Cadeau fait par ➵ enfant-minuit
Cadeau fait pour ➵ Kynells
Thème imposé ➵ L'espace***
Voilà exactement trois mois et cinq jours que j'ai mis le pied sur la station spatiale internationale. J'avais senti mon cœur remonter lors du décollage, et pendant un instant, je crus que mes os ne tiendraient jamais le coup. Quand nous avons brisé l'atmosphère, mon corps entier a paru s'abandonner, flotter. C'était tellement étrange cette sensation, et mes yeux ne pouvaient même pas la confirmer, car l'extérieur n'était visible que par le hublot qui était hors de ma portée. Je le vois mieux, aujourd'hui, l'extérieur. Mes émotions se mêlent et s'entremêlent en moi, et je ne me lasserais jamais de le regarder. C'est ma première sortie dans l'espace, dans ce costume qui est trop grand pour moi. « Tu verras, m'avais dit Noah, il est plus confortable qu'il en a l'air ». J'avais hoché la tête comme une enfant et avec de gros effort, la combinaison avait fini par recouvrir mon corps. Quand je l'ai enfilé, je pensais que je tomberai avec tellement la chose était lourde, mais elle ne pesait plus un gramme quand la gravité fut détruite. J'avais l'impression que chacun de mes globules rouges étaient en suspension dans mes veines, et come un fantôme, je glissais contre le métal de l'énorme station. J'étais reliée à un fin cordon, et lorsque la porte s'est ouverte, je me suis dit : « ma vie ne tiens plus qu'à un fil ». L'adrénaline alimentait mes mouvements, et j'étais partagée entre crainte et bonheur.
J'ai perdu toute notion du temps. Les minutes ne semblent pas exister ici, dans l'immensité céleste. Je crois que ça fais une bonne demi-heure que j'ai les yeux mouillés, à pleurer de peur et d'émerveillement. Au-dessous, s'étale ma planète. Une aura entière recouvre cette terre sacrée, et je perçois la fougue de ses océans, la violence de son ciel et les effluves de ses forêts. D'un côté, c'est la nuit. Les lumières des villes éclairent le monde, et s'étendent comme des mains qui ont les paumes ouverte. De l'autre côté, c'est le crépuscule, et les océans sont noyés dans les rayons de l'astre éternel. La Terre vit, sans un seul bruit. Tout est silencieux. Elle tourne muettement, d'un mouvement infini. Les bruits se percutent quand on a le pied sur son sol, et pourtant, avec un peu de recul, les cris et les exclamations se taisent, trop petites, trop faibles pour le grand reste.
Au-dessus et tout autour, s'illuminent les étoiles. Elles sont tout près. Elles me regardent, moi aussi, et elles regorgent d'espoir. Elles restent immobiles, et chacune d'entre elles brûle plus qu'une autre. Elles dessinent des formes, des courbes et des visages, tracent les traits d'autres mondes, s'ouvrent vers milles autres possibilités. Elles éclatent au cœur des nébuleuses, fleurissent au sein des galaxies, teignent le cosmos de leur couleurs merveilleuses. Elles comptent des histoires, les chuchotent aux êtres qui vivent et qui prennent le temps de les admirer.
Je m'accroche aux poignées du vaisseau, et un gloussement sort d'entre mes lèvres alors que je tente de me redresser. J'ai les pieds en l'air, et grâce aux fins barreaux d'une échelle, je surplombe la station. Je me dirige de l'autre côté, là où le halo lumineux de la terre ne m'éblouira pas. J'ai raison : une fois l'énorme globe de l'autre côté du métal de l'énorme machine, la lumière se fait plus rare. L'obscurité s'épaissit, et je suis dans les cieux, devant cette mer d'astres qui ont l'air de briller plus fort. Je retrace les constellations dans ma tête, des paumes de Pollux aux cheveux de la Cassiopée. La poussière blanche scintille, et là-bas, un peu plus loin, je reconnais mars et sa prestance rouillée. C'est le but de toute une vie, d'être arrivée ici, devant l'immensité elle-même. Et c'est encore plus beau que ce que j'imaginais. Pendant une brève seconde, je veux me perdre dans ce néant, me noyer dans cet océan qui semble sans aucune limite. Mes doigts se resserrent autour de la maigre barre de métal qui me raccroche au vaisseau, et je me laisse errer pendant de longs instants ainsi. Je pourrais rester ici des jours ; la beauté du cosmos n'est pareille à aucune autre, et ceux qui ne la voit pas ne regarde tout simplement pas assez bien.
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