XXII.

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Il devait être dix heures quand je rentrai enfin chez moi. La porte de l'entrée en bois peint était comme à son habitude seulement fermée et non verrouillée. Je la poussai donc légèrement et me faufilai à l'intérieur de l'entrée où une étouffante chaleur me coupa le souffle. La maison était encore plongée dans l'obscurité. Je retirai mes grosses bottes et allai me chercher un soda dans le réfrigérateur. Après quelques gorgées, j'ouvrai les volets du salon. La lumière s'introduisait par l'ouverture me laissant découvrir la pièce en désordre sans nom. Les bouteilles d'alcool affluaient sur le sol tâché, le canapé ne ressemblait plus qu'à un champ de bataille, où les oreillers froissés étaient empilés.
Je ne voulais pas imaginer le reste de la maison, était elle aussi dérangée ou seulement le salon avait subi cette attaque?
Je rangeai ce que je pouvais ranger, replaçant tous les objets étalés sur le sol, à leur place si il en avait une, jetant tout ce qui nous étaient inutiles et m'avançai dans le couloir menant à ma chambre.
Des ronflements venant de l'ancienne chambre conjugale de mes parents me parvinrent jusqu'aux oreilles, mais je n'y prêtai pas plus d'attention que ça sur le moment.
Je passai à la salle de bain au mur à moitié carrelé et me débarbouillais
le visage. L'eau froide raviva ma peau encore endormie. Je me brossai les dents et changeai les vêtements que je portais.
Vers midi, peu avant le repas, je décidai d'aller réveiller ma mère qui devait encore cuver de la veille. Sa chambre était dans une ambiance tamisée par une lampe de chevet, et quelques rayons de soleil avaient réussi à se faufiler à travers les volets. Une forte odeur de transpiration m'emplissait les narines et me souleva le cœur. Les ronflements étaient de plus en plus puissants, comme si, un enfant s'amusait à imiter son père endormi.
Mon regard se balada sur les murs en papier peint beige fleuri, puis s'attarda sur son lit. Ma mère était allongée sur le dos, un draps recouvrant son corps chétif et dénudée. Les cheveux formaient une couronne brune sur son oreiller froissé et humide de sueur. À ses côté se trouvait une plus importante masse de chair, elle aussi recouverte par les draps blancs du lit. Ses bruyants ronflements faisaient presque écho sur les murs, tout en me provoquant de légers sursauts. Je m'approchai silencieusement de ce colosse de muscles, et fut coupé court, quand je découvrai son visage familier.
Mon père, l'ex-mari de ma mère, Richard, Richard le père de Kate, se trouvait dans le lit conjugale où ils avaient déjà partagés leurs nuits auparavant.
Les questions se bousculaient dans ma tête, des interrogations ricochaient dans mon esprit, me laissant sans la moindre réponse. Je fis demi-tour, en éteignant la lampe et ferma la porte. Mes pas étaient comme ceux d'un automate, et mon cerveau croulait sous l'incompréhension. J'avais marché jusqu'au bar en bois de la cuisine sans vraiment regarder où j'allai, la maison n'était de toute façon pas assez grande pour sue je m'y perde. La faim me tenaillait le ventre mais je n'avais aucune envie d'avaler la moindre nourriture. Plus le temps passait, et plus je m'imaginais, de mon esprit tordu, la pire scène qui avait pu se passer la veille entre mes deux parents. Ma tête me faisait mal et ces idées, ces drôles d'idées, me faisaient des hauts le cœur et m'énervaient.
J'avais, toute l'après-midi, ignoré totalement l'existence de me deux ascendants.
Richard était furtivement sorti sur les coup de quinze heures. Je n'avais pas pris la peine de le saluer, de toute manière, je ne devais même pas l'avoir croisé.
Juliet m'avait rejoint dans la cuisine peu après le départ de son amant, si je peux l'appeler comme ça.

-Oh.. Rex, tu es déjà rentré ? Je pensais que tu n'allais revenir que ce soir.

J'avais laissé cet étrange silence se poser entre nous deux, faisant grandir un malaise tout à fait inévitable. Je la regardais droits dans les yeux, cherchant de tout cœur à lui faire avouer, cette nuit interdite qu'elle venait de passé. J'arrivais à cerner dans son regard une lueur, sans doute un soupçon de peur ou d'appréhension. Je savais ce qui s'était passé. Je n'étais pas dupe. Et j'attendais impatiemment des explications de la part de ma mère. En soit, elle faisait ce qu'elle voulait, mais cette trahison de la part de ma mère me consternait. Elle n'avait pas seulement couché avec son ex-mari. Non. Elle avait aussi ouvert les bras au père avec qui j'aurais voulu grandir, à l'homme qui nous avait abandonné...Elle a osé remettre les mains sur un homme marié à une femme charmante, qui plus est, la mère de l'une de mes meilleurs amis. Et voilà qu'on se toisait, dans une ambiance froide, nous cherchant du regard, tous les deux plongés dans les soupçons, le doute et le silence. Je n'arrivais pas à lui crier ce que je pensais. Je ne pensais pas y parvenir, alors je lui demandai simplement comment s'était déroulée sa soirée chez Richard et sa femme.

REXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant