IV

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Je passe ma main sur les tissus accrochés sur les ceintres, placés dans ma penderie pendant que Jennyfer fouille à l'intérieur, à la recherche d'une bonne robe pour la soirée de ce soir. Je pousse un soupir désespéré, et je recule pour m'asseoir sur mon lit, alod que mon amie continue ses recherches. Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté d'aller à cette stupide fête, et encore moins pourquoi j'ai accepté l'aide de Jennyfer. C'est bien la dernière personne que je souhaite voir dans ma chambre, dans mon intimité, et pourtant elle se trouve dedans, en train de sortir chaque bout de tissu qu'elle voit, avant de le jeter comme un vulgaire déchet sur le sol.

“Tu n'as absolue rien de bien.”

Elle se tourne vers moi, et pose ses mains sur ses hanches, recouvertes d'une petite robe à fleurs, bien trop courte à mon goût. Je lève les yeux au ciel, et hausse les épaules. Je n'ai pas vraiment d'argument à lui proposer, et je suppose qu'aucune ne fera l'affaire. Cependant, Jennyfer étire ses lèvres en un magnifique sourire, laissant apparaître ses fossettes sur le milieu de ses joies, ainsi que ses pommettes rosées, assortis à son rouge à lèvre. Elle jette ses cheveux roux en arrière de son épaule gauche, et s'empresse d'ouvrir son sac noir, posé près du lit. Elle en sort une robe de la même couleur, puis me l'a tend, toujours le sourire sur le visage.

Mon visage se crispe lorsque je dépli le bout de tissu.

“Si tu portes ça ce soir, crois-moi, aucun garçon ne pourra te résister, pas même Jules.”

Je fronce les sourcils et me tourne vers Jennyfer, le regard rempli de question. Elle ricane devant ma réaction, tout en sortant une autre robe de son sac.

“Je vous ai surprise pendant le cours d'Histoire, jeudi.”

Le souvenir des évènements de ce jour me reviennent en mémoire, et le visage de Sarah avec. Mon cœur se serre à l'idée qu'elle se trouve encore à l'hôpital, ou bien même pire.

“Tu peux mentir à tout le monde Hannah, mais pas à moi.”

Intérieurement, je suis déjà en train de rire devant son nez et de lui crier qu'il n'y a rien entre le nouveau et moi, mais encore une fois je me couches. J'acquiesce d'un signe de tête, quand bien même je ne suis pas d'accord avec son interprétation, mais je suis trop secouée pour rétorquer, ou pour me battra avec elle.

Je coince une mèche de cheveux derrière mon oreille, sans quitter mes pieds des yeux. Jennyfer entreprend une tyrade pendant que mes pensées fusent en moi. Sa voix mélancolique envahit la pièce, pourtant elle semble n'être un écho, un simple bruit de tous les jours auquel on ne fait plus attention, et qui finit par totalement disparaître de notre esprit. C'est ce qu'elle devient. Un simple bruit qui s'estompe dans le silence de mes cris. Ma tête me brûle, et semble frapper chaque paroi de ma boîte crânienne. La douleur ne fait qu'empirer, depuis que tout ça a commencé. Depuis jeudi. La police a jugé l'affaire trop inutile pour ouvrir une grande enquête, et ils ont déclaré Sarah instable. Pourtant, dans mon souvenir, elle n'était pas instable ce jour-là, elle était apeurée, triste, presque morte intérieurement.

Une partie de moi s'en veut de ne pas avoir réagit plus tôt, et de ne pas avoir pu la sauver, et une autre me réplique que j'ai fais ce que j'avais à faire, c'est-à-dire essayer de la sauver. Tout semble si irréaliste, si vaste, si flou. Comment la vie peut passer de quelque chose de banale, à quelque chose de si étrange ?

Les mains toujours autour de la robe noire, les yeux sur mes chaussures, les pensées ailleurs, je me questionne. Peut-on vraiment avoir la chance de sauver quelqu'un ? Peut-on vraiment aller à l'encontre du destin que nous a tracé la vie ?

“Hannah !”

Je sursaute, et pose ma main sur mon cœur dans un soupir de frustration. Jennyfer, agenouillé près de ma penderie, sort une boîte d'escarpins. Elle se tourne vers moi, son sourire plus étiré, et me tend les chaussures.

SHOOT ME [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant