Chaptre XIV

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Je ne lui ai pas laissé le temps de répondre. Je suis sortie de sa voiture en trombes et priais pour que mes larmes ne me trahissent pas devant mes collègues. Certaines faisaient d'ailleurs des commentaires sur le fait que j'avais de la chance d'avoir un copain si aimant et qu'elles étaient heureuses de nous revoir ensemble. Je ne savais même pas quoi répondre. Vers l'heure de la descente, il m'a envoyé ce message.

- "Je ne suis pas venu à ton lieu de travail pour rien, j'aurais pu t'appeler et te demander de descendre. Mais je voulais que tu saches que si tu continues de me chercher, tu finiras par me trouver. Je pourrais venir te remettre les points sur les « i » à ton boulot, et je sais à quel point tu tiens à ton image. Ne me pousse pas à bout Nafy."

C'était une menace à peine déguisée, je me demandais s'il fallait vraiment la prendre au sérieux. Il s'agissait de Fayçal quand même, nous avons été plus que proches donc je ne vois pas pourquoi il m'humilierait devant des inconnus. Il voulait que je le laisse tranquille, mais j'avais besoin de me battre encore. Tant qu'il me resterait du souffle, je me battrais pour mon fils.



Pendant presque 10 jours, je me retenais à cause des conseils d'Arame. Elle me disait qu'il fallait trouver une solution pour annoncer la nouvelle à ma tante et à mes parents. Elle me demandait d'avoir un peu de fierté et de vergogne, car Fayçal voulait juste une jeune fille avec qui s'amuser en attendant le retour de sa femme. Elle ne voulait plus que j'essaie de le recontacter, ni de lui parler de mes états d'âmes, elle disait que ce n'était pas bon pour le bb. Ses paroles me blessaient énormément, et en imaginant qu'elle n'avait pas trop tort, je me sentais comme de la merde. Je me suis mise à divaguer, à me rappeler de nos bons moments, des nuits que je passais avec lui, des soirées, des diners, des sorties. Je ne pouvais pas me résoudre à perdre cet homme, pour qui je m'étais tant investie émotionnellement. C'était trop facile. Il m'avait interdit de lui envoyer des messages nous concernant, je décidais donc de lui envoyer un email, en lui ouvrant à nouveau mon cœur. J'y ai mis en pièces jointes 6 photos de nous deux, 4 dans différents restaurants et 2 que j'avais prises quand nous avions passé la nuit ensemble. Il était tout mignon et vulnérable dessus et me tenait dans ses bras, nous allions si bien ensemble. C'était 2 photos naturelles, montant un amour sincère. Comme message, j'avais juste mis qu'il me manquait de passer ce genre de moments avec lui et que j'avais espoir qu'il finirait par revenir à de meilleurs sentiments et m'épouser. Je lui laisserais le temps qu'il faudra, mais je n'accepterais jamais de le laisser partir.

J'ai encore attendu pendant un bon moment, sans avoir de ses nouvelles. Je commençais à me dire qu'Arame n'avait peut-être pas tort en fin de compte. Il m'était difficile d'accepter que j'avais perdu, mais je devais faire face à la réalité. Fayçal ne voulait plus de moi.

J'avais l'impression que mon ventre se voyait, malgré toutes les précautions que je prenais. J'ai alors décidé de ne plus aller au stage et de dire à tout le monde que je n'avais plus d'intérêt pour la fonction, et que j'aimerais plus me concentrer sur ma maitrise. Tonton Seydou était un peu peiné, car il a eu du mal à me le trouver, mais il comprenait mon point aussi. J'ai appelé le patron pour le remercier et lui dire que j'avais changé d'avis et que je désirais suivre les cours du jour pour ma maitrise. Je devais aussi trouver le moyen de parler de mon état à ma tante avant le début de l'année et il ne me restait plus trop de temps. Les cours allaient débuter à la mi Octobre, et je serai à 5 mois de grossesse. Je n'avais plus de courage, plus de forces, et je ne voulais surtout pas être jugée. Je devais au moins avertir Nabou, en lui expliquant les détails, elle pourrait me cacher et je pourrais ensuite donner l'enfant en adoption. Il était hors de question que mes parents soient au courant. Sur cette pensée positive, je décidais de me reposer, de dormir un peu.



Nafyssa: au carrefour des rêves brisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant