeur de sueur.
Tous les regards se tournèrent vers moi et j'entendais déjà un groupe d'idiots pouffer de rire au fond de la salle.

-Tu es? demanda le professeur
-Rex Keesly.

Il vérifia sur sa liste où était répertoriés tous les élèves et je pris place dans le fond de la salle devant deux filles. Je me plaçai à côté d'un garçon bien plus imposant que moi et mon petit corps maigre et lâche, et m'appuyai dos contre le mur. Il sentait deux fois plus la sueur que la classe tout entière. Mes yeux balayaient la salle, et mon regard s'arrêta sur un jeune homme assis deux rangs devant moi. Et je me surpris d'ailleurs à le scruter aussi longtemps. Pour une raison abstraite il... m'intriguait. Ce devait vraiment être très gênant pour lui puisqu'il eut l'air de remarquer que je le regardai. Mais je m'en fichais pas mal.
Je venais d'interrompre le moment de la présentation du garçon que je venais de fixer.

-Heu bonjour, j'ai 17 ans je m'appelle Joshua, mais appelez-moi simplement Josh, dit-il avec un grand sourire.
-Merci...Joshua. Vous pouvez vous rasseoir. À votre tour Rex.
-Hum Rex, Rex Keesly, 16 ans.
-Je vous remercie pour votre enthousiasme Rex, me dit le prof.

Après avoir fini ma présentation, le professeur nous distribua les emplois du temps. Il n'était pas très chargé, il n'y avait que peu de cours. Quand la sonnerie retentit et annonça la fin du calvaire, je me dirigeai vers le grand portail par lequel j'étais entré. Joshua, le garçon de la salle de biologie m'interpela au loin mais je n'y prêtai pas attention. J'étais de nouveau plongé dans mes sombres pensés, tout en écoutant "Holiday" de Green Day.

Je fus absent aux deux cours suivants.
L'appel de la rue m'avait attiré. J'étais donc sorti, répondant aux cris des sirènes.
J'allais dans les endroits chauds de la ville, j'essayais à tout pris d'échapper à l'agitation.
Je n'aimais pas vraiment les foules, je n'aimais pas tous ces regroupements, les endroits bondés de monde.
Je me réfugiais donc dans les endroits peu visités et peu lumineux.

"Mais qu'es-ce que je fais ? Pourquoi je ne suis pas en classe ?"

Mon année partait déjà en cacahuètes.

Au loin une étrange fête foraine fantôme de monde me faisait face, il n'y avait personne, pas un bruit, pas une ombre. Seul le doux vent du Sud cassait un silence pesant.
J'errais le long des attractions, touchant du bout des doigts les installations et autres wagons faits de fer et de plastique.
Je sortis mon emploi du temps de mon sac à dos, et je pus constater que mon après-midi était libre. Je décidai alors d'aller me payer quelque chose à manger avec le peu d'argent que j'avais sur moi.
Après avoir manger le peu de chose que j'avais acheté, je retournai au lycée. En face de moi, à travers les grandes grilles, une masse d'élèves se bousculaient pour sortir. De l'extérieur, on aurait dit des millions d'animaux se battant pour attraper ne serait-ce qu'un petit morceau de viande.
Puis, quand tout le troupeau d'élèves fut sortie de l'établissement, j'aperçus Josh me faire signe. J'eus soudainement le cœur qui accélérait et je m'enfuis en courant vers la fête foraine. Je me précipitais dans les wagons déserts où j'avais passé la plus grande partie de ma matinée.
Il y faisait chaud. Je m'y sentais en sécurité.
J'y étais bien.
Le temps passa et la nuit tomba. Je vis au loin de petits points lumineux dansant dans le ciel sombre de la nuit. De l'autre côté de ce sombre ciel, un incroyable couché de soleil surplombait cette autre partie de la ville.
Édimbourg devenait sombre.
La nuit était tombée.
Vers 22 heures, les lumières des attractions s'allumèrent toutes en même temps.
Soudain une foule de gens apparut à une vitesse folle en ma direction. Des enfants criaient et pleuraient à tout va.
Cet endroit si calme se transforma en l'espace de quelques secondes en un champ de bataille rempli de gosses enragés.
Ayant peur de me faire remarquer dans cet endroit où je n'étais pas censé être, je descendis du wagonnet où j'étais confortablement installé, je pris mon sac et je m'enfuis en courant.
Je sortis de cet endroit par le petit portail situé à l'arrière de l'attraction où je stationnais. Et je recroisai le garçon que j'avais aperçu auparavant. Joshua m'interpella de nouveau.

-Hey ! Tu n'es pas le garçon de ma classe qui es arrivé en retard ?
- Heu.. Oui, dis-je tout gêné.
-Je me disais bien que je t'avais déjà vue. Ne m'as-tu pas entendu tout à l'heure, devant le portail ? Dit le jeune homme ?

Je n'avais jamais été aussi gêné de ma vie. Le rouge m'était monté aux joues à une vitesse incroyable, et je me sentais encore tout tremblotant.
Je venais de me ridiculiser devant ce garçon qui paraissait pourtant si gentil. J'avais lamentablement perdu mes moyens. Je me sentais stupide. Joshua devait avoir un an de plus que moi, c'était un joli garçon, ni trop maigre ni trop gros, il avais un doux visage. Ses yeux grisâtres et ses cheveux charbon lui donnaient un air menaçant et enfantin en même temps.
Il devait être un peu plus grand que moi.
Il avais le teint pâle et les joues roses. Je le saluais en m'excusant, un peu embarrassé et traçais ma route
Dans les environs de 23 heures, je me décidais enfin à rentrer chez moi. Sur le chemin du retour, je pris mon téléphone dans ma poche et vit que je n'avais aucun SMS. Ma mère ne s'inquiétait donc vraiment pas de ce que je pouvais bien faire seul dans la rue. Arrivé devant mon logement, j'ouvris la porte qui n'était toujours pas fermé à clef et avançai dans la maison à pas de loup.
Il n'y avais aucun bruit.
Ma mère s'était probablement endormie, un verre à la main.
Je me dirigeai vers la salle de bain, où je me fis couler un bon bain chaud.
Arrivé à bonne température, je coupai l'eau et je fis tomber mes vêtements. Un frisson me parcourut le dos, alors je me dépêchais d'entrée dans l'eau tiède du bain.
Je sortis du bain au bout d'une dizaine de minutes et je me dépêchai d'aller me coucher.
Minuit sonna. Mes yeux devinrent lourds et je trouvais vite le sommeil.

REXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant