Durant toute la durée de leur conversation, je me sentais comme une automate, je ne pouvais même plus bouger. Fayçal s'était fichu de moi, il voulait s'amuser et pendant que je jouais à l'amoureuse transie, tous ses amis étaient au courant de sa situation. Je me sentais salie, humiliée. Mais néanmoins, je me disais qu'il tenait un peu à moi. Il a quand même défié sa mère pour moi, il a préféré rester avec moi au lieu d'aller assister à l'accouchement de sa femme, il passe tous les weekends avec moi en laissant sa femme toute seule. Je n'étais pas trop fière de ses actes et j'étais vraiment partagée. D'un côté, je l'intéressais au point de passer avant sa famille, et d'un autre je me disais que c'était juste un salaud, qui me ferait surement la même chose qu'à sa femme s'il rencontre une autre fille plus jeune que moi. J'étais tellement anéantie. Il refuse de reconnaitre la grossesse, ce que je comprends car j'ai moi-même eu du mal à l'accepter. Je vais lui donner le temps de digérer la nouvelle et puisqu'il m'aime, il reviendra surement à de nouveaux sentiments. En attendant, je ne savais vraiment pas quoi faire. Arame est revenue vers moi pour me consoler.
- Ça va aller Nafy. Lève-toi et rentrons. Il faudra que tu sois forte.
- Il ne veut même pas me croire Arame, il m'a insultée, en me regardant droit dans les yeux. Je ne savais même plus quoi faire. Arame que vais-je devenir sans lui?
- Arrête de dire ce genre de bêtises. Dieu est là pour tout le monde, il te guidera. Tu vas t'en sortir. Si Fayçal doit revenir dans ta vie, il le fera, selon la volonté d'ALLAH. Aie la foi.
- Je ne sais plus où j'en suis Arame. Je n'en peux plus, je n'ai plus la force de me battre, je veux mourir Arame. Ce sera mieux pour tout le monde.
- Ne dis pas de bêtises. Rentrons.
Elle m'a aidée à me relever et à épousseter mes habits. Nous avons pris un taxi pour nous rendre chez moi. En route, Arame a mouillé des mouchoirs en papier avec sa petite bouteille d'eau Kirène, afin de me nettoyer le visage, les mains et les jambes. Je réfléchissais à toute vitesse à la façon dont j'allais me débrouiller pour disparaitre ou régler ma situation. Je ne pouvais juste pas l'annoncer à ma tante, sans que Fayçal n'accepte la paternité. Il fallait donc que je persévère, j'allais lui laisser le temps d'accepter mon état et de revenir.
Ma tante s'inquiétait aussi de mon retard, mais Arame lui avait déjà dit que j'étais chez elle et que tout allait bien. J'aurais aimé passer la nuit chez elle, mais Bathie me poserait trop de questions et je n'avais pas vraiment envie de lui confier les détails de ma vie. Arame non plus ne voulait pas que son mari soit au courant de mon état, donc nous étions sur la même longueur d'ondes. Nous évitions de parler dans le taxi, de peur de me faire craquer. Une fois devant la porte, Arame a payé le chauffeur et m'a remis les billets que Faycal m'avait lancés à la figure. Je n'en voulais pas, mais elle a insisté.
- Nafy, tu auras besoin de cet argent dans les mois à venir. Tu ne peux pas demander des sous à ta tante pour prendre soin de ta grossesse. Utilise cet argent en attendant que Fayçal revienne à de meilleurs sentiments.
- Tu n'aurais pas dû prendre cet argent Arame. Il a jeté ces billets à mon visage, comme si j'étais de la merde. Je ne peux pas lui pardonner tout ce qu'il m'a dit et fait. Il a détruit ma vie, il m'a humiliée.
- Je sais, et tu as raison. Mais donnez-vous du temps, il a l'air de vraiment tenir à toi. Il te reviendra et ne te casse pas la tête pour sa femme. Elle sait surement que son mari voit quelqu'un. Elle est musulmane, elle l'acceptera. Essaie d'avoir une mine normale, je vais entrer avec toi pour rassurer Nabou. Ça va aller.
Je ne disais rien, mais j'avais hâte d'être seule, dans ma chambre, pour laisser libre cours à mon chagrin. Ma tante était encore dans sa chambre, dans le noir, je n'eus pas besoin de me cacher. Arame l'a saluée sur le pas de la porte et est partie. Elle m'inquiétait un peu, et je ne savais vraiment pas ce qui la rendait si bizarre. Après le départ d'Arame, elle est venue dans ma chambre pour me confier ses inquiétudes par rapport à son mari. Elle était sûre qu'il voyait quelqu'un d'autre. Je trouvais l'idée absurde, mais me rappelant que Fayçal avait joué de la même façon avec moi, je décidais d'y accorder un brin d'importance . Tonton Seydou était fou de ma tante, ils n'avaient certes pas d'enfants, mais ils étaient encore jeunes et je ne voyais pas pourquoi il irait voir ailleurs. Elle m'a avoué qu'il passait du temps avec une jeune fille que sa mère avait choisie.
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Nafyssa: au carrefour des rêves brisés
Non-FictionC'est l'histoire d'une jeune fille assez naïve, qui a eu à faire beaucoup de choix regrettables. Je n'en dirais pas plus.... Follow me... ;)