Chapitre XXII

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Je ne savais vraiment pas quoi penser de sa phrase. Je restais là , allongée, les jambes toujours écartées, le souffle court, supportant tant bien que mal mes douleurs. Saly a soulevé ma tête, afin de se lever et j'ai été déboussolée pendant un moment. Elle a remis un oreiller à la place et a rabaissé ma robe. Pendant ce temps Mame Dior et son ami rangeaient la bassine et toutes les affaires qui traînaient dans la chambre. J'avais froid tout d'un coup, malgré la chaleur étouffante. Je n'étais plus sûre de rien. J'étais presque à terme et je n'avais pas encore décidé si j'allais laisser mon enfant avec Saly ou si j'allais repartir avec lui à Dakar. Je m'étais attachée à lui, il me faisait tellement de bien, que je ne pensais pas être capable de me séparer de lui. J'ai passé le reste de cet après-midi à pleurer et me lamenter. J'étais perdue. Mame Dior m'a regardée pendant un long moment, et a secoué sa tête vigoureusement. Elle semblait tellement lasse. Son amie s'est assise sur la natte, à mes côtés afin de me consoler. J'étais juste épuisée. Je n'ai même pas voulu diner, j'ai juste bu un peu de lait accompagné de thiéré. Avant de m'endormir, je n'ai pas pu m'empêcher de rallumer mon téléphone et de regarder les photos que j'avais faites avec Fayçal. Non, je n'arrivais pas à l'oublier, et oui, j'étais toujours amoureuse de lui, folle amoureuse. Nous allions si bien ensemble, pourquoi avait-il fallu que tout aille de travers?

Parfois je me demandais ce qu'il se serait passé si je n'étais pas tombée enceinte. Il avait dit que notre mariage n'aurait pas duré, car il me désirait seulement. Mais je n'arrive pas à le croire. Pourquoi demanderait-il de mes nouvelles à Iba tout le temps? Il devrait se réjouir de ma disparition, ça réglait tous ses problèmes. Je ne risquais pas de réapparaitre et de briser son couple. Fayçal est juste énigmatique. Je crois qu'il tient à moi, sans vraiment connaitre la nature de cette affection. Peut-être ne le saurais-je jamais.. Qui sait? J'ai éteint le téléphone, en me rendant compte du nombre de messages et d'appels en absence. Arame avait dû leur remettre le nouveau numéro. Quelle partie dans «  foutez moi la paix»  ne comprenaient-ils pas?  Je parle surtout de Nabou. Elle n'avait pas voulu m'écouter et là, elle jouait à la femme inquiète. Ça me mettait tellement en colère. Elle ne voulait plus de moi et je me suis barrée, elle m'a demandée de me suicider, je ne suis pas prête à laisser mon enfant seul. Mais ne devrait-elle pas me lâcher la grappe, maintenant que j'ai disparu de sa vie? Je me suis endormie sur ces pensées assez troublantes.

Le lendemain, je me sentais un peu mieux, je n'avais pas eu de douleurs dans la nuit. Je me suis levée pour aller aux toilettes, j'y allais fréquemment depuis le 6e mois de grossesse et ça m'empêchait de bien dormir parfois. En revenant dans la chambre, je me suis rallongée et rendormie. A un moment, j'ai cru sentir Saly se lever et sortir de la chambre. Elle est tellement matinale. Elle allait sûrement balayer la cour ou préparer le petit déjeuner (fondé ou bouillie de mil). J'étais toujours allongée sur le lit et ne voulait pas me lever. J'étais paresseuse. A quoi bon? Il était trop tôt, il était peut-être 6h ou 7h moins. En ouvrant les yeux, j'ai senti un mouvement derrière moi, et une odeur familière m'a taquinée les narines. Je me suis retournée brusquement et ai cru voir cette personne... Non ce n'était pas possible, j'étais en train de faire un cauchemar.

La personne s'est levée de sa chaise et s'est approchée de moi. L'odeur de son parfum m'a submergée. Je n'en revenais pas. Elle a voulu me dire quelque chose, mais ses sanglots l'en ont empêchée. C'est quand son image est devenue floue, que j'ai compris que je pleurais aussi. Elle m'a touché le visage et est descendue vers mes épaules pour rajuster ma camisole.

- Nafy, balma. Pardonne-moi ma chérie. J'aurais dû être plus attentive et compréhensive. Je t'en prie. Je regrette tellement de choses. Nafy, parle-moi.



- Yow rek yama desser wone. Sama yakkar yeup nekkeu si  yow, nga dakkeu ma ni khathie, melni duma sa deret .( Je n'avais que toi Nabou. Je reposais tous mes espoirs sur toi, et tu m'as renvoyée comme une malpropre, comme si je n'étais pas de ta famille.)



Nafyssa: au carrefour des rêves brisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant