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Le Litzère se sauva, la pierre dans sa bouche. J'étendis Cameron dans l'herbe, l'écartant ainsi des piétons indiscrets et Léonie vint s'asseoir à côté de moi. Elle écarta une guirlande aux lampions rouges qui pendait sous mon nez, fière d'elle. Je posai précautionneusement ma chouette, qui semblait s'être endormie, à ma droite. Soudainement, je sentis un coup de coude s'enfoncer dans mes côtes, je me retournai brusquement vers Léonie qui pointa du doigts vers le Litzère qui broutait tranquillement au loin, il semblait s'être délaissé de son caillou. La créature ressemblait énormément à une chèvre mais à une chèvre beige et sans corne. J'éclatai de rire lorsque je vis la bête avaler un galet de la taille... et bien de la taille d'une corbeille de fruit, je dirais. Du coup, le Litzère ressemblait à une chèvre qui mangeait des cailloux aussi. Un soudain ronflement nous interrompit dans nos réflexions. Interloquée par l'intensité du grondement, je tournai la tête de gauche à droite mais rien. Tout semblait calme.

- Regarde derrière-toi, chuchota Léonie.

Je me retournai doucement et aperçus Cameron, la tête dans l'herbe en train de ronfler paisiblement. Je mordis l'intérieur de mes lèvres pour ne pas éclater de rire. Une idée germa dans mon esprit et un sourire moqueur s'inscrivit sur mes lèvres, me valant un regard perplexe de la part de Léonie. Je lui adressai un coup d'œil confiant et me baissai doucement vers Cameron qui somnolait sereinement, un éclat de lumière rougeoyante sur la tête.

- He Cameron, pssst...

J'attendis qu'il entrouvre les paupières pour continuer.

- Je crois qu'il y a un Litzère par là-bas, murmurai-je en pointant du doigts un endroit vide.

Sa réaction ne se fit pas attendre, Cameron se leva en moins d'une demi-seconde.

- Où ? Où est cette chose ? s'exclama-t-il en tremblant.

J'haussai les épaules et le regardai avec mon sourire le plus hypocrite pendant que Léonie éclatait de rire. Il fronça son nez et nous tira la langue d'une façon tellement mature.

- Donc si récapitule, dis-je en me levant, j'ai déjà vu un Baëlon et...

- Oh ça oui et tu l'as vu de près, lança Léonie en se retenant de rire.

- De très près même ! continua Cameron, un fichu air malin accroché au visage.

Je lui donnai un coup de poing à l'épaule qu'il ne tenta même pas d'esquiver, en bon acteur il fit semblant de se tordre de douleur ce qui m'arracha un petit sourire. Tout en se levant, Léonie me tendit ma chouette que j'avais oublié par terre, cette dernière dormait toujours.

- Donc j'ai vu un Baëlon et un Litzère, c'est ça ?

Mes amis hochèrent la tête.

- Mais il n'y a qu'une seule sorte d'animal par allée ? demandai-je.

Cameron me regarda, surpris.

- Bien sûr que non ! s'exclama-t-il en riant. Les chemins continuent sur une vingtaine de kilomètres avant de se rejoindre pour former la forêt des Mécieux et il doit environ y avoir une dizaine de types d'animaux par sentier.

- Mais en général les trois-quarts des passants s'arrêtent à peu près au même niveau que nous, les animaux sont plus sauvages vers le fond, ajouta Léonie.

Ce zoo était vraiment différent de ceux de chez moi... Jamais je n'avais vu de parc aussi féerique et fantastique.

Nous arrivâmes enfin à la fin du sentier rouge, non sans avoir auparavant du éviter chaque Litzère que nous croisions : Cameron se mettait à crier comme un Baëlon et se cacher derrière Léonie dès que nous en rencontrions un.

Emma SiltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant