Nafyssa: au carrefour des rêves brisés

Chapitre XXXV

J'étais fière de la voir, pas se rabaisser, mais reconnaitre ses torts.

- Il n'y a pas de soucis.

- Au moins, tu ne le prends pas mal, parce que je ne sais pas comment j'aurais réagi. J'adore ma mère et je respecte toutes les mamans. Ça m'a fait mal, car je ne règle pas mes problèmes de cette façon.

- Donc, je suis un problème pour toi?

- Tu menaces mon ménage, tu me mets en mal avec mon mari, ma fille ne voit plus son père, je ne reconnais plus mon homme, et la liste est encore longue. Donc, oui, tu es un problème Nafy.

Elle parlait d'une voix douce, et calme, comme si nous parlions d'un sujet insignifiant. Elle ne semblait pas être en colère, juste lasse. J'avais un peu honte de mon attitude, car je semais d'une certaine façon la zizanie dans son foyer.

- Saches que je ne voulais rien de tout ça. Je suis tombée amoureuse de Fayçal, sans le vouloir. Je ne souhaite pas briser ton foyer, je veux juste me marier avec lui comme prévu depuis le début.

- Je me suis posée plein de questions, tu sais. Je voulais comprendre ce que tu avais plus que moi, ce qui le retenait autant. J'en dormais plus. Est-ce que tu t'imagines à quel point c'est humiliant de ne pas voir son mari, et de ne pas pouvoir le joindre quand on veut?

- Je suis désolée de t'avoir causée autant de peines et de tourments.

- Non, tu n'étais pas la seule. Tu as disparue de sa vie du jour au lendemain, je ne m'inquiétais plus en ce qui te concernait.

- Tu veux dire qu'il a eu d'autres copines?

- Que veux-tu? Les filles dans ton genre adorent papillonner autour des hommes mariés. Il parait que ça vous fait plaisir de savoir que vous brisez le couple d'une autre femme. C'est une sorte de pouvoir en soi, je le reconnais.

Elle a levé les yeux de son assiette et m'a regardée dans les yeux. Je ne savais plus ou me mettre. J'avais tout à coup la gorge très sèche et du mal à avaler ma salive. J'ai pris le verre d'eau que le serveur avait posé devant moi, et ai bu une très grande gorgée.

Le serveur est revenu pour nous donner nos plats. Je n'avais plus faim, je voulais juste m'en aller. Je ne pouvais pas croire que Fayçal voyait d'autres filles après notre rupture. Il m'a juré qu'il était juste avec sa femme et n'arrivait pas à m'oublier. Yacine ne disait plus rien, elle avait le regard au loin, semblait absente. Je me suis inquiétée pour elle. Ironique, n'est-ce pas?

- Yacine, est ce que ça va?

Elle s'est tournée vers moi, a essayé de sourire, et a replongé sa fourchette dans son plat de steak. Nous avons mangé en silence. Je n'ai pas pu finir ma pizza, j'ai pris du coca, pour me désaltérer. Le restaurant s'était presque vidé. Yacine s'était excusée, et elle devait retourner travailler, afin, d'après ses dires à son arrivée. Mais elle ne semblait plus vouloir partir, ni être pressée.  J'ai fait mine de prendre mon sac et ça l'a sortie de sa rêverie.