V.

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Voilà une heure que j'étais remis de mon malaise. Joshua me raconta autour d'une boisson chaude qu'il revenait d'une course de dernière minute avec sa mère quand il m'avait vu au loin traverser la route et m'effondrer au sol. Pourtant à aucun moment il ne fit référence ou ne parla de Scampte. J'allais finir par croire que j'étais fou à lier, que je devais me faire enfermer. Pourquoi cette fille s'enfuyait toujours? Avait-elle quelque chose à cacher?
J'essayai de rester calme mais malgré moi, je demeurais préoccupé.

- Hey ! Tu m'écoutes ? Tu m'as entendu?
- Oh, excuse moi je... j'étais un peu perdu.
- Bon il se fait tard, il faut que je rentre. Sois à l'heure demain, pour changer.
-Vu l'heure, tu peux aussi dormir ici tu sais?

La proposition était sorti aussi naturellement que si je parlais à un ami de longue date. J'ouvrai grand les yeux et me tournai vers lui. Il se redressa avec une expression grave.

-Je ne dors pas chez les gens. Merci pour le chocolat.

Et il partit comme ça.
Le lendemain matin, je me réveillai fatigué mais étonnamment euphorique. Je me préparai à la hâte et eus même le temps de prendre un petit déjeuner. Je repensais à hier soir. Son expression lorsqu'il a refusé ma maladroite proposition m'avait surpris. Qu'importe, j'essayai de positiver, pour une fois. J'avais beau en vouloir un peu à ma mère de ne pas s'occuper de moi, je ne pouvais pas lui attirer des ennuis en n'allant pas à l'école. Il fallait que je sois capable de l'aider, il fallait que je réussisse...
La matinée de cours passa étonnamment vite, et je me surpris à trouver de l'intêret pour mon cours de français. Il était déjà midi, et il me restait deux bonnes heures avant la reprise des activités. Je décidai donc de me rendre au self avec mon sandwich à la main. Au loin, j'aperçus Patie et Joshua, accompagné de cette pimbêche de Katherine et de Joakim se diriger vers ma table. Pourquoi m'étais-je donc installé à une table aussi grande?

-Coucooouuu Reeex! Fit Katherine, enjouée.
-Salut mec, se permit de dire Joakim, le "perfect guy" par excellence de la classe.

Barbie? Ken? Est-ce vous? Je soupirai en voyant Katherine s'installer à côté de moi en dandinant. Patie me fit un signe de la main et Joshua prit place en face de moi, silencieux. Joakim n'eut pas l'air de se rappeler que la dernière fois qu'on s'était parlé, il m'avait menacé de me faire payer mon insolence. C'était déjà un problème de moins. Et bien que je ne compris pas trop le vieux numéro de la Katherine, consistant à balloter sa poitrine sous mon nez en secouant ses cheveux, le repas se passa étonnamment bien. Patie, d'ordinaire calme, avait animé la discussion avec beaucoup d'entrain. Je me levai et allai jeter mes emballages dans la poubelle non loin de là dans le but de respirer un peu, n'étant pas habituer à être si entouré quand je fus pris de violents spasmes. Et avant que je ne puisse appeler à l'aide en me tournant vers la table, je tombai à terre sous le regard de Katherine.
Lorsque je me réveillai, la première chose qui m'interpela, c'est l'odeur aseptisée de la pièce. Je toussai et me redressai. Quand est-ce que j'avais été emmené ici? Je ne me souviens pas avoir perdu connaissance pourtant... À côté du lit, une touffe de cheveux noirs était appuyé sur l'accoudoir du fauteuil. Joshua avait dû s'endormir ici après m'avoir emmené, en moins de 24 heures, voilà deux fois qu'il me sauvait la mise. Il devait sûrement être un formidable ami pour être aussi fiable. À côté de moi, Katherine s'agitait en faisant les cent pas dans la pièce. Quand elle me vit éveillée, son visage afficha une mine mi-en colère mi-soulagée. Elle s'approcha de moi et, sans que je ne sache trop pourquoi ou même que je m'y attende, elle me gifla.

-Tu m'as fait peur idiot! Commença-t-elle à pleurnicher. Ça fait pas deux semaines que les cours ont commencé et tu joues avec la maladie? Pourquoi tu n'es pas juste resté chez toi?!

Joshua se réveilla en sursaut et en sueur, réveillé par les cris de notre camarade. Il l'arrêta en la tirant par derrière.

-Arrête de t'énerver sur lui Kate, c'est inutile. Il n'a pas de compte à te rendre.

La jeune fille le dévisagea et sortit de la pièce avec une mine offusquée et le regard noir. Mon "sauveteur" se tourna vers moi.

-Faut pas lui en vouloir, elle... Elle s'est attachée à toi. Elle est un peu bizarre mais bon, elle est comme ça.

Il me sourit et s'assoit sur le bord du lit.

-Ça va mieux? Tu sais que j'ai manqué les activités de club à cause de toi. Pas que ça me dérange mais bon, c'est quand même de ta faute.

Il me regarda avec une expression sévère avant d'éclater de rire. Son rire envahit la pièce monochrome de vie et de chaleur. Je souris, gêné.

-Bon allez, c'est pas grave, mais...Si tu veux mon avis, tu devrais aller voir un médecin.

REXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant