II.

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C'est le weekend. Libération. Je pouvais enfin respirer après eu une rentrée plus que moyenne. J'ouvre grand ma fenêtre et respire un coup. Une nouvelle journée s'annonçait. Le soleil ne s'était pas encore complètement levé que je soupirai déjà de fatigue. Respire》. Le vent me gifflait d'une bourrasque glaciale, me rappelant que j'avais autre chose à faire que de flâner. Je descendai les marches de ma chambre, seul pièce à l'étage. Aucune trace de ma mère, si ce n'est cet amont de bouteilles trônant sur la petite et bancale table à manger. Une énorme tâche datant d'au moins 3 ans s'étalait sur le vieux tapis beige pellucheux qui couvrait de façon aléatoire de petites tommettes bordeaux. Je pris appui sur la seule chaise encore debout du coin cuisine-salle à manger ouvert sur notre salon mal agencé. J'étais comme impuissant face à tant de désordre. Qu'importe à quel point je me tuerai à nettoyer cette baraque, ce serait inutile. Le problème? Ma mère évidemment. Et elle osera m'accuser de ce bordel sans nom quand elle se réveillera de ses mini-comas, avec son éternelle gueule de bois. J'aurais rarement vu ma génitrice sobre...

-Rex!

Je l'entendais déjà râlée dans sa sombre chambre alors que je me dépêchai d'enfiler mes chaussures pour échapper à l'atmosphère étouffante de cette maison après avoir passer toute ma matinée à la nettoyer. Je traversai l'allée en évitant les mottes de terre et les cadavres de plantes mourant sur les dalles de pierre. J'avais encore une bonne petite demi-heure de marche pour descendre dans les rues de Livingston, et de prendre un transport pour Edimbourg Park... Alors que je sortais de la pâtisserie de Patie, qui était le seule, à des kilomètres à la ronde, à proposer des spécialités françaises, je tombai nez à nez devant la blonde d'hier, accompagné de Joshua et de sa copine brune.

-Ah! Rex c'est ça? Quel plaisir de te revoir! Me balança-t-elle en me regardant de bas en haut.
-Oh vous vous connaissez? Fit Joshua en souriant.

Je passai ma main derrière, gêné.

-Pas vraiment non...
-Laisse-moi donc faire les présentations!
-Joshua laisse tomber, ce mec est bizarre, ignora la blondasse en tournant les talons.
-Nan j'insiste. Rex, Patie et Katherine...-
-Kate, Joshua, juste Kate, rectifia la blonde.

Patie, qui était restée en retrait, me salua de la main en redressant ses lunettes tandis que, Katherine ne m'adressait pas un regard.

-Je suppose que tu connais déjà mon prénom, mais au cas où, moi c'est Joshua, sourit-il encore en se penchant vers moi. Tu veux nous rejoindre?

J'étais complètement abasourdi. Ne sachant quoi répondre, je bredouillai un《Ouais..》sans conviction. Comment refuser quelque chose à ce gars? Il attendait ma réponse avec le plus grand sourire qu'on m'ait jamais adressé, j'acceptai donc, en toute politesse son invitation. En l'espace de quelques secondes, mes plans de vagabondage et de solitude retrouvée tombaient à l'eau...
Par chance, le petit groupe se dirigeait lui aussi à Édimbourg. C'est la mère de Patie qui nous accompagna en voiture. Si ma mère était responsable, je suis sûr qu'elle me sermonnerait d'être monté dans la voiture d'une inconnue. Mais je pouvais bien faire le tour du pays dans un van de drogués qu'elle ne m'en tiendrait sûrement pas rigueur.

-Alors vous habitez tous à Livingston?, dit la mère de Patie.

Joshua et Katherine aquiescèrent. Moi, assis à l'arrière de la voiture, je faisais mine de n'avoir rien entendu.
Je relevai la tête, et je vis Joshua me regarder par à travers le rétroviseur. Son oeil gris me scruptait.
La mère de Patie nous déposa près d'Holyrood Park. Je pouvais voir la grande falaise, surmonté d'un beau et grand chateau un peu délabré. Le paysage avait quelque chose de magique, et en fermant un peu les yeux, on imaginait sans mal la vie qui s'y menait avant.
Après quelques dizaines de minutes de marche, nous décidions de nous poser à un point où la vue sur la ville était à couper le souffle. L'herbe était un peu humide, j'y étalais donc mon blouson avant de m'asseoir. Le soleil brillait dans un ciel bleu cérulé et réchauffait l'air. Une brise légère faisait voler nos cheveux dans le vent. Je m'étais mis un peu à l'écart du groupe. Je les écoutais d'une oreille distraite, ils discutaient de tout et n'importe quoi. Mes lunettes de soleil et ma sucette à la bouche, je contemplais le ciel à peine parcemé de petits nuages. Le temps était formidablement beau vu la saison. Regarder les nuages me rappelait les vagues souvenirs que j'avais de mon père, qui nous avait quitté alors que je n'étais âgé que de 4 ou 5 ans. Je me souviens qu'il m'allongeait dans l'herbe à côté de lui et qu'il me racontait des histoires de dragons, d'esprits de forêts et de guerriers en pointant les nuages.
Près d'une heure après notre arrivée, Patie et l'autre idiote nous laissèrent, préfèrant descendre prendre un thé en ville. Il ne restait donc plus que Joshua. Un silence s'installa. J'étais gêné. Ne sachant pas quoi lui dire, je montai le volume de la musique qui berçait encore et toujours mes oreilles.
L'atmosphère devenant de plus en plus pesant, Joshua se redressa et me tendit sa main. Je retirai mon casque.

-Viens. Suis-moi.

REXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant