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Je traversai l'aéroport bien décidée à trouver coûte que coûte un guichet d'ouvert où je pourrais m'acheter un nouveau billet pour aller à Nice. Mais bien sûr et avec quel argent ? Je levai les yeux au ciel, quelle tête en l'air. Lorsque je fis le tour, je remarquai qu'un avion n'était pas encore parti. Discrètement, je m'approchais afin de savoir s'il restait des places. Je me cachai derrière une poubelle et observai les passantes afin d'essayer de saisir des bribes de conversationse, mais de là où j'étais je n'entendais quasiment rien. Soudainement, je sentis quelque chose me toucher l'épaule, alors que je m'apprêtai à me retourner une main se mit devant ma bouche. Tremblante de peur, j'entrepris alors de mordre la main clandestine qui me tenait fermement le visage. Mais rien à faire, je me sentis tirer en arrière pour me retrouver face à face avec mon agresseur. C'était une dame d'un certain âge, depuis quand on se faisait kidnapper par une mamie ? Si la situation s'était passée autrement, j'aurais rigolé, mais là, je n'en avais aucune envie. Elle retira sa main et je me mis à crier, mais les sons restaient coincés dans ma gorge. Je me débattis avec véhémence, mais la dame me tenait bien fermement. Elle mit un doigt devant sa bouche pour m'indiquer de rester calme et de me taire. Et bien malgré moi, je me tus.

« Tu le vois ? me demanda-t-elle en désignant l'avion.

Les yeux grands ouverts de peur, j'acquiesçai. Elle était folle ou quoi ? Bien sûr que je le voyais, je le voyais comme tout le monde le voyait.

- Et tu es déjà montée dedans ?

Je ne comprenais pas pourquoi elle me posait ces questions, mais valait mieux jouer la carte de la soumise, qui sait ce qu'elle pouvait me faire.

- Non, répondis-je simplement en espérant que les tremblements dans ma voix ne trahissent pas ma peur.

Ces yeux devinrent ronds d'étonnement.

- Oh mon dieu, il en reste encore alors, murmura-t-elle

Il reste quoi ? Je ne comprenais rien du tout.

- Je n'ai pas d'argent, pas de billet pour monter dans cet avion, absolument rien, dis-je en espérant qu'elle allait réaliser que je ne possédais rien du tout et qu'elle allait me laisser partir, même si je n'y croyais pas vraiment.

À ma grande stupeur, elle éclata de rire. Ce fut à mon tour de la regarder avec effarement.

- Oh, mais ma puce, tu croyais vraiment que j'allais te dépouiller ? Quel bien mauvais tableau tu me peins là !

- Euh...

Je poussai un soupir de soulagement, elle n'allait donc pas me séquestrer dans sa cave comme tous les films nous le faisaient croire.

- Bon allez suis-moi, grimpe dans cet avion.

J'étais totalement perdue, mais je me rappelai quand même que j'avais un objectif précis.

- Excusez-moi, mais je ne peux pas monter dans cet avion, je dois aller quelque part... marmonnai-je.

La vieille dame secoua la tête négativement.

- Jeune-fille, c'est important, tu dois me suivre, dit-elle doucement, mais avec un ton qui ne laissait place à aucune contradiction.

Emma SiltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant