I

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Comme tous les matins, je me réveilles à l'aube. J'avais encore fais cet énième cauchemar. Toujours le même avec cette femme et ce petit garçon que je connais d'après mon rêve. Ce sang qui coulait le long du cadavre de l'homme me revient sans cesse en mémoire. J'ai pourtant vu ma psychologue la semaine dernière, qui m'a soufflé que tout allez bien, mais n'a changé.

Je descends dans la cuisine, sans faire le moindre bruit, de peur de réveiller ma sœur encore endormie. La dernière marche sous mes pieds, j'entends des cris depuis le salon. Le cœur au bord des lèvres, les poings serrés derrière mon dos, je m'approche du bruit. Je pousse un soupir en découvrant mon père, ivre mort, allongé sur le canapé de la pièce, une bouteille de bière sur son ventre, laissant couler son liquide. L'idée de le laisser ici me traverse l'esprit, mais je me résigne. Je sais qu'il ne sera pas ravie d'être réveillé, et encore moins par moi, mais je ne peux pas le laisser dans ces conditions.

J'attrape la télécommande, par terre, et éteins la télévision. Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux, puis je me poste au côté de mon père.

“Papa, réveille-toi.” Je lui chuchote, tout en secouant son bras pendant.

Aucune réponse. Je lève les yeux au ciel. Il est encore bien amoché, et je suppose qu'il a passé la soirée dans un bar avec des amis, avant de finir sa soirée sur ce canapé.

Je tente de le tirer en m'aggripant à ses épaules, mais son calibre m'empêche de le soulever. La bouteille de bière, maintenant vide, s'échappe de son ventre et glisse sur le sol, s'écrasant en mille morceaux.

“Papa, réveille-toi s'il te plaît. Je ne peux pas te soulever.”

- Hannah ?”

Ses yeux marrons rencontrent les miens, et pendant un instant, le sentiment de sécurité prend place en moi, mais c'est sans compter sur son état. Son regard change du tout au tout, pour se transformer en une colère noire. Ses pupilles me lancent des flammes, celles qui tiennent l'entrée des portes de l'enfer.

Il se relève rapidement, manquant de tomber plusieurs fois, et de trébucher sur les morceaux de verre. Il attrape les épaules et me secoue, tout en me criant de ne jamais le réveiller. Je pose mes mains sur les siennes, essayant de les retirer de ma peau. La douleur se répand dans mon corps entier, et je réprime une grimace lorsqu'il s'appuie un peu plus sur moi. Je tente de le convaincre de me laisser, et qu'il devrait monter dormir dans sa chambre, mais il ne semble pas de cet avis.

Il penche sa tête sur le côté, et approche son visage du mien. Je sais déjà ce qu'il compte faire, comme à chaque fois qu'il est dans cet état. L'angoisse commence à se faire ressentir dans mon ventre, et une boule se forme dans le fond de ma gorge. Mon père ne tarde pas à lever sa main en l'air, et par réflexe, je ferme les yeux. Je n'ai pas la force de me battre contre lui, pas cette fois.

Je ravale mes larmes quand ses doigts se plaquent contre ma joue chauffante, et rouge. Je sens sa salive exploser sur mon visage, et il n'hésite pas à me pousser en arrière, me faisant perdre l'équilibre. Mes fesses touches le sol, et je ne peux réprimer le cri qui se cachait dans le fond de ma bouche. J'entends les pas de mon père se faufiler vers les escaliers. Il marmonne dans sa barbe, et me laisse seule, assise sur le sol, dans le salon, autour de la porcherie qu'il a laissé avant de partir.

Je pose ma main sur ma blessure, et pousse un soupir. Je me demande si j'aurais la force de lui faire face, un jour.

Je me redresse, et attrape les débris, de la bouteille de bière, éparpillés sur le sol, ainsi que celles posées sur la table, pour les jeter dans la poubelle. Je manque de me prendre le contour de la table, en me retournant pour prendre un verre, que je rempli d'eau. Je me poste devant la fenêtre de la cuisine, face au lavabo, et apporte mon verre à ma bouche. La lune de la nuit éclaire le peu d'espace de la pièce, mais mes yeux commencent à s'habituer à la noirceur.

SHOOT ME [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant