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Mal.
Une odeur de brûlé.
Impossible d'ouvrir les yeux, ils étaient comme scellés l'un à l'autre.
Je tendis l'oreille, j'écoutai ce qui dissimulait derrière ce faux silence.

Mais je voyais noir, j'entendais noir.

- Elle va se réveiller ? demanda une voix nerveuse au loin.

- Je n'en sais rien, la magie ne répare que les dégâts superficiels je peux donc vous assurer que physiquement elle va bien mais mentalement... c'est une autre histoire, lui répondit son interlocuteur d'un ton qui se voulait probablement rassurant.

Un flot d'insultes fit échos à ses paroles.

J'inspirai puis j'expirais avant de faire une nouvelle tentative pour voir le jour, tentative qui, cette fois, fut fructueuse.

Je poussai un petit cri lorsque la lumière parvint à s'infiltrer jusque sur mon visage. Je tentai de rabattre le drap qui me servait de couverture sur ma tête lorsque je me rendis soudainement compte qu'il m'était impossible de me servir de mes bras ; ils étaient attachés par des crochets pour que je ne puisse plus bouger et, d'après ce que je ressentais aux jambes, elles étaient fixées elles aussi.

Je fronçai les sourcils mais pourtant il ne me semblait pas que j'étais emprisonnée quelque part : seulement quatre mur blancs comme neige ainsi qu'une fenêtre carrée m'entouraient.

- Il n'y a pas de potion miracle pour qu'elle se réveille, elle ouvrira les yeux seulement lorsqu'elle sentira qu'elle a récupéré assez de forces pour continuer parce que mine de rien, ce coup de folie lui a fait perdre énormément d'énergie.

Coup de folie ?

- Est-il possible qu'elle ne se... réveille pas ?

- C'est le cas pour soixante pour cent des personnes recevant ce genre traumatisme, lui répondit ce qui semblait être un médecin d'un ton désolé.

Mais quel traumatisme ?

- Je vais la voir monsieur, je reviens.

Des pas se firent entendre et, le cœur résonnant dans mes tempes, je fermai rapidement les yeux. J'entendis la porte grincer et un homme marmonner tout bas.

- Je vais la détacher parce qu'il est bien gentil celui-là mais si elle nous refait une crise pareil il ne faudrait pas qu'elle détruise le lit.

Joignant le geste à la parole, je sentis mes bras et mes jambes reprendre leur liberté. Je retins un soupir de soulagement et fis de mon mieux pour contrôler mon rythme cardiaque.

Au bout de quelques minutes j'entrouvris les yeux et pus constater avec tranquillité que ma chambre était déserte.

Je m'assis lentement sur le bord du lit car j'avais un mal de tête horrible et passai négligemment une main dans mes cheveux, à ma grande surprise, elle en ressortit avec quelques flocons de cendre dans le creux de la paume. En regardant bien, je remarquai que j'avais la même chose un peu partout sur moi. Je fronçai les sourcils pour tenter de me souvenirs d'où elle pouvait provenir et surtout ce qu'il s'était passé pour que je me retrouve dans cette chambre entourée d'inconnus mais je ne me souvenais pas de grand chose.

- Bon, je vais y aller, on ne peut plus rien faire pour elle maintenant, déclara l'étranger qui était entré dans ma chambre.

Plus qu'intriguée par la situation dans laquelle je m'étais mise, je descendis doucement du lit et m'approchai de la porte, tremblante comme une feuille mouillée.
Lorsque je sortis de la chambre, mon cœur fit une embardée et je retins mon souffle, je fus obligée de m'accrocher à la rambarde d'escalier en face de moi pour ne pas tomber tellement me retrouver dans cet endroit était intense et surprenant. Plus de doutes je savais où j'étais, je le savais même très bien.

Emma SiltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant