XII.

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J'étais furtivement repassé chez moi quelques heures avant le début des cours. Il faisait encore sombre dehors, le soleil ne s'était encore levé. J'étais entré silencieusement dans la maison du mensonge, que j'habitais avec ma mère, me dirigeai rapidement vers ma chambre en haut de l'escalier de bois foncé et pris mes affaires et mon sac à dos. Je redescendais les quelques marches qui menait au salon-salle à manger et découvris avec stupéfaction que mon géniteur y avait passé la nuit sur le grand sofa au cuir fatigué du coin télé, bouteille de vin à la main, qu'il avait rapporté. Dépité de voir encore sa figure dans la maison où j'ai continué de grandir même après sa disparition, je ne perdai pas plus de temps, et m'échappai. Joshua m'attendait devant la maison, lui avait déjà ses affaires , alors nous nous dépêchâmes de marcher, réussissant de justesse à rattraper le bus. L'année était déjà entâmée depuis quelques mois maintenant et même si elle a été difficile au début, je me sentais enfin à l'aise quelque part. J'avais des amis qui, je l'espèrais, étaient réels, je m'entendais très bien avec Joshua et Kate qui, même si elle paraissait parfois méchante ou ingrate au départ, au fond n'était pas une si personne si désagréable, et avait en réalité du cœur. Quant à Pat, mon ressentiment sur cette timide fille était encore partagé. Je n'arrivais toujours pas à cerner ses intentions. Je ne savais pas si elle était sincère avec nous ou si elle était là par défaut de n'avoir que nous comme amis. Les cours avaient commencés vers 9:00. Notre vieille professeure d'histoire était toujours aussi molle qu'au début de l'année. Sa voie monotone m'endormait un peu plus à chacune de ses paroles. Ma tête frappa sur le plancher de la table, provoquant un énorme fou rire de Kate qui, installée à coté de moi, explosa de rire, laissant découvrir ses dents parfaitement blanches. La professeure me lança d'un regard noir. Je regardai donc à mon tour la femme qui se tenait devant la classe et lui montrai mon plus beau sourire. Celui-ci la fit soupirer. La coche sonna, annonçant rapidement la fin des cours. Notre après-midi était comme à chaque fois libre. Alors notre petit groupe décida de se rendre à la piscine, profiter à la fois du beau et chaud soleil, mais aussi de notre après-midi entre amis. Celle-ci devait être à environ dix minutes de marche du lycée. Nous avions convenu la veille que nous nous y rendirions. Chacun régla ses formalités, et se dirigea vers les vestiaires où  Joakim semblait déjà nous attendre. Kate l'ayant invité avec nous, je n'eus mon mot à dire. Les vestiaires de la piscine où nous nous trouvions étaient étonnamment propres. Il y avait ces grandes portes bleu électrique, c'est gros carreaux blanc au sol, et cette méchante odeur de chlore qui piquait les yeux. J'enlevais mes vêtements et me mis en maillot. Joshua et Joakim étaient postés devant ma cabine, attendant que je sorte. Je ne tardai pas à les rejoindre, bientôt suivi par Kate et Patie qui faisaient vestiaires apart. Arrivé au bassin, je ne tardai pas à me sentir ridicule devant les garçons, qui affichait un corps plus affûté que le mien. Joakim, c'était le parfait rugbyman dans toute sa splendeur. Musclé, robuste, grand et fier. À côté, Joshua affichait un corps plus fuselé, un peu plus grand et beaucoup olus fin et élancé. Les cheveux vite trempés, il les plaquait en arrière et réussissait l'exploit d'avoir toujours l'air apprêté. Les filles avaient pris possession du jaccuzzi, et nous les rejoignîmes après une série de courses en longueur. Patie regardait ses pieds d'un air détaché pendant que Joakim, mangeait littéralement Kate du regard. Et alors que la situation commençait à devenir gênante, je proposai un concours de plongeon du haut des plongeoirs. La troupe se réveilla, mais les filles, moins téméraires que nous, préférèrent de jouer les télespectatrices. Joakim se lança en premier, et fit un saut peu dans la finesse, tout dans la puissance. Une énorme vague perturba l'eau, qui éclaboussa de part et d'autre. Je me lançai ensuite avec appréhension, et me plaçai au plus bas plongeoir... pour effectuer un magnifique plat. Le groupe éclata de rire, et je me rassurai de savoir que la piscine n'était pas très fréquentée à ces heures de la journée. Et malgré la rougeur de mon ventre et mon visage empourpré, je riai de moi avec les autres. Joshua lui, prit place sur le plus haut plongeoir, se posta avec élégance en position de saut, et je le regardais le souffle court, alors qu'il s'élançait lui aussi enfin dans le vide.

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