• 22 •

132 28 120
                                    

Je reculai vivement en voyant à qui j'avais à faire.

- Je... excusez-moi je vous ai confondu avec quelqu'un d'autre, je vais y aller.

- Je vais faire un bout de chemin avec toi alors, décréta Drys, un rictus accroché aux lèvres. En plus il fait nuit, ce serait dommage que tu te perdes non ?

Je levai les yeux au ciel et haussai les épaules d'un air désinvolte, mon cœur battait toujours en rythme et le nœud qui s'était formé dans mon estomac contrastait avec mon attitude nonchalante.

J'essuyai d'un geste rapide les larmes qui traînaient encore sur mes joues pour qu'il ne me pose pas de questions gênantes. Franchement, j'aurais préféré me perdre dans une forêt puis me faire dévorer par une bande de Baëlon que de rentrer avec ce malpoli.

De toute façon cette journée n'aurait pas pu être pire : j'étais arrivée en retard en cours d’Étude car Cameron avait décidé qu'il n'irait pas mais il n'avait pas daigné me préciser qu'il ne viendrait pas me chercher chez Alwis non plus, heureusement que je n'étais pas la seule retardataire car, n'ayant pas de Temporis je ne pouvais pas ouvrir le portail par moi-même. Lowine, quand à elle, s'amusait à me lancer des piques qu'apparemment j'étais la seule à entendre puisqu'elle affichait de grands sourires à Léonie et Cameron qui le lui rendaient et ce qui venait de se passer avec madame Mia n'arrangeait rien du tout, alors croiser Drys était maintenant la dernière des choses que j'avais envie de faire.

- Alwis m'attend alors ce n'est pas le peine, répliquai-je d'un ton froid.

Je lui tournai les talons et me mis en route, ignorant si l'ami du docteur me suivait ou non.

- Donc d'après ce que j'ai compris tu es nouvelle dans le village ? entendis-je soupirer derrière mon épaule.

- Oui et alors ? répondis-je d'un ton sec.

Apparemment il n'avait pas compris qu'en ce moment il n'était pas vraiment désiré et qu'il devrait plutôt faire profil bas : moi aussi je savais en lancer des piques à la madame Mia et je ne vois pas pourquoi je m'en priverais.

- Et si j'ai bien compris tu dois aller chez Alwis, et...

- Et quoi ? Oui tu as bien compris, je suis nouvelle et je vis chez lui pour l'instant cela te pose un problème peut-être ? lançai-je en lui faisant face, énervée autant par sa conversation inintéressante que par ma visite à la papeterie complètement ratée.

- A moi, non, mais si tu veux vraiment dormir chez lui ce soir tu devrais faire demi-tour car plus tu avances et plus tu t'éloignes de chez lui, rétorqua-t-il, avec un grand sourire hypocrite accroché sur son visage.

Une fois de plus, j'haussai les épaules, tentant tant bien que mal d'ignorer mes joues qui commençaient à ressembler à des radiateurs.

A la lumière des réverbères, je pus constater que du haut de sa vingtaine d'année, Drys avait gardé ses cheveux blonds, bien qu'ils soient un peu foncés sur le dessus. Voyant que je l'observai, il gratta sa barbe de trois jours et se racla la gorge.

- On va pas coucher ici quand même ? s'enquit-il en se mettant marche, me tournant impoliment le dos.

Je ne pus m'empêcher de soupirer, de plus en plus énervée par son caractère. Un petit sourire ne coûte absolument rien alors son humeur d'ours mal-léché il peut se la garder.

- Drys, pourquoi tu t'occupes de moi ? Je veux dire pourquoi tu ne contentes pas de m'indiquer la route et de rentrer chez toi ? demandai-je en le rattrapant.

- Je n'en sais rien moi... Peut-être parce que je vois bien que tu es complètement perdue, marmonna-t-il, ne s'attendant visiblement pas à une telle question.

Emma SiltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant