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Donnant une petite tape à une Miglamads volant trop près de ma tête à mon goût, je pris la parole pour la première fois depuis mon entrée dans la cuisine.

- Alors elles sont à votre service ?

- Oh non, certainement pas. Si elles sont ici c'est par choix et non par obligation.

Dommage que je n'ai pas eu ces créatures quand c'était mon tour de vaisselle à l'internat. Alwis regarda sa montre, sa Temporis.

- Emma, tu devrai te dépêcher d'aller te préparer. J'ai réussi à obtenir une séance d'initiation à la dernière minute spécialement pour toi, pour que tu puisses avoir ta pilule attitrée avant de rentrer à l'Académie mais si tu n'es pas prête dans un quart d'heure je vais devoir reporter la séance.

Je sortis de la cuisine en quatrième vitesse et me précipitai sur les vêtements. En passant, je jetai un coup d’œil vers les Miglamads qui finissaient de nettoyer la table, ce n'était pas très attirant quand même. Je pris les vêtements de Léonie et disparus dans la salle de bain, m'enfermant à double-tour au cas où une bestiole déciderait de me rejoindre par surprise. Je m'assis sur un tabouret et dépliai les vêtements : il y avait un jean noir, tout ce qu'il y avait de plus simple, un tee-shirt gris à manches longues à mettre sous un gilet, lui-même gris-clair. Sans oublier des sous-vêtements propres. J'adressai une prière muette à Léonie pour ce précieux cadeau.

L'appréhension me prise au moment où j'enfilai mon pantalon. Et si aucune pilule ne me correspondait ? Et si j'avais un pouvoir magique nul ? Après tout, mes parents n'avaient peut-être pas de pouvoirs magiques... Et si j'étais ici par erreur ?

Non et non. J'avais vu l'avion, donc j'étais une Estrall. CQFD. Je me regardai dans le miroir et finis de coiffer mes cheveux encore mouillés à cause de la douche.

- Emmaaaaa, on se dépêche là-dedans, s’exclama Alwis.

Je les attachai rapidement en queue de cheval et sortis de la salle de bain à une vitesse phénoménale, heureuse que les vêtements de Léonie soient quasiment à ma taille.

- Ah enfin te voilà propre.

Alors comme ça avant j'étais sale ? Je fis mine d'être vexée et Alwis éclata de rire en ouvrant la porte.

- J'avoue que ce n'était pas le plus beau des compliments à faire à une fillette de... de douze ans c'est ça ? fit Alwis en me regardant d'un air malicieux.

Je m'engouffrai dehors en courant non sans avoir donné, auparavant, une petite tape sur le bras d'Alwis. Sans grande surprise, des petits flocons de neige vinrent se déposer sur mes cheveux mouillés et mon amertume fondit aussi vite qu'une plaque de verglas.

- Tiens mets ça, dit-il en m'envoyant mon bonnet que je réceptionnai tant bien que mal, tu vas attraper froid sinon.

- Oh merci, il était où ? demandai-je en l'enfilant immédiatement.

- A ton avis ?

- Dans la machine à lav.... Les Miglamads ! m'exclamai-je voyant l'air taquin d'Alwis.

Souriant, il hocha la tête et nous nous mîmes en marche.

Tandis que nous marchions dans le silence, je ne pus m'empêcher de sentir mon ventre se nouer de peur. Et si je n'avais aucun pouvoir ? Et si celui que j'avais était complètement inutile ? Et si... En même temps avec des « si » on peu refaire le monde...

- Es-tu stressée ? me demanda gentiment Alwis.

Je secouai négativement la tête et affichai un grand sourire, en réalité j'étais complètement morte de trouille. Et si tout cela n'était qu'un rêve ? Je dois dire qu'il n'avait pas fallu beaucoup de temps pour me convaincre que j'étais dans un monde magique. Si ça se trouve j'étais encore à l'aéroport, par terre, après m'être reçue une coup dans la tête du voyageur et je délirais. Je tressaillis soudainement au contact d'un flocon qui avait réussi à s'introduire dans mon cou et qui continuait son trajet sous mes vêtements. Je pus en conclure que je ne dormais pas et que j'étais bel et bien vivante.

Emma SiltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant