Chapitre 25 - Dépression

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***

Le temps passait. Et Kaën ne s'en remettait pas. Deux mois étaient passés depuis la mort d'Hugo, et il dépérissait à vue d'œil. Ses parents étaient de plus en plus inquiets, et ils avaient contactés ceux du défunt petit ami de leur fils. Surtout qu'ils avaient peur que le brun ne se rende malade, car il ne cessait de vomir. A chaque fois qu'il se levait, il avait des vertiges et son estomac avait du mal à garder ce qu'il mangeait. Ses parents avaient voulu l'emmener voir un médecin, mais Kaën avait refusé catégoriquement, remettant ça sur le compte du contrecoup de la mort d'Hugo. Enfin... C'était le discours qu'il avait tenu il y a un mois et demi, maintenant sa mère lui avait obligé de sortir de sa tanière pour aller voir un médecin. En effet, le brun ne quittait plus sa chambre, son lit plus précisément, hormis pour aller aux toilettes, se laver une ou deux par semaine, et manger une tartine de pain quand le cœur y était. Sinon, il ne bougeait pas.

C'est donc contraint et forcé, que Kaën quitta sa couverture. Il enfila un tee-shirt et un pantalon au hasard, après avoir mit au préalable un caleçon, et prit ses chaussettes. Il les enfila également et se rendit dans l'entrée. Il passa ses chaussures et quitta le loft familial. Il quitta l'immeuble et, à peine avait-il posé un pied dehors, que la lumière du jour agressa sa rétine. Il pesta contre cela. Ils étaient au mois de Septembre, trop déprimé il n'avait pas reprit les cours, et pourtant il faisait aussi chaud qu'en fin Mai.

Il enfonça ses mains dans les poches de son jean et marcha jusqu'au cabinet où sa mère lui avait prit un rendez-vous. Il attendit dans la salle d'attente que ce soit son tour, et quand il vit qui était son médecin, il hésita à s'enfuir en courant.

« Monsieur Harris. » ; appela le docteur.

Kaën se leva et traina des pieds jusqu'au médecin, qu'il suivit jusque dans la bonne pièce. Le professionnel referma la porte derrière son patient et lui indiqua une chaise devant son bureau. Quant à lui, il prit place derrière celui-ci et examina l'adolescent du regard.

« Que t'arrive-t-il ? » ; demanda-t-il.

« Ma mère me harcèle parce que ça fait deux mois que je suis malade... » ; répondit Kaën du bout des lèvres.

Ses mains étaient toujours dans ses poches et son regard était fixé sur le bord du bureau du médecin.

« Depuis... Le départ d'Hugo ? »

Le brun serra les dents, sans ciller.

« Oui... » ; lâcha-t-il finalement.

« Quels sont tes symptômes ? »

« Le peu que j'mange, j'le vomis. J'ai mal à l'estomac et au ventre. Et quand je me lève après être resté assit ou allongé, j'ai des vertiges... »

« Tes vertiges peuvent s'expliquer facilement si tu ne manges pas beaucoup. Je pense que tu fais une petite déprime... »

L'adolescent ferma les yeux alors que ses poings se serraient au fond de ses poches.

« Tu sors de chez toi de temps à autres ? Pour voir du monde ? »

Kaën secoua la tête.

« Pour quoi faire ? J'ai aucun ami ici. J'avais juste... »

Il n'arrivait pas à dire son prénom. C'était trop tôt encore. Il rouvrit les yeux et vit le médecin hocher la tête. Il griffonna quelques mots sur une feuille blanche et la tamponna avant de la tendre à Kaën qui la prit.

« Merci. » ; marmonna-t-il.

Il se leva et le médecin le raccompagna jusqu'à la sortie. Mais avant de partir, il posa une main sur l'épaule du brun qui releva difficilement les yeux vers lui.

« L'enterrement d'Hugo est samedi, à 15h. Au cimetière du Saule Pleureur. Viens, si tu t'en sens capable. »

Kaën ravala ses larmes.

« On verra... » ; répondit-il, la voix cassée.

Il s'enfuit presque du cabinet pour oublier la triste réalité qui lui revenait dans la figure. Samedi marquerait vraiment la fin. Il marchait la tête tellement baissée, qu'il ne vit pas qu'une personne avançait dans son sens opposé, le visage dans une pochette cartonnée. Ils se percutèrent et tombèrent tous les deux sur le sol. Kaën pesta contre cette personne et allait lui dire sa façon de pensée, quand ses yeux rencontrèrent les siens. Deux orbes vertes. Pendant un court instant, il crut voir le fantôme d'Hugo. Mais ce n'était pas lui. Il était mort. Mort. MORT. Sans s'en rendre compte, il se remit à pleurer et le garçon en face de lui s'inquiéta.

« Je t'ai fait mal ? » ; demanda-t-il d'une voix douce.

Kaën secoua la tête, le corps prit de spasmes dut à ses sanglots. L'adolescent en face de s'approcha de lui, et hésita un instant avant de le prendre dans ses bras pour le consoler.

« M-merci. » ; bafouilla le brun, gêné.

« Y'a pas de problème. » ; sourit le garçon de sa voix douce.

Kaën sécha ses larmes et releva la tête vers cet inconnu aux yeux si envoûtants.

« Moi c'est Jay. Et toi ? »

« Kaën... »

« Kaën ? » ; répéta Jay. « Jamais entendu comme prénom. »

Le brun sourit tristement. Hugo lui avait dit exactement la même chose la première fois qu'ils s'étaient rencontrés... Il finit par se remettre debout et s'excuser au près du garçon.

« Je... Je dois y aller. » ; dit-il.

« Ok. A plus tard peut-être ? » ; sourit Jay.

Kaën se força légèrement à lui rendre.

« Ouais. »

Il s'en alla sans demander son reste, n'aidant pas ce pauvre garçon à ramasser ses affaires qui étaient tombées sur le sol quand ils s'étaient percutés.

Rien ne nous séparera [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant