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Lorsque je vis Alwis s'accroupir et lever la main je fermai instinctivement les yeux, m'attendant au pire. Je sentis le sol s'ébranler et ressentit l'impression d'être dans un ascenseur, comme lorsque je faisais les magasins avec maman, mais d'ailleurs elle n'était pas censée être avec moi en ce jour ? Je croyais qu'il était « symbolique » pour les Estralls ? Apparemment pas pour tout le monde on dirait... Sentant les larmes me piquer les yeux, je me reculai pour sentir le dos de Cameron derrière le mien. Au moins, je n'étais pas seul.
Mince, Alwis m'avait dit de ne penser à rien.
Je tentai du mieux que je pouvais d'ignorer le stress et la peur qui formait une boule de bowling dans mon ventre. Pensons à rien, donc. Mais en fait si je pense à rien je pense quand même à quelque chose même si je pense juste à rien. J'entendis Cameron rigoler à voix basse.

- Emma, arrête de parler toute seule, chuchota-t-il.

Oups. Je souris dans le noir, enfin dans le noir de mes yeux parce que je ne savais pas si c'était vraiment noir dehors. Une forte envie d'ouvrir les yeux pour voir où je me trouvais s'imposa avec force dans mon esprit. Bon, après tout c'était juste un ascenseur, qu'est-ce que je risquais ? D'ailleurs, je sentais que la moitié du bol de chocolat que j'avais bu ce matin avant qu'il ne s'écrase par terre, victime de ma fantastique adresse, ne remonte et s'écrase sur le sol à son tour. Donc normalement, si j'ouvre les yeux là je devrais être dans une sorte de cage en métal gris, non ? Les paroles d'Alwis s'incrustèrent dans ma tête : « tu fermeras les yeux et tu ne penseras plus à rien ». Hum... bien sur. Mais pourquoi devrais-je faire ça ? Et pourquoi cet ascenseur mettait-il autant de temps à descendre C'était plus fort que moi, il fallait que j'ouvre les yeux. Je retins ma respiration et d'un seul coup ouvrit les yeux... Je restai perplexe face à ce qui m'entourait. Lorsque je sentis Cameron me presser la main je refermai les yeux aussi vite que je les avais ouverts. Je ne voyais absolument pas pourquoi Alwis tenait tant que ça à ce que je ne vois pas ce qu'il se passe dans l'ascenseur, enfin autour de l'ascenseur. Nous étions seulement dans une sorte de grande boite en métal transparent, je ne savais même pas que cela existait, donc je voyais les étages que nous descendions défiler sous mes yeux. Dans ces étages, des hommes travaillaient dans des grands bureaux, la seule chose bizarre était le fait qu'ils travaillaient dans le noir mais bon, chacun ses habitudes après tout.
Ca commençait réellement à m'ennuyer... Entre les recommandations inutiles, d'après mon point de vue, d'Alwis et ce fichu stress je n'arrivais pas à me détendre. Pour me calmer, ou du moins pour essayer, je respirai bruyamment ce qui me valait des petits rires moqueurs de la part de Cameron. Cela devait faire environ un quart d'heure que nous descendions dans les profondeurs de la Terre et je n'avais aucun signe de vie d'Alwis, j'entendais Cameron rire et soupirer de temps en temps mis à part cela nous étions dans le silence complet. Soudainement, une petite mélodie retentit dans l'ascenseur.

- Vous pouvez ouvrir les yeux les enfants, dit Alwis.

Ce que je fis instantanément. Je pus donc constater que l'ascenseur s'était arrêté dans une sorte de cage à l'intérieur foncé, de façon à ce que l'on ne voit pas sa transparence. Je rejoignis Alwis et Cameron qui étaient déjà sorti : je posai un pied hors de la machine, puis un second. J'avais la tête qui tournait et une affreuse envie de vomir, mais je me retins : ce jour était censé être important. Mais comment avais-je pu me trouver dans un ascenseur puisqu'à la base nous étions debout sur une croix rouge dans un champ en béton ? Je posai la question tout bas à Cameron puisque Alwis n'était pas censé être au courant que j'avais ouvert les yeux.

- En fait nous descendons sur une plaque de plastique imitation béton qui émet un signal lorsqu'elle rencontre le sol de l'ascenseur et là le plafond ce referme, chuchota-t-il.

Pas bête les Estralls quand même. Même si je ne voyais toujours pas pourquoi cet endroit avait besoin d'être protéger, ni pourquoi on devait fermer les yeux et ne penser à rien lorsqu'on était dans l'ascenseur.

Emma SiltonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant